17 Philippines
(Andréanne Bessette, Karine Massé, Mathieu Sirois, Mylène Chouinard)
1. Profil du pays
La république des Philippines, mieux connue sous son nom court les Philippines, est un pays d’Asie du Sud-Est. Son territoire est composé d’un archipel d’environ 7 641 îles, réparties sur une superficie de 300 000 km². Le pays se situe plus spécifiquement au sud de Taïwan et à l’est du Vietnam, et il est entouré des plus importantes mers d’Asie du Sud-Est, soit la mer des Philippines, de Chine Méridionale, de Sulu et de Célèbes (Larousse, 2019). Les îles de Luçon et de Mindanao sont les deux plus grandes de l’archipel, regroupant environ les deux tiers des ressources et de la population du pays. Les Philippines se trouvent dans la région de la ceinture de feu du Pacifique; on y compte un grand nombre de volcans actifs. Sa situation géographique fait aussi en sorte que le pays subit en moyenne neuf typhons et tempêtes tropicales par année, ainsi que de nombreux tremblements de terre (The World Factbook, 2022).
La république des Philippines doit son nom à l’explorateur Ruy Lopez de Villalobos, qui nomma l’archipel en l’honneur du roi Philippe II d’Espagne. Le pays est une république présidentielle dont le président actuel est Ferdinand Marcos Jr. Il compte une population de 114 597 229 habitants, le classant au douzième rang des pays les plus peuplés au monde. Près de la moitié des Philippins vivent en milieu urbain, dont 1,9 million à Manille, la capitale du pays. La majorité des citoyens ont 54 ans et moins, et l’âge moyen est de 24 ans; la population est majoritairement catholique (The World Factbook, 2022).
Les langues officielles sont le philippin et l’anglais, mais huit autres dialectes, notamment le tagalog, le cebuno et l’ilocano, y sont aussi parlés. L’éducation primaire se fait principalement en philippin, à l’exception des sciences et des mathématiques, qui sont enseignés en anglais dès l’enfance. L’éducation secondaire et post-secondaire, pour leur part, se font généralement en anglais (Britannica, 2022).
2. Histoire
La présence d’hommes modernes aux Philippines date d’il y a environ 47 000 ans, tel qu’attesté par la présence de fossiles d’homo luzonensis (Wikipédia, 2022). Une première colonie préhistorique, à laquelle des chercheurs attribuent une organisation politique et une division en classes sociales, se serait établie sur le territoire actuel des Philippines il y a 30 000 ans, migrant de l’archipel indonésien.
L’histoire attestée des Philippines commence aux alentours du 10e siècle, alors qu’on retrouve plusieurs petits royaumes et sultanats sur le territoire. On répertorie des échanges commerciaux avec de nombreux pays, notamment avec la Chine, l’Inde et le Japon; néanmoins, aucun de ces groupes ne réussit vraiment à contrôler l’ensemble des iles de l’archipel philippin (Nations Online, s.d.).
C’est en 1521 qu’un premier européen, soit Fernand de Magellan, visite les Philippines. En 1565, on assiste au début de la colonisation espagnole, alors que Miguel López de Legazpi établit une première colonie permanente sur l’île de Cebu. D’autres colonies s’établissent plus au nord, dont une à Manille en 1571; l’empire espagnol crée ainsi une cohésion politique sur le territoire philippin, qui était auparavant composé de plusieurs petites colonies indépendantes. Au fil des siècles, les missionnaires espagnols convertissent la grande majorité de la population au christianisme, et ils fondent des hôpitaux, des écoles et des universités.
Considéré comme un territoire de la Nouvelle-Espagne, les Philippines sont d’abord gérées depuis Mexico de 1565 à 1821 en raison de la proximité géographique entre les deux lieux, puis directement de Madrid de 1821 à 1898 à la suite de l’indépendance du Mexique (Wikipédia, 2022).
