20 Trinité-et-Tobago
(Annie-Claude Duchesne-Perron, Faye Daw-Yi Fung et François Saintonge)
Profil du pays
La République de Trinité-et-Tobago est un pays composé de deux petites îles situées à l’extrême sud de la chaîne insulaire des Caraïbes et voisin du Venezuela. Trinité est la plus grande des deux îles avec une superficie de 4828 km2. La ville de Port d’Espagne en est la capitale située au nord-ouest, mais les villes de Chaguanas à l’ouest et de San Fernando au sud-ouest sont les plus grandes et les plus peuplées. Tobago ne possède que 300 km2 de superficie (Peltier-Davis et Renwick, 2007, p. 3). En tant que pays tropical, Trinité-et-Tobago varie très peu au niveau de la température et des saisons, mais peut recevoir jusqu’à 325 cm de pluie par année. Environ 80% de sa population, totalisant 1,4 million d’habitants, est d’origine africaine ou indienne, dans une proportion égale. Il y a des minorités de plusieurs nationalités différentes, mais restent marginales. Le gouvernement démocratique est de forme parlementaire britannique et l’anglais est la langue courante du pays. Aujourd’hui, son économie est basée principalement sur l’industrie pétrolière à Trinité et sur le tourisme à Tobago. L’agriculture y est maintenant négligeable (Gillespie et Clague, 2009, p. 926-927).
Depuis l’arrivée de Christophe Colomb, entre 70% et 80% de la forêt a disparu, mais abrite néanmoins environ 3% de la biodiversité mondiale. Trinité-et-Tobago a signé plusieurs accords pour la préservation naturelle de ses milieux, notamment avec la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction [CITES], la Convention de Ramsar pour la préservation des milieux humides, la Convention sur la diversité biologique et la Convention de Carthagène. Les lois sur la préservation datent des temps coloniaux et sont encore loin de rencontrer les normes internationales. Toutefois, des initiatives citoyennes ont récemment fait de grands progrès en ce sens (Gillespie et Clague, 2009, p. 928-929).
Depuis la décolonisation, on assiste à une redécouverte et un renouveau culturel. Albert Gomes, Edric Connor, Alfred Mendes, C.L.R. James, Hugh Wooding et Eric Williams (Premier Ministre après l’indépendance) ont été à l’avant-garde de cette renaissance artistique dans les arts, la poésie, la fiction, le drame, la musique et la danse. L’une des figures de proue de ce mouvement contemporain est sans aucun doute Beryl McBurnie. Elle valorise les danses folkloriques de toutes les ethnies locales et popularise la musique calypso, le steel drum (tambour d’acier) et la tassa, un ensemble de percussions d’origine indienne. (Brereton, 1981, p. 223-227). La devise du pays est: “Together We Aspire, Together We Achieve”.
Histoire
L’île de Trinité a été habitée par différents peuples autochtones depuis 15 000 ans. Mais, à l’arrivée des Européens, ce sont trois peuples autochtones qui occupaient l’ensemble des Antilles, les Arawaks, les Karibs et les Ciboneys (Carmichael, 1961, p. 14-16). Les Antilles aux XVIe et XVIIe siècles sont convoitées par plusieurs pays d’Europe, notamment les Néerlandais, les Espagnols, les Français et les Britanniques. Tobago, en particulier, est la dernière île à avoir été conquise. Elle était si convoitée, qu’elle a été cédée vingt-deux fois entre 1626 et 1802. Même les Américains, en 1778, ont tenté leur chance, mais en vain. (Ottley, 1973, p. 1-6). Lorsque les Espagnols sont arrivés les premiers, l’île de Trinité était davantage peuplée, comparativement aux autres îles des Antilles. Mais si les autochtones présents ont été relativement épargnés par la maladie par rapport aux autres, ce sont plutôt les raids à la fois des Espagnols et des Karibs ainsi que le travail forcé qui ont décimé la population locale. Le reste de la population a dû se réfugier à l’intérieur de la forêt dense (Newson, 1976, p. 76-80). Aujourd’hui, il reste environ 0,1% de la population qui s’identifie en tant qu’autochtone. (Boomert, 2016, p. 159). Il est possible de voir leur art et leur artisanat au Royal Victoria Museum à Trinité et au Surinam Museum à Paramaribo (Newson, 1976, p. 76-80).
