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7 Indonésie

(Alix Carmel, Noémie Charest-Bourdon, Samuel Desnoyers, Billie-Anne Leduc, Romy Masella)

 

Profil du pays

 

L’Indonésie est un archipel de l’Asie du Sud-Est composé d’environ 17 000 îles, dont 922 sont habitées. Sa population est estimée à 278 millions d’habitants, il s’agit du quatrième pays le plus densément peuplé de la planète (Legge et al., 2023). Plus de 50% de la population d’Indonésie habite sur l’île de Java (Priyato, 2016). Ancienne colonie néerlandaise, le pays est sous occupation japonaise durant la Seconde Guerre mondiale et acquiert son indépendance le 17 août 1945 (Legge et al., 2023). Depuis 1949, le pays est une république constituée d’une trentaine de provinces, la ville de Jakarta en est la capitale. Le régime politique est de type présidentiel.

La population est assez hétérogène des points de vue ethnique, linguistique et religieux. Le recensement de 2010 dénombre plus de 1 300 groupes ethniques (BPS-Statistics Indonesia, 2015) et plus de 700 langues. La langue officielle est l’indonésien et la religion majoritaire est l’islam. Le système d’éducation public prévoit une instruction obligatoire de neuf ans, dont six de niveau primaire et trois de niveau secondaire. Des progrès significatifs ont été faits en termes d’accessibilité au cours des dernières décennies (ONU, 2023), la qualité de l’éducation doit être améliorée notamment en ce qui a trait au financement, à la formation du personnel et à la gestion (Rosser, 2018).

 

Histoire

 

La première bibliothèque en Indonésie fut la Batavian Kerkeraad, construite en 1624, qui était seulement accessible par les membres du clergé (Håklev, 2010a). Par la suite, le gouvernement colonial en a ouvert d’autres, dont la bibliothèque de l’Association Batava pour les arts et les sciences en 1778, qui deviendra plus tard le Musée national de l’Indonésie suite à l’indépendance de la République d’Indonésie en 1945.

À partir de 1863, les francs-maçons ont commencé à exploiter des bibliothèques pour offrir du matériel de lecture aux Européens moins aisés, pendant que l’Église catholique fondait des salles de lecture publiques (Håklev, 2010a). Ce faisant, presque toutes les grandes villes avaient une leszaal (bibliothèque publique) au début du XXe siècle, mais qui n’était accessible principalement qu’aux Européens, et ne contenaient pas de publications en langues autochtones indonésiennes.

En parallèle à l’émergence des bibliothèques publiques, l’Indonésie a vu émerger plusieurs bibliothèques informelles, des magasins de location de livres et autres systèmes de distribution de livres. Par exemple, il existe des preuves de l’existence de bibliothèques privées de locations de manuscrits, entre 1790 et 1900 environ, à Jakarta (Håklev, 2010a).

Durant la période de colonisation néerlandaise est apparu le premier système national de bibliothèque, en 1908. 608 bibliothèques ont été créées dans les écoles, mais elles ne contenaient que des documents en hollandais, et n’étaient réservées qu’aux Indonésiens d’une classe sociale élevée (Kamil, 2004). Les bibliothèques ouvertes à un plus large public ont ainsi été développées plus tard.

En 1930, on comptait 2 686 bibliothèques, mais la plupart ont été détruites entre 1942 et 1945, durant l’occupation japonaise (Håklev, 2010a). Après l’indépendance, le gouvernement indonésien a lancé un projet de créer des « bibliothèques du peuple », usant de bibliothécaires bénévoles dans 16 000 villages. En 1965, des raids ont été menés dans les bibliothèques afin de supprimer les ouvrages d’auteurs communistes. Dans les années 1970 et 1980, il y eu émergence des bibliothèques de type « jardins de lecture », qui ont été le précurseur de la grande vague de jardins de lecture qu’on retrouve en Indonésie encore aujourd’hui, qui peuvent également faire office de bibliothèques communautaires, que le ministère de l’Éducation estime à environ 5 400 (Håklev, 2010a).