À la fin du 19e siècle, la population native des Philippines augmente de plus en plus. L’éducation croissante de cette population crée un mouvement de nationalisme et une ouverture aux idées démocrates. En 1896 débute la révolution philippine, qui culmine en 1898 avec la proclamation d’indépendance de la Première République des Philippines. Toutefois, en parallèle, l’Espagne transfère en 1898 le contrôle des Philippines aux États-Unis avec le traité de Paris. Le gouvernement philippin refuse de reconnaître cela, et il déclare la guerre aux États-Unis en 1899. Les hostilités entre les deux pays s’éternisent jusqu’en 1913, mais les États-Unis administrent officiellement les Philippines dès 1905. Une autonomie partielle est accordée aux Philippines à compter de 1935, et le pays obtient son indépendance complète en 1946 (Nations Online, s.d.).
Pendant les années 1950 et 1960, l’économie du pays est prometteuse. Par contre, son essor ralentit à la fin des années 60, en raison de crises sociales et de désordres civils. En 1972, le président Ferdinand Marcos déclare la loi martiale. Ses années au pouvoir sont marquées par la dictature et la corruption.
On assiste en 1986 au retour de la démocratie, porté par une révolution non sanglante. Le pays est depuis ce temps en reconstruction, étant encore de nos jours soumis à une forte instabilité politique et économique (Wikipédia, 2022).
3. Types de bibliothèques
Bibliothèques publiques
Avant d’aborder la situation plus récente des bibliothèques publiques aux Philippines, il peut être intéressant de relater la situation telle qu’elle était il y a quelques décennies afin d’avoir une idée de sa progression. En 1980, il était possible de compter 476 bibliothèques publiques pour un pays d’une densité de 154,5 personnes par km2, où environ 75 % vivaient en milieu rural (Rasmussen, 1982). Puisqu’il s’agit d’un pays en développement, ce chiffre pouvait impressionner sur papier, mais il en était tout autre en réalité. Il existait à l’époque une réelle difficulté à financer correctement les institutions ou tout simplement à alimenter en livres les bibliothèques. Alors que la bibliothèque nationale devait s’occuper de la gestion des collections, elle avait, dans les meilleures circonstances, plutôt un rôle persuasif puisque les bibliothèques étaient à la merci des décisions des autorités locales qui devaient gérer plusieurs services avec peu de moyens. De plus, les bibliothécaires au public devaient voyager, aux frais même de leur allocation, jusqu’à Manille afin d’obtenir tant les nouveaux livres que ladite allocation, en plus d’être responsables des coûts reliés aux livres perdus. Il est même déjà arrivé qu’un maire, en attente de l’approvisionnement annuel en livres, fasse appel à une bibliothécaire qui lui avoua tout simplement qu’elle ne pouvait aller chercher les livres dans la capitale puisque ses demandes de transports étaient systématiquement refusées. De plus, les bibliothèques étaient rarement ouvertes le soir et, comme l’approvisionnement était à géométrie variable, les quelques livres disponibles étaient souvent réparés plusieurs fois alors qu’ils étaient plutôt destinés à être jetés.
Dans un rapport publié en 2018 par la Philippines Library Association, Inc (PLAI), on apprend que la situation des bibliothèques publiques s’est améliorée, mais les besoins sont encore criants en matière d’infrastructure et d’innovation. En effet, 50 % des bibliothèques publiques sont municipales, 21 % dans les baranguays, 19 % dans les villes et 9 % dans les provinces. En ce qui concerne le total, le nombre peine à atteindre 3 % du nombre estimé suffisant tel que le prescrit la loi. De plus, la grande majorité (91 %) offre des heures d’ouverture insuffisantes pour répondre aux besoins de la communauté. Les membres qui fréquentent le plus souvent ces troisièmes lieux sont principalement des étudiants (73 %) et des professionnels (14 %) (PLAI 2018).