Si la couronne espagnole s’était officiellement opposée à l’esclavage des Premières Nations, cela n’a pas empêché près de cinquante ans de traite et de travail forcé à causer ses torts irréversibles. C’est à partir de ce moment que les Espagnols se tournent vers l’Afrique pour contourner l’interdiction et combler leur pénurie de main-d’œuvre sur les plantations (Ottley, 1973, p. 78-81; Williams, 1964, p. 30-39). Il faudra attendre en 1838 pour que toute forme d’esclavage soit interdite sous la couronne britannique. Le même problème de main-d’œuvre se fait alors sentir à nouveau, lorsque les Noirs affranchis quittent les plantations pour une nouvelle vie, sans pour autant quitter l’île. Les Britanniques se tournent enfin vers l’Inde, très pauvre, pour recruter parmi ses sujets. La grande majorité de cette immigration survient entre 1845 et 1917. La plupart des travailleurs sont originaires des plaines du Ganges, c’est-à-dire des Provinces unies, du Bihar, d’Orissa et des Provinces centrales et quittent à partir de Calcutta. Parce que l’esclavage était aboli, ceux-ci deviennent plutôt des travailleurs sous contrat avec la nouvelle législation. (Brereton, 1979, p. 176; Williams, 1964, p. 102-121; Carmichael, 1961, p. 121, 183-188.).
L’union des îles de Trinité et de Tobago se réalise en 1889 pour des raisons financières, après la faillite de l’île en 1884. Cette résolution est venue suite à la chute radicale du prix du sucre lors de l’introduction et de la concurrence de la betterave à sucre en Angleterre (Ottley, 1973, p. 88-95; Williams, 1964, p. 139-150). Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que le sort de Trinité-et-Tobago s’améliorera pour rejoindre la modernité. Ce sont trois décisions majeures qui en donneront l’élan. C’est d’abord la découverte du pétrole en quantités commerciales, en 1910, qui changera complètement le cap de son économie qui était agraire jusqu’ici. Ensuite, l’abolition du travail sous contrat des Indiens en 1916, qui était ni plus ni moins un autre visage de l’esclavage, se réalise par l’influence du Mouvement pour l’indépendance de l’Inde, où les conditions de vie étaient déjà rendues meilleures dans leur pays d’origine. Le troisième changement était l’émergence du mouvement ouvrier, uni politiquement en tant que Trinidad Labour Party. Une fois au pouvoir, le parti abolit le système colonial en 1956 tout en restant dans le Commonwealth et gagne son indépendance en 1962 (Williams, 1964, p. 215-257).
En 1932, Ernest Savage reçoit le mandat de la Carnegie Corporation d’investiguer les bibliothèques des Antilles qui sont sous l’autorité britannique et américaine. Selon son rapport de 1934, le réseau des bibliothèques de Trinité-et-Tobago est très restreint et ne dessert pas la population dans son entièreté. À cette époque, il y avait donc à Port d’Espagne, la Trinidad Public Library ainsi qu’une bibliothèque de droit de juridiction coloniale. Non loin de la capitale, à St-Augustine, il y avait la Imperial College of Tropical Agriculture (aujourd’hui la Main Library of the University of the West Indies). Il y avait aussi la San Fernando Carnegie Free Library au sud du pays et la Tobago Public Library. Seulement quelques écoles secondaires possédaient leur propre bibliothèque (Peltier-Davis et Renwick, 2007, p. 3-4).
Savage préconisait dans son rapport d’introduire, selon quatre recommandations, une politique de service de bibliothèques plus généralisée et qui aurait pour mission de servir toute la population. Il voulait d’abord que la législation soit modifiée pour garantir leur gratuité. Aussi, le financement se devait d’être augmenté et mieux géré. Il faisait également valoir le besoin de recruter des bibliothécaires et des aide-bibliothécaires formés et compétents. Finalement, il voulait que le réseau des bibliothèques soit administré par un organisme centralisé. C’est alors que Helen Gordon Stewart, Ph.D, une bibliothécaire de l’ouest canadien fut mandatée pour cet immense projet dans les années 1940. C’est le début des bibliothèques rurales. Mais jusqu’à l’indépendance, en 1962, il y eut une croissance dans l’offre de service, mais le manque d’accommodations pour les différentes branches, les véhicules défectueux et le manque d’attention de la part du gouvernement, ont ralenti les progrès. Cette stagnation dans les services s’estompe au tournant de notre siècle avec la création, en 1998, de la National Library and Information System Authority [NALIS]. (Peltier-Davis et Renwick, 2007, p. 3, 5).