Suite à la démission du deuxième président indonésien à diriger le pays en 32 ans, Soeharto, en 1998, la réforme a mis de l’avant les droits humains et les questions de démocratie, ce qui a fait en sorte que beaucoup de gens ont commencé à réaliser l’importance de l’accès à l’information et aux bibliothèques publiques offrant des services complets, qui seraient ouvertes à tous et non contrôlées par le gouvernement. Les Indonésiens comprennent alors que l’éducation est importante, comme l’accès à l’information, et le rôle que jouent les bibliothèques publiques (Kamil, 2004).

L’Indonésie est aujourd’hui le pays avec la plus grande population de musulmans au monde, mais six religions officielles sont reconnues. Comme l’Islam est une « religion du Livre », celle-ci a toujours prôné l’importance de la capacité de lire, et cela a ainsi influencé l’augmentation du niveau d’alphabétisme dans les années 1980 (Håklev, 2010a).

En 2004, on dénombrait une Bibliothèque nationale, 25 bibliothèques provinciales, 519 bibliothèques universitaires, 12 620 bibliothèques scolaires, 769 bibliothèques publiques au niveau des villes et 800 bibliothèques spécialisées (Kamil, 2004).

 

Types de bibliothèques

 Bibliothèques académiques

 

La responsabilité des bibliothèques des institutions d’éducation supérieure est divisée entre le ministère de l’Éducation Nationale et le ministère des Affaires Religieuses. En 2013, le premier supervisait un total 2 428 bibliothèques, dont 81 publiques et 2 347 privées. Le deuxième supervisait 454 institutions islamiques, don 52 publiques et 402 privées (Maesaroh et Genoni, 2013).

Les bibliothèques académiques de Jakarta et d’autres grandes villes de l’île de Java sont grandes, mais leurs collections sont assez pauvres. Sur le reste du territoire, et surtout dans les milieux ruraux, les bibliothèques ne sont pas suffisamment développées pour répondre aux besoins de la population. Les financements obtenus pour le développement du réseau visaient principalement la construction d’impressionnants bâtiments ou l’automatisation de processus. Le développement et maintien des collections et la formation du personnel ont toutefois été relégués au second plan (Stoker, 1992). Les bibliothécaires de ce milieu sont mal formés et n’ont pas les compétences requises pour assurer le fonctionnement optimal de leurs organisations. Cette carrière n’est pas attirante pour les Indonésiens. Elle est mal rémunérée et représente une grande charge de travail et de stress. Dû entre autres à la qualité des bibliothèques académiques, le niveau de l’éducation supérieure en Indonésie est assez faible (Maesaroh et Genoni, 2013).

Dans le milieu académique, l’utilisation des ordinateurs pour la gestion des activités quotidiennes a débuté vers la fin des années 1980. Les projets de numérisation des collections qui suivront cette transition seront ralentis par le manque de formation technique du personnel, le manque de volonté des institutions, l’absence du matériel nécessaire et le manque de ressources financières. En 2004, moins de la moitié des bibliothèques académiques publiques et moins de 10% des bibliothèques académiques privées avaient commencé la numérisation de leurs documents (Sulistyo‐Basuki, 2004). Dans la dernière décennie, les bibliothèques académiques s’attaquent au développement de la recherche et à l’amélioration de la littératie informationnelle. Les bibliothécaires sont encouragés à devenir des tuteurs et des accompagnateurs. L’emphase est mise sur la relation avec les usagers et les chercheurs (Apriliyanti et Muhummad, 2022).