Malgré son importance et la reconnaissance du gouvernement à l’égard de la profession, les écarts de qualité entre les bibliothèques publiques sont beaucoup trop significatifs pour le rôle stratégique qu’elles doivent exercer dans l’éducation de sa population.
Bibliothèques scolaires
La littératie est un enjeu majeur dans l’éducation des jeunes philippins. Contrairement aux autres pays environnants qui misent sur un programme de littératie plus enraciné, la situation des bibliothèques scolaires est aussi difficile que celle des bibliothèques publiques. L’absence d’un programme normalisé à l’échelle du pays et le manque de logistique dans le déploiement sont les deux principaux enjeux auxquels font face les bibliothèques scolaires. De plus, l’écart est très important entre les écoles publiques et privées, ces dernières étant beaucoup plus susceptibles d’amorcer les changements et d’avoir les moyens d’atteindre leurs objectifs (Kurbanoglu 2018). Heureusement, il existe la Philippine Association of School Librarians, qui, comme la PLAI, souhaite défendre la profession de bibliothécaire au sein des écoles pour donner aux enseignants et aux communautés les moyens de valoriser davantage l’apprentissage de la lecture dans un pays où les conséquences de cette lacune se font sentir à tous les niveaux.
Bibliothèques universitaires
On retrouve aux Philippines de nombreux établissements d’étude post-secondaires, tant publics que privés. Ces institutions ont toutes leur propre bibliothèque, plus ou moins prestigieuse selon le cas; en voici deux qui valent la peine d’être mentionnées plus en détails.
Une première université fait son apparition aux Philippines dès 1611, lorsque le prêtre catholique Miguel de Benavides fait don de sa collection de livres personnelle dans le but de fonder l’University of Santo Tomas. Au fil des années, d’autres religieux font don de leurs collections privées à la Miguel de Benavides Library, afin de permettre et d’améliorer l’éducation de futures religieux et autres professionnels.
De nos jours, cette bibliothèque « se propose d’être le principal centre de ressources d’information universitaire des Philippines, en fournissant des services de bibliothèque et d’information de classe mondiale afin de répondre aux besoins de la communauté locale et internationale grâce à l’excellence de ses services. » (Miguel de Benavides Library, 2022).
Située dans un édifice de six étages qui lui est entièrement dédié sur le campus, la bibliothèque offre de nombreux services aux étudiants et au personnel de l’université. On y retrouve une salle de conférence, une aire d’exposition, plusieurs salles de rencontres ainsi que des salles d’étude individuelles, un coin technologique, des stations Internet, de même qu’un café étudiant, s’inscrivant ainsi dans le courant des learning centers.
Une deuxième bibliothèque universitaire digne de mention est celle de l’University of the Philippines, soit la seule université nationale du pays, fondée en 1908 (Britannica, 2022). En tout, cette université regroupe 8 universités sur 17 campus.
Sa bibliothèque a été fondée en 1922 au campus de Manille, et elle était considérée, avant la Seconde Guerre mondiale, comme la meilleure bibliothèque universitaire d’Asie. Sa collection de 150 000 volumes a malheureusement été presque entièrement détruite lorsque les Japonais ont pris d’assaut la bibliothèque durant la guerre, ne laissant pratiquement aucun volume intact.
Gabriel Bernardo, le bibliothécaire fondateur, a décrit cette perte comme une « famine intellectuelle ». Il a plus tard aidé à la fondation de la nouvelle bibliothèque, située cette fois au campus Dillman. Cette bibliothèque universitaire est une pionnière aux Philippines en ce qui a trait aux sciences de l’information (Wikipédia, 2022).
Bibliothèque nationale
La première bibliothèque nationale ouvre ses portes à Manille en 1891, sous la forme d’un musée-bibliothèque, qui est aboli quelques années après son ouverture après la colonisation américaine.