Types de bibliothèques
Le pays de Trinité-et-Tobago compte sur son territoire 251 bibliothèques tous types confondus (Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques [IFLA], 2022a). La première bibliothèque publique a vu le jour en 1851 dans la région de Port d’Espagne. La seconde bibliothèque, la Carnegie Free Library, est fondée en 1919 pour desservir la population plus au sud du territoire. Finalement, la troisième bibliothèque, la Central Library, est fondée en 1949 afin de permettre un accès aux populations des régions plus rurales du pays (NALIS, 2022a). La République de Trinité-et-Tobago possède un système de bibliothèques peu orthodoxe (Williams et Renwick, 2018). L’ensemble des bibliothèques et des services d’information publiques sur son territoire sont aujourd’hui administrés par NALIS (Benson, 2003; Wikipédia, 2022a; Williams et Renwick, 2018).
Bibliothèque nationale
C’est le NALIS Act No.18 qui mène finalement à la fondation d’une bibliothèque nationale officielle (Williams et Renwick, 2018). Cette bibliothèque est aussi le siège social administratif de NALIS, située à Port d’Espagne (Wikipédia, 2022a). Elle est construite près du Parlement et d’une cathédrale historique, deux institutions importantes dans la République (Peltier-Davis, 2002). La bibliothèque nationale comprend quatre divisions en plus des bureaux administratifs : la Bibliothèque nationale pour adultes de Port d’Espagne, la bibliothèque nationale pour les jeunes adultes, la bibliothèque nationale pour les enfants et la Heritage Library (Osborne, 2004). La construction du bâtiment a été complétée en 2003 et le coût total du projet s’est élevé à 60 millions de dollars (ArchiTekton, 2019). À terme, l’établissement pourrait contenir une collection de 400 000 documents (Peltier-Davis, 2002). Selon Peltier-Davis (2002), la grandiosité du projet et son inauguration qui concordait avec le 40e anniversaire de l’indépendance du pays, sont des faits qui témoignent de la fière place qu’occupe la culture des bibliothèques à Trinité-et-Tobago.
NALIS a sous sa responsabilité le dépôt légal et la bibliographie nationale. Le service national détient le mandat de la protection et de la diffusion du patrimoine du pays (Peltier-Davis, 2002). Finalement, elle se doit de maintenir la collection nationale du pays (Williams et Renwick, 2018). Ces missions sont assurées par la division de la Heritage Library (Peltier-Davis, 2002; Osborne, 2004). En plus de la préservation du patrimoine, la bibliothèque nationale fait la promotion de l’éducation à la citoyenneté par la mise en place de programmes visant le développement de certaines compétences (Osborne, 2004). Osborne dresse le portrait de ces compétences. Par exemple, on y retrouve le bien-vivre ensemble, l’ouverture à la différence ou encore l’éducation à la structure du système gouvernemental. Enfin, la Heritage Library se doit de construire une collection afin de consigner la tradition orale de la nation (NALIS, 2022a).
Bibliothèques publiques
Selon NALIS (2022a), 25 bibliothèques publiques occupent le territoire de Trinité-et-Tobago. Tel que mentionné précédemment, NALIS supervise l’administration de ces établissements en leur offrant des services conseils et du support. Le rôle des bibliothèques publiques s’étend également à l’éducation citoyenne par la promotion de la littératie (Peltier-Davis, 2002; Osborne, 2004). Pour ce faire, un partenariat avec la Adult Literacy Tutors Association a été créé en 1995 (Osborne, 2004). Ce partenariat se déploie par des services de tutorat à la population, des formations au personnel des bibliothèques, des collections de livres pour les lecteurs éprouvant des difficultés et ce, pour tous les groupes d’âge (Osborne, 2004; Wikipédia, 2022a). L’éducation tout au long de la vie fait partie des valeurs de NALIS (Osborne, 2004).