 

Bibliothèques scolaires

 

Aujourd’hui, Ayuningtyas et al. (2023) estiment que 90% des écoles indonésiennes possèdent une bibliothèque scolaire; le développement de ce type de bibliothèque est basé sur les missions et valeurs de l’école dont elle relève. Pour l’Association des bibliothécaires scolaires de l’Indonésie (AISL), la formation de bibliothécaires compétents est un enjeu primordial pour les bibliothèques scolaires, étant donné que celles-ci sont le plus souvent gérées par des enseignants (Ayuningtyas et al., 2023). Toutefois, la littératie, soit la capacité à identifier, comprendre, interpréter, communiquer et réutiliser l’information dans divers contextes (UNESCO, 2018, cité par Srirahayu et al., 2021) est une préoccupation encore plus grande pour le gouvernement indonésien. En effet, bien qu’en 2018, l’UNESCO rapportait un taux d’alphabétisation de 99,7% chez les Indonésiens de 15-24 ans, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) révèle un niveau de littératie faible (UNESCO, 2018, cité par Srirahayu et al., 2021; Rachmawati et Ekowiyanti, 2021; Srirahayu et al., 2021). Afin d’améliorer les aptitudes de littératie des élèves et de cultiver chez eux l’habitude de la lecture, le gouvernement indonésien a mis sur pied en 2016 le Mouvement pour la littératie scolaire, un programme proposant diverses activités de littératie (par exemple, un quinze minutes de lecture par jour) selon le niveau des élèves (Rachmawati et Ekowiyanti, 2021; Srirahayu et al., 2021).

Certaines études se contredisent quant à l’importance concrètement accordée aux rôles des bibliothèques et bibliothécaires scolaires dans la réalisation de ce programme. Rachmawati et Ekowiyanti (2021) déplorent que les bibliothécaires scolaires soient sous-estimés et sous-sollicités, et identifient les différents rôles qu’ils pourraient assumer pour contribuer significativement au développement de la littératie des élèves. Srirahayu et al. (2021) révèlent cependant que les bibliothécaires scolaires de l’Est de Java jouent un rôle fondamental dans l’implantation du programme de littératie. Cette étude souligne la forte implication des bibliothécaires scolaires participant à ce programme, ainsi que leur contribution en tant que spécialiste de l’information, d’enseignant, d’administrateur du programme et de collaborateur auprès du personnel de l’école (Srirahayu et al., 2021).

 

Bibliothèques publiques

 

En 2004, le nombre de bibliothèques publiques en Indonésie était estimé à 769 et leur lent développement ne permettait pas d’atteindre les objectifs du Manifeste de l’UNESCO (Kamil, 2004). Le fait que ces établissements soient gérés par le gouvernement et se trouvent presqu’exclusivement dans les grandes villes rendaient les bibliothèques publiques peu accessibles aux yeux de la population indonésienne, qui développa ses propres bibliothèques communautaires (Kamil, 2004). Aussi appelées « jardins de lecture indépendants », ces bibliothèques sont le fruit d’initiatives locales indépendantes et font rarement l’objet de financement externe; elles sont supportées par la communauté autour de laquelle elles se forment et sont axées sur leurs besoins (Håklev, 2010b). Ces initiatives indépendantes, estimées à 5 400 en 2010, sont, le plus souvent, créées par des gens qui ne possèdent pas de formation en bibliothéconomie ou en gestion (Håklev, 2010b). Néanmoins, par leur proximité avec leurs communautés, les jardins de lecture indépendants favorisent les échanges et offrent des services plus personnalisés en termes de livres et d’activités, ainsi que des approches d’apprentissage variées; ces services sont d’une importance cruciale dans les zones de conflit et les bidonvilles, où les écoles sont moins accessibles (Kamil, 2004). Le fait que les bibliothèques communautaires s’entraident et collaborent entre elles malgré leur grande diversité contribue au caractère unique de ce phénomène en Indonésie (Håklev, 2010b). Un réseau important pour les jardins de lecture indépendants est l’organisation 1001 Buku qui, en plus de collecter et de distribuer des livres pour enfants, permet aux bénévoles de différentes initiatives de communiquer virtuellement afin d’échanger de l’information, de partager leurs expériences et de créer des contacts (Håklev, 2010b). Plus récemment, le gouvernement indonésien a mis en place des bibliothèques publiques en régions rurales. En plus de combler gratuitement les besoins d’information des communautés rurales, ces bibliothèques favorisent leur autonomie et leur essor par le développement de leurs aptitudes et de leur littératie (Cahyani et Wicaksono, 2021).

