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10 Ile Maurice (Maurice)

(Monique Bernal, Delphine Cado, Armelle Christin, Thibaut Thierry)

Maurice est un état insulaire d’Afrique australe, il est situé dans l’océan Indien à l’est de Madagascar. Maurice a une superficie de 1 865 km2 et de 2 040 km2 avec ses dépendances : îles Rodrigues, Agaléga et archipel de Saint-Brandon (Encyclopédie Larousse en ligne, s.d)

La population de Maurice est estimée, en 2019, à 1 265 000 habitants (Encyclopédie Larousse en ligne, s.d), sa densité est très élevée (environ 630 habitants au km2), sa capitale est Port-Louis et la monnaie nationale est la roupie mauricienne (1 dollar canadien = 32,18 roupies mauricienne). La population est multi-ethnique, environ deux-tiers est indo-mauricienne, elle est aussi chinoise, africaine, malgache et européenne (britannique et française). On estime, en 2020, le nombre de créoles à 250 000 (Encyclopédie Larousse en ligne, s.d).

Maurice n’a pas de langue officielle de jure (inscrite dans la Constitution), cependant, la langue officielle de l’Assemblée nationale est l’anglais, la Constitution est écrite en anglais et les organismes gouvernementaux fonctionnent en anglais (Wikipédia, 19 décembre 2022). L’anglais est donc considéré, de facto, comme la langue officielle, le français et le créole sont couramment utilisés (Wikipédia, 19 décembre 2022).

Maurice est une démocratie parlementaire avec un Président de la République qui est le chef de l’état et un Premier ministre qui est le chef du gouvernement.

D’abord, principalement agricole par la culture de la canne à sucre, l’économie de la République de Maurice, s’est diversifiée dans les secteurs touristique, manufacturier et financier pour devenir l’une des plus performantes d’Afrique (Banque Mondiale, 11 octobre 2022).

Histoire

Maurice est découverte au Moyen-Âge par les Arabes, au début du 16ème siècle, les Portugais y prennent pied et s’en servent comme escale (Toussaint, 1971). En 1598, les Hollandais s’y installent avec des esclaves d’origine africaine et nomment l’île Mauritius en l’honneur du stathouder Maurice de Nassau (Toussaint, 1971).
La France prend possession de l’île en septembre 1715 et la rebaptise « l’Isle de France ». La piraterie est, alors, très présente dans la région, l’île Maurice devient une base qui sert à sécuriser les échanges commerciaux de la France vers les Indes orientales (Wikipédia, 27 novembre 2022). En 1721, la France change de politique et confie l’administration de Maurice à la Compagnie française des Indes orientales qui la colonise en y installant des colons, un prêtre et des esclaves. Le créole mauricien contient de nombreux mots d’origine sénégalaise, comorienne et de Madagascar, il se développe entre 1721 et 1769 par les échanges entre les colons et les esclaves originaires de ces pays (Wikipédia, 27 novembre 2022).

En 1735, le comte Mahé de la Bourdonnais est nommé gouverneur général, il installe son quartier général et fait construire un port à ce qui deviendra Port-Louis (Toussaint, 1971). En 1767, Pierre Poivre devient intendant des iles de France et de Bourbon, il développe l’île et y installe notamment l’imprimerie royale de Port-Louis (Wikipédia, 27 novembre 2022). Les premières bibliothèques privées se développent à cette époque, elles sont le fait de riches colons bibliophiles comme La Société d’Émulation Intellectuelle et La Société Littéraire de l’Ile Maurice qui existent en 1805 (Ramjaun, 1997).

Les Britanniques capturent Maurice le 3 décembre 1810 et consentent à ce que les colons puissent garder leurs lois, coutumes (dont la langue française) et religions. En 1832, l’anglais devient la langue officielle de l’administration, toutes les communications entre les Mauriciens et les services gouvernementaux se font en anglais.