De plus, les bibliothèques publiques offrent des services de référence, de prêt, d’Internet gratuit ainsi qu’une programmation variée d’activités. Elles établissent également des partenariats avec les groupes communautaires de leur localité (Peltier-Davis, 2002). Parmi les services des bibliothèques publiques offerts, quatre bibliothèques mobiles visitent plus de 140 lieux différents (IFLA, 2022b; Peltier-Davis, 2002; Wikipédia, 2022a). Ce service est actif à travers le pays depuis les années 1940 et existe pour élargir l’accessibilité aux bibliothèques au plus grand nombre de citoyens. Au départ, les bibliothèques mobiles offraient leurs services aux écoles du pays et aux petits villages. La plus récente d’entre elles, créée en 2007, offre même l’Internet gratuit et l’accès aux ressources en ligne (NALIS, 2022a).
Le pays détient quatre bibliothèques publiques au sein de différents Centres correctionnels pour les jeunes et pour les adultes. Les détenus sont encouragés à poursuivre leur éducation durant leur séjour en prison. Pour ce faire, les bibliothèques offrent une collection de livres, mais aussi une programmation d’activités visant la réinsertion sociale (NALIS, 2022a).
Bibliothèques universitaires
Le territoire de Trinité-et-Tobago comprend trois différentes universités (Wikipédia, 2022b). Selon l’IFLA (2022a), il existe 16 bibliothèques de type académique dans le pays. Les bibliothèques universitaires fonctionnent de manière indépendante à NALIS. Elles appartiennent aux établissements et aux départements auxquels elles sont rattachées. C’est l’Université de Trinité-et-Tobago [UTT] qui comprend le plus grand nombre de bibliothèques sur son campus avec neuf différents emplacements (UTT, 2022).
Bibliothèques scolaires
La Educational Library Services est la division de NALIS supervisant les bibliothèques des 483 écoles primaires et des 133 écoles secondaires (NALIS, 2022a). Afin de soutenir la littératie informationnelle et numérique, le pays s’est doté du New Millennium School Library Media Center, un programme qui a été mis sur pied entre 1999 et 2006. Grâce à ce programme, un centre médiatique est présent dans chacune des écoles secondaires. On y retrouve du matériel technologique récent, du personnel formé ainsi qu’un programme pour développer les habiletés technologiques des élèves (NALIS, 2022a).
Afin de répondre aux besoins informationnels des travailleurs du domaine de l’éducation, le pays s’est doté de la bibliothèque Rudranath Capildeo Learning Resource Centre. Cette bibliothèque fait également la promotion de la recherche tertiaire chez le corps enseignant (Ministry of Education, 2022). Pour les étudiants du domaine de l’éducation, le pays a la bibliothèque du Technical Vocational Education and Training Division (NALIS, 2022a). Celle-ci permet aux futurs professionnels d’avoir accès à la documentation et aux ressources nécessaires durant leur parcours étudiant.
Un centre de documentation de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture [UNESCO] est aussi présent sur le territoire. Il s’agit d’un centre de documentation qui a des fins éducatives pour la population en général. Ce centre s’inscrit dans la philosophie du pays de l’éducation tout au long de la vie. La documentation de sa collection couvre des sujets tels que les sciences naturelles ou sociales, la culture ou encore les communications (NALIS, 2022a).
Bibliothèques spécialisées
Il y a 38 bibliothèques spécialisées sur le territoire de Trinité-et-Tobago. La Information Networks Division [IND] supervise les bibliothèques spécialisées que l’on retrouve dans 22 agences gouvernementales. L’objectif de la IND est à la fois de répondre aux besoins d’informations des agences et de s’assurer que les normes en gestion des documents soient respectées (NALIS, 2022a).
Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques
Les premiers cours en bibliothéconomie voient le jour à Trinité au début des années 1940, grâce à Helen Gordon Stewart, Ph.D, mentionnée précédemment. Entre 1940 et 1948, Stewart détient le poste de Directrice du service central des bibliothèques de Trinité-et-Tobago et du développement régional des bibliothèques pour les Antilles britanniques. Constatant elle aussi, comme Ernest Savage, le besoin immédiat de personnel qualifié dans les bibliothèques et pour faire suite à ses recommandations, elle organise des formations d’introduction en bibliothéconomie moderne, d’une durée de six mois, pour combler des postes d’aide-bibliothécaires. Afin de promouvoir le développement du système de bibliothèques régionales antillaises, Stewart fait une demande d’aide financière auprès du British Council en vue d’accueillir des étudiants d’autres régions à suivre la formation d’introduction à la bibliothéconomie à Trinité. La première cohorte de la formation en bibliothéconomie moderne, terminant en février 1944, ne comptait alors que neuf étudiants en provenance de l’île d’Antigua, de la Barbade, de la Guyane britannique et de Trinité. Au retour des étudiants sur leurs îles respectives, il est attendu que ceux-ci aident à la réorganisation de leurs bibliothèques locales. Les élèves, ayant complété la formation initiale, peuvent notamment s’inscrire à d’autres formations plus avancées. En outre, ces formations étaient conçues pour répondre aux exigences du certificat pour débutants ou intermédiaires de la British Library Association. Selon Hill (2007), ce premier programme de formation d’aide-bibliothécaires des Caraïbes a été la plus importante contribution de Stewart à la bibliothéconomie des Antilles.