 

Bibliothèque nationale

 

La Bibliothèque nationale de l’Indonésie, créée en 1980 à Jakarta, est le résultat de la fusion de cinq institutions : la Bibliothèque de l’Histoire Politique et Sociale, le Département de la Bibliographie et des Dépôts, la Bibliothèque du Département de l’Éducation et la Culture de Jakarta et la Bibliothèque du Musée National. Cette nouvelle institution est principalement responsable de la documentation en sciences humaines et sociales. L’agriculture, les sciences pures et la médecine sont prises en charge par des bibliothèques académiques spécialisées (Massil, 1989). Actuellement, la Bibliothèque nationale occupe plusieurs rôles. En plus des tâches liées à la gestion quotidienne des documents physiques et numériques, elle offre des services de référencement, d’accompagnement des usagers et de reproduction et transformation des médias. Elle coopère avec des organisations non-gouvernementales et d’autres bibliothèques pour promouvoir le goût à la lecture et la littératie. Finalement, elle guide les agences dans l’obtention des codes d’identifications de leurs publications. En 2008, près de 700 personnes étaient employées par la bibliothèque (National Library of Indonesia, 2008).

L’édifice de la bibliothèque comporte 24 étages, en faisant la plus haute Bibliothèque nationale au monde. Sur ces 24 niveaux sont offerts une multitude de collections et services. On y retrouve, entre autres, un espace dédié aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite, une salle de projection pouvant accueillir jusqu’à 35 personnes et une cafétéria avec plusieurs options de restaurants. Des collections de monographies, documents cartographiques, encyclopédies et des dizaines d’ordinateurs, permettant la consultation et l’emprunt de fichiers numériques, sont accessibles aux visiteurs. Sur tous les étages, des bibliothécaires sont disponibles pour accompagner les usagers (Wira, 2017).

 

Bibliothèques spécialisées

 

Le nombre de bibliothèques spécialisées en Indonésie augmente d’année en année. En 2005, on en comptait 994 dans 136 villes. La majorité d’entre elles ont pour thèmes la religion, l’économie, le social, l’agriculture, l’éducation, le droit et la médecine. Les bibliothèques les plus anciennes datent de 1842, 1886 et 1887 (Tambunan, 2013).

La bibliothèque du Bureau central des statistiques est une bibliothèque avec un service de consultation sur place. La bibliothèque de la Haute Cour de Java Est est une bibliothèque de droit située dans le palais de justice de Java. De plus, il y a une bibliothèque du Département des travaux publics de Cipta Karya, qui fonctionne par libre-service. On retrouve la bibliothèque spéciale du ministère du Revenu et la bibliothèque du département de l’élevage dans la province de Java Est, ainsi que la bibliothèque du bureau de santé dans la ville de Surabaya, ainsi qu’une bibliothèque de l’Agence nationale de planification familiale et de protection sociale (Harisanty, 2019).

Il existe cinq médiathèques du réseau de l’Institut français en Indonésie, comprenant le prêt de ressources francophones et indonésiennes, par exemple des consoles de jeux vidéo et de VR, et donnant des ateliers et conférences (Institut français Indonésie, 2020).

Une enquête a été menée auprès de 10 bibliothèques spécialisées de Jakarta et Bogor en Indonésie qui gèrent de l’information numérique et servent le public, par les chercheurs Yeni Budi Rachman et Saiful Afidhan, qui en font état dans leur article Digital Disaster Preparedness of Indonesian Special Libraries. Ces chercheurs ont questionné les bibliothèques spécialisées par rapport à la manière dont elles anticipent les dangers du numérique, et quelles protections elles ont, par exemple, face aux pannes de courant, aux virus et aux cyberattaques. Cette enquête a montré l’importance de se doter de politiques de protection pour les collections numériques qui sont de plus en plus grandes aujourd’hui pour les bibliothèques spécialisées de l’Indonésie (Rachman et Afidhan, 2018).