Le 1er février 1835, l’esclavage est aboli et créé une pénurie de main d’œuvre notamment pour la culture de la canne à sucre. Le gouvernement anglais a alors recours à l’immigration de travailleurs indiens, entre 1835 et 1907, plus de 451 000 indiens, selon Bernard Lehembre (1984), sont engagés. En 1901, Maurice a 371 000 habitants dont 259 000 indo-mauriciens.

Pendant l’ère coloniale britannique (1810-1968), les premières bibliothèques publiques se développent : la bibliothèque de la municipalité de Port-Louis en 1851, la bibliothèque de l’Institut de Maurice en 1902, la bibliothèque de Carnégie en 1917, la bibliothèque de la municipalité de Beau-Bassin/Rose Hill en 1946, la bibliothèque de la municipalité de Quatre Bornes en 1948, la bibliothèque de la municipalité de Vacoas Phoenix en 1966 (Ramjaun, 1997).

Maurice déclare son indépendance, par l’adoption d’une nouvelle constitution le 12 mars 1968. Le 12 mars 1992, Maurice devient une République avec l’abolition, par le Parlement, de la monarchie. Maurice reste un membre du Commonwealth.


Types de bibliothèques

Bibliothèque nationale de Maurice

La Bibliothèque nationale (BN) de Maurice a été créée par le gouvernement en vertu de la loi de 1996 sur la bibliothèque nationale (loi no 32). Inaugurée en décembre 1999, elle a été officiellement ouverte au public en janvier 2000, à Port-Louis, à Maurice.

Elle héberge 650 000 documents (livres, photos, journaux, manuscrits) et constitue la principale ressource documentaire de la nation, elle inclut également les Archives nationales au titre du dépôt légal. Dans les faits, les locaux qui hébergent les Archives nationales ne sont pas situés au même endroit que la Bibliothèque nationale mais dans la ville de Coromandel. La BN est pour sa part installée au premier étage et deuxième étage du Fon Sing Building à Port Louis, une installation jugée « étriquée » qui devait être temporaire et perdure depuis vingt-trois ans (Le Mauricien,12 août 2020). En août 2020, un incendie s’est déclenché dans l’immeuble dont le rez-de-chaussée est principalement constitué d’échoppes et de restaurants, l’émoi causé a relancé la question d’une véritable structure pour la Bibliothèque nationale. Dans un entretien accordé au journal Le Mauricien le 12 août 2020, Yves Chan Kam Lon (ex-directeur de la BN) insiste sur la position particulière de la BN qui est celle d’une « institution qui conserve la mémoire collective de l’île, pas une bibliothèque publique ». Maurice ne peut toutefois assumer seule les coûts très élevés de la construction d’un nouveau bâtiment regroupant les Archives nationales et la BN, et dépend donc d’investisseurs extérieurs. Il avait été question de l’aide de la Chine mais c’est désormais celle de l’Inde qui est attendue pour la mise en œuvre d’un projet conçu en 2019 et budgété à treize millions de dollars américains, soit 517 millions de roupies mauricienne (Rs) (L’Express, 18 février 2021). Cet édifice unique de quatre étages recouperait au rez-de-chaussée et au premier étage la BN et les Archives nationales pour les deux autres étages pour une surface totale de 6 000 mètres carrés.

En attendant ce nouveau « Green IT concept building » (Ion news, 23 février 2021) la BN s’est lancée dans plusieurs chantiers de modernisation ces dernières années. En 2019, elle a entamé un processus de numérisation, « pour sauver plus de 1,6 million de documents dont ceux datant de 1777 » (Défimédia.info, 24 février 2021). Le 9 février 2021, la Bibliothèque nationale a également inauguré son nouveau site web (http://www.national-library.mu/) offrant une plateforme plus rapide, plus conviviale et permettant de nouvelles fonctionnalités. Ainsi, une nouvelle rubrique « Ask a librarian » offre la possibilité aux usagers d’adresser des requêtes pour lesquelles la BN s’engage à apporter une réponse dans les cinq jours ouvrables (Le Mauricien, 20 février 2021).