À cette époque, il y avait une collaboration fascinante entre la Cargenie Corporation de New York et le British Council pour soutenir la bibliothéconomie dans les Caraïbes de l’Est. Le projet de la Central Library regroupe le développement de la bibliothèque centrale de Trinité-et-Tobago et la bibliothèque régionale des îles Caraïbes. Ce projet était financé, en 1912, par une contribution monétaire de Andrew Carnegie, un industriel et philanthrope. Cette contribution permet notamment de faire des enquêtes régionales sur l’éducation dans les colonies et dominions britanniques, y compris une étude des installations et des services de bibliothèque dans la région des Antilles britanniques. L’étude a jeté les bases pour plus de subventions pour le projet de la Central Library. Plus précisément, l’étude recommande un financement plus important pour les bibliothèques publiques, une centralisation des services de bibliothèque dans les Antilles britanniques et le soutien au recrutement de bibliothécaires et d’aide-bibliothécaires diplômés et formés (Hill, 2007; Wikipédia, 2022c).
Au premier cycle universitaire, c’est le baccalauréat ès arts en bibliothéconomie et sciences de l’information ou le baccalauréat en sciences de l’information et des bibliothèques qui est offert au College of Science, Technology and Applied Arts of Trinidad and Tobago [COSTATT]. Au cycle supérieur, c’est la maîtrise en sciences de la bibliothèque [MLS] ou la maîtrise en bibliothéconomie et en sciences de l’information [MLIS] offerte à la University of the West Indies [UWI] de Mona en Jamaïque. Plusieurs autres opportunités sont aussi disponibles en bibliothèques, tels que des postes d’aide-bibliothécaires et de techniciens en bibliothèque, et peuvent être occupés par les étudiants durant leur parcours. Le développement de compétences spécialisées est désormais offert dans de nombreux domaines, tels que la dématérialisation, la gestion des connaissances et la littératie informationnelle (Library Association of Trinidad and Tobago [LATT], 2022a; NALIS, 2022b).
Association de bibliothèques
Library Association of Trinidad and Tobago (LATT)
En République de Trinité-et-Tobago, l’unique association de bibliothèques existante est la LATT. Fondée en 1960 par Dr. Alma Théodora Jordan, la LATT est une entité privée, incorporée par la Loi 11 de 1985, reconnue par l’IFLA et l’American Library Association [ALA]. L’association veut être un leader national, régional et international dans le domaine des bibliothèques et de l’information, établir les normes quant à la pratique et promouvoir les intérêts de ses membres. Leur mandat est de développer les compétences des professionnels de l’information en bibliothèque ainsi que faire progresser les services de bibliothèque et d’information et ce, tout en assurant l’accès à tous. Les objectifs de la LATT sont, entre autres, de promouvoir le développement de services et l’utilisation des ressources des bibliothèques et de l’information, fournir l’infrastructure appropriée pour administrer les affaires de l’association et développer et mettre en œuvre des mesures pour protéger le statut professionnel (Bibliothèques universitaires de Guadeloupe, 2022; James, 2000; LATT, 2022b).
L’adhésion est réservée aux personnes et institutions concernées par la bibliothéconomie ou les sciences de l’information, comme les archivistes, les étudiants inscrits à un programme d’études relatif à l’information, les bibliothécaires, les aide-bibliothécaires, les techniciens en bibliothèques, les bibliothécaires retraités et les centres de documentation. Toute demande d’adhésion doit être approuvée par le conseil d’administration de la LATT. La Constitution of the Library Association of Trinidad and Tobago décrit la structure du conseil exécutif et les rôles et responsabilités de chaque membre du conseil (LATT, 2014).