 

Cadre éducatif en sciences de l’information

 

L’éducation en sciences de l’information et bibliothéconomie en Indonésie a commencé dans un contexte post-colonial de hauts taux d’analphabétisme. Afin de remédier à cette situation, le gouvernement a fait ouvrir de nombreuses bibliothèques publiques. Avec cette mesure, ils se retrouvaient face à un énorme besoin d’employés à former (Priyanto, 2016).

Le plus vieux programme en bibliothéconomie a été fondé en 1952 par le Département de l’Éducation (Priyanto, 2016). Ce programme a vécu plusieurs refontes jusqu’en 1982, année où le gouvernement a mis en place une réforme éducative générale. Celle-ci était basée sur la séparation de toute étude supérieure en deux types de programmes : Vocational et Diploma (Priyanto, 2016). Les programmes vocationnels (non-formels) s’appuient sur une approche pratique, alors que les programmes diploma (formels) s’appuient sur une approche théorique (Zen, 2016).

Les premiers programmes d’études supérieures en sciences de l’information sont fondées dans les années 1990 en Indonésie (Priyanto, 2016). Dans ces mêmes années, le gouvernement envoie des employés des bibliothèques étudier en Angleterre pour obtenir une maîtrise (Priyanto, 2016). Cette même époque voit une hausse importante des inscriptions dans les programmes de sciences de l’information (Priyanto, 2016). Les années 2000 marquent le véritable essor des études en sciences de l’information avec la bonification des programmes et la spécialisation de la recherche dans les différentes universités (Variant, 2018). En 2007, le gouvernement passe le Act on Librarianship qui oblige les bibliothécaires à avoir une éducation formelle. Actuellement, 29 universités indonésiennes offrent des programmes de premier cycle universitaire en sciences de l’information et 5 d’entre elles offrent également un programme de maîtrise (Priyanto, 2016).

Tel que vu plus haut, il y a deux types de diplômes en sciences de l’information. Le programme vocationnel, celui qui adopte une approche pratique, a un cursus qui dure de 2 à 4 ans, dépendamment des institutions. Il offre une éducation informelle dans des institutions, associations et organisations (Zen, 2016). Le deuxième type de diplôme est plus long à compléter, de 4 à 6 ans et adopte une approche théorique. C’est le programme Diploma (Zen, 2016). Ce dernier se donne dans les universités.

La maîtrise, quant à elle, est d’une durée de 2 à 3 ans, toujours dépendamment de l’université qui l’enseigne. Actuellement, il n’y a pas de programme de doctorat en sciences de l’information en Indonésie (Priyanto, 2016).

Afin d’obtenir un emploi de bibliothécaire cheffe, dans l’administration d’une bibliothèque, il est nécessaire d’avoir complété une maîtrise, alors que pour obtenir un poste de bibliothécaire, il faut avoir un diplôme de premier cycle universitaire (Priyanto, 2016). Selon la loi, le Act on Librarianship de 2007, l’éducation minimale pour obtenir un poste de bibliothécaire est de 2 ans, donc l’éducation informelle offerte dans différentes institutions (Zen, 2016).

Les programmes universitaires en sciences de l’information varient énormément d’une université à l’autre, car ils sont tous sous la tutelle de facultés différentes, ils n’ont pas leur propre faculté. Par exemple, si le programme est placé dans la faculté des sciences humaines, les cours sont teintés par les études culturelles, littéraires et de sciences humaines, alors que si le programme est placé sous la faculté de communication, les cours sont teintés par la théorie en communication et en sciences sociales (Priyanto, 2016).

Priyanto (2016) souligne plusieurs défis que l’Indonésie doit relever afin d’élever leur éducation en sciences de l’information. Il remarque d’abord l’absence de programme doctoral en sciences de l’information. Il note qu’il y a eu des discussions pour la fondation d’un doctorat dans certaines universités, mais qu’elles ont toutes échoué à se concrétiser pour des raisons administratives. Il souligne également que peu d’étudiants indonésiens sont intéressés à aller étudier dans un autre pays pour compléter un doctorat.