Bibliothèques publiques

En 1997 on recensait quinze bibliothèques publiques dont six sous l’égide du ministère de l’Éducation, Éducation Tertiaire, Science et Technologies, six dirigées par les autorités locales, deux par des ambassades étrangères et une par le ministère de l’Art et de la Culture (Ramjaun, 1997). Depuis plusieurs ont dû fermer : en 2017 l’IFLA n’en comptait déjà plus que treize (IFLA, 2017). En 2020, c’est deux bibliothèques municipales de Quatre-Bornes qui cessent de fonctionner suite au manque de fréquentation, dont la médiathèque Sir Satcam Boolell, inaugurée seulement en 2006. Parmi celles encore ouvertes, certaines doivent réduire leurs heures d’ouverture, comme celle de Port-Louis, ou diminuer leur budget d’acquisition (Groëme-Harmon, 9 octobre 2020).

La plus ancienne bibliothèque publique administrée par le ministère, est celle de Rose-Hill, ouverte en 1952. Suite à sa popularité et pour servir un plus large public, plusieurs autres sont créées pendant les années quatre-vingt. Actuellement, cinq sont encore ouvertes : à Grand Bay, Goodlands, Rose Belle, Mahebourg et Rivière des Anguilles, celle de Rose-Hill étant fermée temporairement depuis 2021. Il y a peu d’information disponible sur leurs activités et services. La page qui leur est dédiée sur le site du ministère de l’Éducation est très succincte. Il est indiqué qu’elles proposent des livres pour adultes et enfants, sur une variété de sujets, que les lecteurs peuvent emprunter pur une durée d’un mois. Elles possèdent aussi des livres de référence, consultables sur place. Elles sont payantes : pour pouvoir emprunter, les usagers de tout âge doivent souscrire à une carte de membre annuelle (ministère de l’Éducation, Éducation Tertiaire, Science et Technologies, s.d.).

Parmi les autres bibliothèques publiques d’importance, il y a la médiathèque de l’Institut Français (dépendante de l’ambassade de France), en rénovation mais qui continue de fournir ses services aux abonnés via une culturethèque en ligne et un van-médiathèque (Institut Français Maurice, s.d.). Ainsi que la bibliothèque Carnégie, institution plus que centenaire, mais dont le fonds inestimable est menacé de décrépitude et souffre de mauvaises conditions de conservation. (Le Mauricien, 17 juillet 2017)

Bibliothèques scolaires

En 2017, l’IFLA recense 108 bibliothèques scolaires. Elles sont gérées et administrées par le Library Cadre Section sous l’égide du ministère de l’Éducation, Éducation Tertiaire, Science et Technologies. Leur rôle est de s’assurer que chaque établissement ait son propre service de bibliothèque et d’information, avec du personnel qualifié (ministère de l’Éducation, Éducation Tertiaire, Science et Technologies, s.d.). Toutefois, elles ont longtemps été négligées et ont manqué de moyens : en 1997 seulement un tiers des bibliothèques du secondaire dans les systèmes publics étaient fonctionnelles, tandis que celles dans les écoles primaires étaient rudimentaires (Ramjaun, 1997). Il faut attendre 2020, pour que le ministre des Finances alloue un budget pour l’aménagement de bibliothèques dans les écoles primaires et prévoit une amélioration des infrastructures au secondaires et le recrutement de 257 Library Officers.

En 2021, la Mauritius Library Association, alarmée par un rapport de la Banque Mondiale et du Mauritius Institute of Education relevant une baisse du taux d’alphabétisation de la population, fait part de ses recommandations au ministère de l’Éducation. Soulignant le rôle de la bibliothèque dans le développement des élèves, elle réclame une formation pédagogique pour les bibliothécaires du secondaire et les futures recrues dans les écoles primaires. L’association demande également un aménagement réfléchi des locaux avec des meubles, du matériel technologique, de la ventilation et de la décoration adaptée à l’âge des élèves (Le Mauricien, 29 septembre 2021). Au-delà du manque de moyens, les bibliothèques des établissements privés font face à d’autres problématiques : en 2022, la MLA adresse une lettre de griefs à la direction de la Private Secondary Education Authority (PSEA), copiée au ministère de l’Éducation. Elle y expose les difficultés du personnel des bibliothèques dans les collèges privés gérés par la PSEA, auquel on demande des services au-delà de leurs prérogatives, comme des tâches administratives pendant leur temps libre ou le remplacement d’enseignants absents. Elle dénonce une non-conformité avec leurs conditions d’emploi et un risque d’abus (L’express, 4 avril 2022).