Les Américains choisissent plutôt de consolider toutes les bibliothèques des diverses branches gouvernementales en créant la Philippines Library. Au fil des ans, divers services se sont parfois joints temporairement à cette entité, parfois les archives, les droits d’auteur, ou encore le musée national. En 1928, après plusieurs changements de nom, la bibliothèque devient officiellement la National Library. Depuis 2010, on parle plutôt de la National Library of the Philippines (NLP) (National Library of the Philippines, 2022).
La bibliothèque nationale de nos jours est responsable de superviser les nombreuses bibliothèques publiques à travers le pays (Britannica, 2022).
La collection actuelle de la NLP est constituée (entre autres) de plus de 210 000 livres, 880 000 manuscrits et 170 000 périodiques; en tout, plus de 1,6 million de documents (Wikipédia, 2022). La NLP aimerait, d’ici 2027, être considérée comme la plus importante bibliothèque des Philippines afin « d’être un agent de progrès intellectuel, social et culture pour la société philippine » (National Library of the Philippines, 2022).
4. Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques
Aucun grand développement dans la profession de bibliothécaire n’a eu lieu durant la période de colonisation espagnole des Philippines. En effet, comme l’explique Damasco : « The only libraries existing were a few private collections, the convent libraries of Roman Catholic religious corporations, and three government libraries. All were small in size and restricted in use. » (1996, p.310).
Ce n’est qu’au début du 20e siècle, pendant la période de la tutelle américaine, que commence réellement le développement des programmes universitaires en bibliothéconomie et en sciences de l’information.
La mise en place du Bureau of Science, une institution pour faire le traitement des documents scientifiques de Manille, change la perception de la profession de bibliothécaire. En effet, grâce à Mary Polk, bibliothécaire au Bureau of Science et à Lois S. Osborn, professeur au même endroit, une loi permettant à de jeunes hommes d’étudier dans des écoles de bibliothéconomie américaine a été acceptée (Damasco, 1996).
Dans ce contexte et sous les recommandations de Mme Polk, l’Université des Philippes (UP) met en place un programme de quatre ans nommé Bachelor of Science in Library Science (BSLS) en 1917-1918. Enseignés par Mme Polk, les cours portent sur : « […] elementary reference work, practice at the libraries of UP, elementary classification and book numbering, library history, elementary cataloguing and subject heading, library administration, and evaluation and selection of books. » (Faderon et coll. 2016, p. 279)
Par la suite, plusieurs autres écoles de bibliothéconomie se développent dans les différentes universités du pays jusqu’en 1942, alors que l’occupation japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale force la suspension de tous les cours au pays. À la fin de la guerre, les programmes d’études reprennent et, dès 1962, les programmes changent de nom pour Bachelor of Library and Information Science (BLIS) et Master of Library and Information Science (MLIS) afin d’intégrer les sciences de l’information au cursus. Durant cette période, les sciences de l’information sont enseignées dans les universités à visée plus académique. Depuis les années 90, les programmes de sciences de l’information et de bibliothéconomie sont offerts dans près de cinquante universités de toute vocation à travers le pays (Faderon et coll. 2016).
De nos jours, le gouvernement philippin décrit le bibliothécaire comme : « […] a Filipino citizen who has been registered and issued a valid Certificate of registration and a valid Professionnal Identificaion Card by the Professional Regulation Commission in acordance with R.A. 9246 otherwise know as the “Philippine Librairianship Act of 2003”. » (Professional Regulation Commission, s. d.) L’organisation gouvernementale mentionne aussi que pour se qualifier à l’examen de licence, il est nécessaire d’avoir un baccalauréat ou une maîtrise en sciences de l’information et bibliothéconomie (BLIS ou MLIS).