En 1972, le gouvernement de Trinité-et-Tobago a demandé à l’UNESCO les services d’un consultant pour effectuer une analyse approfondie de l’état des bibliothèques et des services de bibliothèques et pour établir les besoins futurs du pays, notamment en lien avec l’éducation. Ce rapport de 210 pages souligne entre autres l’importance de créer une bibliothèque nationale, et que celle-ci soit partiellement administrée par des bibliothécaires professionnels et des aide-bibliothécaires. D’ailleurs, les membres de la LATT ont participé activement aux entretiens sur le développement futur des bibliothèques et ont même compilé des documents de recherche pour étayer les données. Le rapport termine par une série de recommandations, à savoir que l’association devrait prendre une position de leadership typique d’une association professionnelle nationale dans les années à venir (Morton, 1972).
Cependant, en l’an 2000, l’association est critiquée pour son manque d’évolution depuis sa création. Un article publié par une membre de LATT, dans le contexte du 66e Conseil et Conférence générale de l’IFLA, affirme que la LATT devrait être plus pertinente au 21e siècle. L’auteur identifie trois principales lacunes à améliorer : augmenter le nombre d’adhésions et la participation active des membres, chercher à devenir l’autorité légale pour la réglementation de la profession dans le pays et être une entité financièrement viable. Ces trois points aideront non seulement à développer la discipline, mais assureront aussi un dynamisme auprès de chacun de ses membres quant à la profession et aux enjeux socioculturels, politiques et technologiques. Ainsi, en 2011, dans le contexte de la 77e conférence et assemblée générale de l’IFLA, un rapport confirme que la LATT a bel et bien évolué dans ses pratiques. Elle contribue désormais à mettre en avant le bénéfice de partenariats stratégiques, notamment en assurant la promotion des métiers de l’information et en apportant du soutien aux infrastructures existantes en bibliothèques (James, 2000; Peltier-Davis, 2011).
La LATT est membre d’associations professionnelles locales, régionales et internationales. Elle est affiliée à l’Association of Caribbean University, Research and Institutional Libraries [ACURIL], la Commonwealth Library Association [COMLA], la International Federation of Library Associations and Institutions [IFLA] et la Trinidad and Tobago Group of Professional Associations [TTGPA]. L’association chapeaute plusieurs comités permanents, tels que le comité de la rédaction, le comité de l’éducation et de la recherche et le comité des relations publiques. Créée par l’association, le Lynette Lashley-Hutchinson Award est décerné à des personnes qui ont contribué à l’association, à la profession ou à la discipline (LATT, 2014; LATT, 2022b).
Cadre législatif
Comme évoqué plus haut, la NALIS est le seul organisme national qui chapeaute et légifère dans le domaine bibliothéconomique. Les bibliothèques sur le territoire de Tobago sont sous la responsabilité du Tobago House of Assembly [THA] qui lui-même rend compte à NALIS. Il s’agit d’une institution ayant pour objectif de coordonner les bibliothèques de type nationale, publiques, scolaires et spécialisées (gouvernementales) sur le territoire, de s’assurer de la préservation et de la diffusion du patrimoine et de l’accessibilité à l’information pour l’ensemble des citoyens (IFLA, 2022b; Ministry of the Attorney General and Legal Affairs, 2016; Peltier-Davis, 2002). À la tête de cette institution, on retrouve un conseil d’administration sous la direction du ministre des Communications (NALIS, 2022b; Peltier-Davis, 2002).
NALIS a été fondée en 1998 par le NALIS Act No.18 dans le but de centraliser la gestion des trois différents services nationaux de bibliothèques déjà en place (Osborne, 2004; NALIS, 2022a). Dans la rédaction de cette loi, NALIS se donne une quinzaine de fonctions différentes qui se déclinent en quatre catégories. Elle se donne comme mandat de créer une bibliothèque nationale (ouverte en 2003) et d’y avoir une collection complète d’information disponible pour l’ensemble de la population, avec une emphase particulière sur les productions locales. En ce sens, elle veut préserver et promouvoir le patrimoine national. Étant sous l’autorité directe du ministre des Communications, elle s’engage également à être la facilitatrice des services scolaires et des agences gouvernementales (NALIS, 2022b); à jouer le rôle de consultante pour les bibliothèques publiques et privées et d’être le dépôt légal de toutes les publications, y compris gouvernementales. Une seule copie doit être déposée selon la Publication (Legal Deposit) Act (Act No.8, 5(1)). Elle veut être d’avant-garde en matière de formation aux compétences en littératie et de services aux bibliothèques et fournir des services aux personnes en situation de handicap ou résidents d’institutions gouvernementales, dont les prisons. Elle est le centre de la recherche et des sciences de l’information et la gestionnaire des ressources humaines dans le domaine bibliothéconomique (Ministry of the Attorney General and Legal Affairs, 2016).