Bibliothèques académiques et universitaires

En 2017, l’IFLA dénombrait dix bibliothèques académiques. La bibliothèque de l’Université de Maurice, fondee en 1971, rassemble des sujets tels que la technologie, l’agriculture, la gestion et le droit, les sciences sociales et humaines. La bibliothèque de l’Institut mauricien de l’éducation (1973) est reconnue en matière de programmes et de pédagogie éducative, tandis que l’Institut Mahatma Gandhi (1976) conserve des documents relatifs aux sciences sociales, aux sciences humaines et à l’histoire, aux belles-lettres, à l’Orient et à l’Occident (Ramjaun,1997).

Toujours selon l’IFLA, seulement trois de ces bibliothèques fournissaient un accès internet en 2017. La bibliothèque de l’Université de Maurice a lancé sa plateforme numérique en 2017, permettant un accès aux ressources en ligne en tout temps. L’idée était de faciliter les travaux de recherche des étudiants, mais également d’en rendre disponible l’accès à d’autres universités et à la population mauricienne, moyennant un paiement. L’objectif de cet investissement était de démocratiser l’accès à l’information et au savoir pour le public (Le Mauricien, 9 novembre 2017). D’autres sont également ouvertes au public qui serait intéressé par leurs collections spécifiques, comme la bibliothèque de l’Institut Mahatma Gandhi, spécialisée en Langue et Culture depuis 2014 (Le Mauricien, 1er juillet 2014), ou encore la bibliothèque Père Raymond Zimmermann, de l’Institut Cardinal Jean Margéot, spécialisée en théologie (Le Mauricien, 9 novembre 2013).

Bibliothèques spécialisées

Maurice dispose également de bibliothèques spécialisées, desservant leur clientèle respective, telles que : la bibliothèque de l’Institut de recherche sur l’industrie sucrière mauricienne, la bibliothèque de la cour suprême, la bibliothèque de l’Assemblée mauricienne et les bibliothèques de divers ministères et organisations gouvernementales (Ramjaun, 1997). Certaines sont ouvertes au public, comme La Médiathèque de l’Alliance Français, dédiée au développement de la langue française, qui propose des activités et l’accès à une collection de 30 000 ouvrages (Alliance Française de Maurice, s.d.)

Bibliothèques communautaires

Pour pallier le manque de fonds alloués par le gouvernement, certaines entreprises privées conscientes du rôle des bibliothèques auprès de la population, financent des bibliothèques communautaires. En 2016, l’engagement de l’opérateur Emtel auprès de plusieurs communautés a permis l’ouverture de cinq bibliothèques. Lors d’une inauguration, l’entreprise souligne l’importance d’avoir accès à internet, à des livres et à des activités d’alphabétisation (Le Mauricien, 25 février 2016).

Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques

Selon la National Library of Mauritius, la profession de bibliothécaire est bien réglementée et personne ne peut occuper le poste de bibliothécaire à moins d’être professionnellement qualifié. Le bibliothécaire doit détenir au moins un diplôme en bibliothéconomie ou en sciences de l’information de niveau universitaire (National Library of Mauritius, 2022). Au niveau professionnel pour un poste de bibliothécaire ou de bibliothécaire principal, il faut au moins être titulaire d’un diplôme de niveau universitaire en sciences de l’information des bibliothèques (National Library of Mauritius, 2022). Au niveau technique, pour un responsable de la bibliothèque ou un responsable des bibliothèques, il faut être titulaire d’un diplôme en sciences de l’information des bibliothèques. Pour le personnel de soutien, il faut un certificat en bibliothéconomie ou en sciences de l’information pour être commis de bibliothèque ou commis de bibliothèque principal.