5. Association de bibliothèques
Bien que l’organisation d’un réseau de bibliothèques aux Philippines soit difficile à mettre en œuvre aujourd’hui, le pays a depuis longtemps mis sur pied une association de bibliothèque afin d’en favoriser le plus possible son rayonnement. Le 22 octobre 1923 est considéré comme la « naissance » de la Philippines Library Association (PLAI). Il s’agissait d’un groupe de bibliothécaires professionnels philippins qui avaient suivi leur formation aux États-Unis et qui ont rapidement compris que les bibliothèques devaient jouer un rôle essentiel dans le développement de leur pays (Alaya-ay, 2013). Ils devenaient ainsi d’importants piliers pour leur communauté. La mission de cette association est de promouvoir les intérêts et le bien-être de ses membres et de faire tout ce qui est possible afin de favoriser le développement de bibliothèques et de services d’information de qualité. Afin de parvenir à accomplir sa mission, le but de l’association est d’obliger tous les bibliothécaires à être membres en vertu de la loi, d’amorcer et de prendre en charge des programmes qui assureront la croissance et le développement des bibliothèques dans le pays, de collaborer avec les différents organismes de tous les paliers, autant au public qu’au privé, de veiller à une formation tout au long de la vie de ses professionnels ainsi que de faire des recherches qui en assureront sa pérennité. Le code d’éthique des professionnels est largement influencé par celui promulgué par l’IFLA.
Tout cela semble mieux établi aujourd’hui, mais il s’agit du fruit d’un combat qui a duré de nombreuses années et qui s’est achevé avec la création de la Loi sur la profession de bibliothécaire en 1990. Avant cela, l’instabilité politique qui régnait dans le pays rendait la vie difficile au développement des bibliothèques, toujours en proie à un déploiement inégal et selon les aléas des dirigeants en place. Cette disparité d’application dans un pays aussi densément peuplé rendait difficiles la cohésion et l’organisation d’un réseau efficace pour répondre aux besoins des communautés. En dehors des principales villes, les bibliothèques peinaient à survivre faute de moyens et de personnel qualifié (Rasmussen 1982). Maintenant, la situation est beaucoup moins difficile. Puisque n’importe quelle association professionnelle vise à promouvoir des services de qualité par l’expertise de ses membres, nous pouvons affirmer que la PLAI a réussi son objectif, à savoir d’obtenir une reconnaissance de la profession par l’état (Santos, 2003).
6. Cadre législatif
Le système juridique des Philippines est un mélange de droit romain (Droit civil) et du Common law américain. Puisque l’Espagne a établi ses lois et principes juridiques aux Philippines lors de son occupation du territoire, le noyau du système juridique philippin reste constitué de lois espagnoles. Cependant, certains ajustements et additions ont été apportés à la suite de la prise en charge du pays par les Américains, ce qui en explique la composition mixte. Même après avoir obtenu son indépendance en 1946, on constate que le cadre législatif en vigueur aux Philippines conserve des traces de l’influence américaine (Feliciano, 1976).
Droit d’auteur
Le Décret présidentiel numéro 49, aussi appelé Décret sur la propriété intellectuelle, a remplacé la loi numéro 3134 sur le droit d’auteur, établie en 1924. Les nouvelles modalités du décret prennent effet sur le document dès sa création et couvrent la durée de vie de son créateur plus 50 ans suivant son décès ou le décès du dernier co-créateur toujours en vie. Pour les périodiques et les journaux, la durée de protection est de 30 ans, alors qu’elle est de 20 ans après la dernière diffusion pour les enregistrements visuels et sonores (The LawPHIL Project, 1972).
Cette nouvelle forme de la loi accélère l’entrée des œuvres dans le domaine public puisque le droit d’auteur est acquis dès la création du document et non pas seulement à compter de l’enregistrement et du dépôt officiel du document. Cette version de la loi permet également d’éliminer toute exigence ou formalité de nature technique qui viserait à empêcher l’application du droit d’auteur. Toutefois, comme le dépôt et l’enregistrement ne sont pas obligatoires pour le créateur, une lacune se fait sentir au niveau du contrôle. D’ailleurs, aucune base de données n’existe actuellement afin de recenser les œuvres soumises au dépôt légal qui seraient entrées dans le domaine public (Feliciano, 1976).