NALIS se donne comme mission d’être le fournisseur national de services bibliothéconomiques et informationnels fiables, équitables et inclusifs. Cette mission se base sur les valeurs que sont l’intégrité, la fierté et la passion, l’orientation client et l’esprit d’équipe (NALIS, 2022b).
Information complémentaire/particularités
Services de bibliothèque pour les malvoyants et non-voyants
Dans l’exercice de l’une des fonctions mandatées par le NALIS Act, les bibliothèques se doivent de fournir un service d’information au profit des personnes physiquement défavorisées. Afin d’offrir un accès équitable et universel aux malvoyants et non-voyants, la construction de la nouvelle National Library inclut des salles spécialement meublées et équipées, avec des livres en braille, des livres audios et des vidéos descriptives. Quant à l’offre de service, elle est fournie par le biais d’outils technologiques assistés tels que le logiciel Job Access with Speech [JAWS] et le logiciel Magic Screen Magnification (Benson, 2003, p.2; NALIS, 2022c).
Jusqu’en 2001, les services de bibliothèque destinés à ce public se limitent à des livres en gros caractères (Benson, 2003, p.2). Grâce aux mesures et aux initiatives remarquables que NALIS a incorporé à travers ses bibliothèques, NALIS a été désignée comme entité autorisée en vertu du traité de Marrakech pour faciliter l’accès aux œuvres publiées pour les personnes non-voyantes, malvoyantes ou incapables de lire les imprimés (NALIS, 2019). Cette accession est suivie d’un autre jalon pour Trinité-et-Tobago. En 2022, NALIS a conclu un accord d’entité autorisée avec le Accessible Books Consortium [ABC] de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle [OMPI]. Cet accord permet désormais à la population d’avoir accès à plus de 730 000 titres en quatre-vingts langues dans une gamme de formats accessibles aux personnes malvoyantes (NALIS, 2022d).
Références
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Benson, P. (2003). Engaging partnerships: models of service I – Trinidad and Tobago [congrès]. World Library and Information Congress: 69th IFLA General Conference and Council, Berlin, https://archive.ifla.org/IV/ifla69/papers/168e-Benson.pdf
Bibliothèques universitaires de Guadeloupe. (2022). Disparition d’une figure des bibliothèques de la Caraïbe. https://buguadeloupe.univ-antilles.fr/alertes/disparition-une-figure-bibliotheques-caraibe.html
Boomert, A. (2016). The Indigenous Peoples of Trinidad and Tobago : From the First Settlers Until Now. Sidestone Press. https://ebookcentral.proquest.com/lib/umontreal-ebooks/reader.action?docID=4447605
Brereton, B. (1979). Race Relations in Colonial Trinidad 1870-1900. (Ser. Cambridge books online). Cambridge University Press. https://www.cambridge.org/core/books/race-relations-in-colonial-trinidad-18701900/A1DC5707FC3F32D8975FAA0671473669
Brereton, B. (1981). A History of Modern Trinidad, 1783-1962. Heinemann.
Carmichael, G. (1961). The History of the West Indian Islands of Trinidad and Tobago, 1498-1900. Alvin Redman.
Gillespie, R. G., et Clague, D. A. (2009). Encyclopedia of Islands (Ser. Encyclopedias of the Natural World, no. 2). University of California Press. https://ebookcentral.proquest.com/lib/umontreal-ebooks/reader.action?docID=593595&query=
Hill, C. (2007). Early days of the central library and the book van in trinidad and tobago. Libraries & the Cultural Record, 42(2), 180–191. https://www.jstor.org/stable/25549404
James, B. (2000). New wine in old bottles: making library associations more relevant in the 21st century, with special reference to the Library Association of Trinidad and Tobago (LATT) [conférence]. http://archive.ifla.org/IV/ifla66/papers/126-69e.htm
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LATT. (2014). Constitution. https://latt.org.tt/wp-content/uploads/2020/10/CONSTITUTION-OF-THE-LIBRARY-ASSOCIATION.pdf
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