En 2022, aucune université, institution ou école à Maurice n’offre de cours qui mène à un baccalauréat ou une maîtrise en bibliothéconomie ou en sciences de l’information. Les étudiants et étudiantes qui veulent obtenir une éducation en sciences de l’information doivent étudier à l’étranger ou s’inscrire à des cours donnés de façon virtuelle. Tout de même, le cadre éducatif anglophone des sciences de l’information et des bibliothèques à Maurice tente de régulariser le milieu depuis plusieurs décennies. Selon Ibrahim Ramjaun, bibliothécaire et vice-président de la Library & Information Association Mauritius, le cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques a longtemps été absent (Ramjaun, 2013). En 1978, la University of Mauritius lance un cours à temps partiel en bibliothéconomie pour les assistants en bibliothèques. Cette université trouve les fonds auprès de la International Development Research Centre of Canada (Ramjaun, 2013). Ce cours mène à un certificat intitulé « Certificate in Library Studies » qui est donné pour la dernière fois en 1995 (Ramjaun, 2013). Les titulaires du certificat en bibliothéconomie de la University of Mauritius manifestent leur besoin d’améliorer leurs compétences et leurs connaissances afin de pouvoir aspirer à des postes plus élevés tels que documentaliste et bibliothécaire (Ramjaun, 2013). De 1993 à 2009, l’Université de Maurice propose un diplôme à temps partiel de deux ans en sciences de l’information et en bibliothéconomie. La réussite du diplôme ouvre les portes à devenir paraprofessionnel ou bibliotechnicien (Ramjaun, 2013). La plupart du personnel des bibliothèques des lycées et des centres de documentation des différents ministères obtiennent ce diplôme (Ramjaun, 2013). Après un certain nombre d’années de service en tant qu’agents de bibliothèque, les titulaires du diplôme peuvent être promus au rang d’agents principaux de bibliothèque (Ramjaun, 2013). En 1993, le ministère de l’Éducation signe un accord avec l’Université Napier d’Édimbourg en Écosse conjointement avec le Mauritius College of the Air, pour offrir le certificat supérieur en bibliothéconomie et sciences de l’information soit un cours à temps partiel et à distance principalement destiné au personnel des bibliothèques des écoles secondaires publiques et privées (Ramjaun, 2013). Ce certificat reçoit le même statut que le diplôme, c’est-à-dire que les titulaires peuvent aspirer à devenir bibliothécaires et bibliothécaires principaux. Le cours cesse d’être offert en 1998 (Ramjaun, 2013). En 1997, la Library Diplomates Association (LDA) est fondée et cette dernière fait pression en faveur d’un cours à distance à Maurice menant au baccalauréat ès arts (Ramjaun, 2013). Un accord de partenariat a été signé entre l’université australienne Charles Sturt de Nouvelle-Galles du Sud et l’université de Maurice pour la gestion conjointe d’un programme d’une période de trois ans (Ramjaun, 2013). Le lancement du Bachelor of Art in Library and Information Science débute en 1999 et s’interrompt en 2008 (Ramjaun, 2013). En 2022, la Open University of Mauritius présente sur son site web un diplôme et un certificat à distance en Library Science Information, qualifications toutefois inaccessibles, car il n’y a aucune possibilité d’inscriptions (Open University of Mauritius, 2018). De nos jours, l’offre des cours en sciences de l’information à Maurice semble inactive.