Dépôt légal
Ce qui ressemble le plus à une forme de législation concernant le dépôt légal est apparu le 5 juin 1948 avec la loi de la République numéro 228. Au début, cette loi obligeait les institutions gouvernementales à fournir 200 exemplaires de tout rapport imprimé. Les imprimeries étaient également tenues de soumettre au Bureau des bibliothèques publiques deux exemplaires de chaque livre, journal, ou périodique qui était imprimé. Toutefois, faute de sanction, cette loi fut infructueuse (Feliciano, 1976). La réforme de cette loi, le Décret présidentiel numéro 812, aussi intitulé Décret sur le dépôt légal et culturel, a été promulgué le 18 octobre 1975. Cette nouvelle version de la loi intègre maintenant un système de dépôt légal qui servira également de base à la bibliographie nationale. Ce changement permet alors d’assurer l’accessibilité et le contrôle des productions locales à travers le pays (The LawPHIL Project, 1975).
Concrètement, l’article 2 du décret stipule ainsi que tout éditeur doit fournir gratuitement deux copies de son ouvrage à la Bibliothèque nationale, et une copie à quatre autres instances, soit l’Université des Philippines, l’Université des bibliothèques des Philippines (ville de Cebu), la Bibliothèque de l’Université d’état de Mindanao et le Centre culturel de la bibliothèque des Philippines. C’est la même règle qui s’applique pour les institutions gouvernementales, qui doivent désormais déposer deux exemplaires de toute publication produite (Feliciano, 1976).
Enfin, le directeur de la Bibliothèque nationale est tenu de mettre à jour un registre de tous les documents reçus avec des informations bibliographiques minimales et une traduction en anglais si le document a été écrit dans une autre langue. Ce registre est ensuite publié trimestriellement dans la Official Gazette de la République des Philippines (The LawPHIL Project, 1975).
7. Informations complémentaires
À l’échelle mondiale, les Philippines font partie du top trois des emplacements où se produisent le plus de catastrophes naturelles. Des typhons, des tremblements de terre, des feux et des tsunamis se produisent régulièrement. En addition, la ville de Marawi a été, en 2017, la scène d’un conflit armé entre les forces gouvernementales et le groupe rebelle terroriste Maute. Ce conflit, maintenant connu sous le nom de Bataille de Marawi, a fait subir des dégâts majeurs à la ville, notamment aux infrastructures publiques (Daryl, 2019).
Les bibliothèques et bibliothécaires jouent un rôle essentiel dans la réponse aux catastrophes naturelles et humaines. Comme dans le cas de la ville de Marawi, les bibliothèques ne sont pas que des lieux d’instruction et de savoirs, elles favorisent l’accès aux informations et aux ressources critiques à la suite d’un sinistre. À la suite d’une expérience aussi traumatisante qu’une catastrophe naturelle, la bibliothèque est également un endroit où les victimes peuvent chercher du réconfort ou du soutien. Les membres de la communauté peuvent se rapprocher les uns des autres et profiter de services tels qu’une connectivité au monde extérieur, aux agences gouvernementales et aux compagnies d’assurances. En prenant le rôle d’éducateurs, de formateurs, de diffuseurs d’information, de partenaires gouvernementaux et d’agents de soutien aux institutions et aux communautés, les bibliothèques sont à l’avant-plan de la reconstruction de la communauté quand se produit un désastre (Daryl, 2019).
8. Références
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Daryl, L. S., Ethelyn M. A., Mary Grace H. O., Allana S. D., Vince Ervin V. P. et Joy F. G. (2019, December). Fire + water + bombs: Disaster management among academic libraries in Marawi City, Lanao del Sur, Philippines. International Journal of Disaster Risk Reduction. Volume 41(101311). https://doi.org/10.1016/j.ijdrr.2019.101311
Damaso, C. (1996). Library Education in the Philippines. Journal of Education for Librarianship, 6(4), 310–317. https://doi.org/10.2307/40321882
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