Association de bibliothèques

En premier lieu, il existe l’association de la Library and Information Association Republic of Mauritius. L’association LIA créée en 2008 regroupe des bibliothécaires professionnels et du personnel paraprofessionnel comme les techniciens et techniciennes qui travaillent dans le milieu des bibliothèques et de l’information à Maurice (LIA, s. d.). Toute personne qui détient un diplôme universitaire ou toute qualification supérieure en bibliothéconomie ou en sciences de l’information est éligible à devenir membre (LIA, s. d.). La LIA représente et fait la promotion des intérêts des professionnels et paraprofessionnels dans le domaine de la bibliothéconomie et des sciences de l’information à Maurice par l’organisation d’activités de sensibilisation et de promotion, d’ateliers et de conférences, par la publication d’infolettres et par l’offre d’un programme de développement professionnel en continu. L’association donne accès à un réseau d’interaction entre les membres de la profession grâce à la création d’un forum en ligne (LIA, s. d.). La LIA permet la création, l’exploitation et le partage des connaissances et favorise un accès à la fois à l’information et au savoir. Elle encourage le développement professionnel par la publication de revues et autres travaux de recherche de ses membres. De plus, la LIA établit des réseaux avec des organisations professionnelles similaires dans d’autres pays afin de partager les connaissances et les pratiques au profit de tous les travailleurs et travailleuses des bibliothèques (LIA, s. d.).

En deuxième lieu, il y a la Mauritius Library Association qui est ouverte à toutes les catégories d’employés des bibliothèques (MLA, s. d.). Les membres travaillent dans les écoles secondaires, les bibliothèques municipales, les universités, la Bibliothèque nationale, la Mauritius Institute of Education, les unités de documentation et les bibliothèques publiques (Karghoo, 2020). La MLA est fondée en 1973 et elle est la première association des employés de bibliothèques de Maurice (MLA, s. d.). Elle agit comme la voix des professionnels dans le secteur de la bibliothéconomie et des sciences de l’information à Maurice (MLA, s. d.). Gheerishsing Gopaul, bibliothécaire et président de la Mauritius Library Association, est porte-parole et représentant de l’association auprès des médias (Karghoo, 2020). La MLA offre à ses membres une vitrine d’offres d’emploi à combler en éducation, en bibliothéconomie et en alphabétisation à Maurice, des journées de formation, des réunions annuelles et des conférences (MLA, s. d.). Par exemple, la MLA a organisé le 21 avril 2022 une session d’information pour ses membres ayant pour thème « Books in this tech-savy world » dans le contexte de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur (MLA, s. d.). La MLA a un objectif parfois revendicateur lorsque l’association s’implique activement dans les décisions gouvernementales en ce qui a trait aux bibliothèques, à l’éducation et à l’alphabétisation (Karghoo, 2020).

En troisième lieu, il existe aussi le regroupement de l’Association of Professional Librarians qui est ouverte aux professionnels de l’information avec un diplôme universitaire (APL, 2022). La plateforme de l’APL se trouve uniquement par l’intermédiaire d’une page Facebook officielle. Cette page partage du contenu public ayant pour objet la communication professionnelle à savoir l’échange d’idées, de nouvelles et d’activités (APL, 2022). En 2019, l’association a publié sa liste des membres du bureau et la présidente est madame Veena Suggoona, commis en bibliothèque à la National Library (APL, 2022).

En dernier lieu, il existe une organisation qui se nomme le Mauritius Council of Registered Librarians, un groupe opérant sous l’égide du ministère des Arts et de la Culture (MCRL, 2022). Le conseil est créé en 2002 conformément aux dispositions du Mauritius Council of Registered Librarians Act de 2000 (MCRL, 2022). Pour devenir membre, il faut être citoyen mauricien et envoyer une demande d’inscription par formulaire afin d’obtenir le titre de bibliothécaire professionnel enregistré auprès du Conseil mauricien des bibliothécaires agréés selon la loi de 2000 du conseil (MCRL, 2022). Le MCRL s’engage à promouvoir le développement de la profession et encourage également les avancées savantes de la pratique en bibliothéconomie. Le MCRL fournit un cadre dans lequel tous les bibliothécaires doivent opérer soit le Code de déontologie qui énonce les lignes directrices essentielles de la conduite attendue de tous les bibliothécaires à Maurice (MCRL, 2022).

Cadre législatif

L’organe administratif central dans le domaine des bibliothèques de la République de Maurice est le ministère des Arts et de la Culture. Deux lois sont fondatrices de la vision bibliothéconomique de la République de Maurice.
Le 20 décembre 1996, la loi n° 32 intitulée National Library Act, créée, en tant que personne morale, la Bibliothèque nationale de la République de Maurice composée à la fois de la section mauricienne de la bibliothèque de l’Institut mauricien et de la section mauricienne du département des archives (National Library, 2022). Outre ses missions de services de bibliothèque auprès de tous les ressortissants mauriciens, l’institution nationale nouvellement formée est ainsi responsable de collecter, conserver et diffuser le patrimoine documentaire mauricien ou relatif à la République de Maurice.
Pour la mise en œuvre de cette mission, la loi de 1996 a instauré dans son article 15 la règle du dépôt légal stipulant que chaque imprimeur de Maurice est tenu de déposer gratuitement auprès du directeur de la bibliothèque nationale, six exemplaires de chaque publication, qu’il s’agisse d’un livre, d’une revue ou d’un journal. La même règle s’applique à chaque producteur mauricien pour le dépôt en six exemplaires de tout matériel non imprimé, produit à Maurice. Afin de garantir l’accès à la collection plus complète de documents relatif à la République de Maurice, la Bibliothèque nationale doit acquérir tous les documents publiés à l’étranger, dont le sujet est lié à la République de Maurice.

Des Règlements ont été établis le 23 octobre 1997 pour l’exécution de ladite loi, en vertu de son article 1 afin de préciser notamment les dispositions relatives au dépôt légal.

La loi n° 4 du 30 mai 2000, intitulée Mauritius Council of Registered Librarians Act 2000, a pour objet quant à elle de créer un Conseil mauricien des bibliothécaires agréés (MCRL), sous la forme d’une personne morale opérant sous l’égide du ministère des Arts et de la Culture (MCRL, 2022).

À cet effet, l’article 4 de la loi définit les objets du Conseil comme étant :

  • d’établir et d’améliorer les normes d’éducation, de pratique et de conduite et de maintenir la discipline dans la pratique de la bibliothéconomie ;
  • d’établir et de tenir un registre des bibliothécaires inscrits ;
  • de publier un code de pratique pour les bibliothécaires professionnels sur les normes de conduite et d’éthique professionnelles ;
  • d’établir des liens appropriés avec tout organisme d’enseignement à Maurice ou en dehors de Maurice en vue d’élever le niveau de l’enseignement en bibliothéconomie ;
  • déterminer les conditions d’accès à la formation et d’admission ou de radiation du registre des personnes en formation de bibliothéconomie à Maurice ;
  • approuver les programmes de formation menant à l’enregistrement des bibliothécaires à Maurice ; et
  • conseiller le ministre sur toute question régie par la présente loi ou toute question connexe ou accessoire à celle-ci.

Conformément à ces dispositions, le Conseil mauricien des bibliothécaires agréés a été créé en octobre 2002. Le MCRL « aspire à être la voix collective de tous les professionnels des bibliothèques et des sciences de l’information (LIS), défend l’égalité du droit à l’information pour tous les citoyens, et croit en la liberté de lire, d’apprendre et de découvrir ». Le MCRL « joue un rôle important dans la promotion de la bibliothéconomie en tant que profession vitale pour une société informée ». (MCRL, 2022)


Informations complémentaires/particularités

La difficulté à trouver des informations récentes sur les bibliothèques de Maurice montre qu’il ne s’agit pas d’une priorité gouvernementale. Ce manque de considération se traduit concrètement par un manque de moyens et une formation des bibliothécaires insuffisante. Afin d’y remédier, les bibliothèques se tournent vers des investisseurs étrangers tel que l’Inde ou la Chine. Cependant, le sort des bibliothèques suscite de nombreux articles dans les médias, qui témoignent de l’intérêt de la population. Des entreprises locales choisissent aussi de s’impliquer pour soutenir leur développement : ce qui est une façon pour la communauté de réinvestir dans la communauté.

Références

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