À cause de cette lacune dans l’éducation, il y a peu d’enseignants en sciences de l’information qui ont un doctorat. Dans tout le pays, il y a un seul professeur qui a un doctorat en sciences de l’information. Plusieurs autres enseignants ont des doctorats dans des disciplines connexes, alors que la majorité des enseignants n’ont qu’une maîtrise.

Priyanto note aussi un écart entre la loi de 2007 et la réalité : ce n’est pas la majorité des bibliothécaires qui ont l’éducation exigée légalement. Il explique cet écart par le manque de programmes universitaires en comparaison avec le nombre de bibliothèques. Également, il remarque que la majorité des programmes de premier et de deuxième cycle se retrouvent sur l’île de Java et qu’il y en a peu sur les autres îles, particulièrement dans l’est du pays. Le résultat est prévisible : il y a peu de professionnels dans l’est de l’Indonésie.

En résumé, les programmes éducatifs en sciences de l’information sont assez jeunes en Indonésie à cause de leur passé colonial, mais la situation actuelle s’est beaucoup améliorée dans les dernières années, bien qu’il reste plusieurs avancées à faire encore.

 

Association de bibliothèques

 

En Indonésie, on retrouve treize organisations professionnelles de bibliothécaires (Zen, 2016). La plus ancienne organisation est l’Indonesian Library Association (ILA). Elle a été fondée en 1973 (Zen, 2016). Parmi les autres associations, on peut compter des associations de bibliothèques religieuses, académiques, spécialisées, publiques, scolaires et numériques, toutes fondées entre 1983 et 2008 (Zen, 2016).

L’ILA reste néanmoins l’organisation professionnelle la plus importante en Indonésie. En indonésien, l’ILA s’appelle plutôt la Ikatan Pustakawan Indonesia (IPI), mais la majorité de leurs communications sont en anglais, puisqu’il y a de nombreux dialectes sur les différentes îles de l’Indonésie. Le dirigeant de l’ILA est toujours de facto le président de la Bibliothèque nationale. Cette politique a été adoptée en 1980. Les bureaux de l’organisations sont à Jakarta, dans le bâtiment de la Bibliothèque nationale (Gani et Zen, 2009). Néanmoins, l’ILA est une organisation très décentralisée. Elle comporte des branches dans toutes les 33 provinces du pays. Chaque branche a beaucoup d’indépendance : elle peut déterminer leurs programmes en fonction des besoins de leur territoire (Gani et Zen, 2009).

Les branches se réunissent annuellement aux congrès organisés par l’ILA où des milliers de membres se rencontrent pour discuter des enjeux de la profession (Gani et Zen, 2009). Une autre mesure de communication entre les branches est la publication d’une infolettre par l’ILA (Gani et Zen, 2009). L’ILA s’est donné comme mandat trois missions principales : (1) aider les bibliothécaires dans leur travail ; (2) promouvoir la bibliothéconomie comme discipline faisant la promotion de l’éducation, de la science et du bien-être de la population ; (3) innover en sciences de l’information (Gani et Zen, 2009).

Gani et Zen notent, dans les dernières années, une insatisfaction croissante des membres envers l’ILA. Les membres dénoncent un manque d’innovation et de dynamisme de la part de l’organisation. Gani et Zen remarquent également une réponse de l’ILA face à ces protestations : l’association effectue des actions pour regagner la confiance de ses membres, tel que mettre l’accent sur la fondation de nouvelles communautés, mais également sur le renforcement des communautés existantes. Au congrès de 2020, qui soulignait le 47e anniversaire de l’ILA, le directeur de l’association, T. Syamsul Bahri, dans son discours, a mis l’emphase sur l’importance de l’accès à l’information pour toute la population (IFLA, 2020).

 

Cadre législatif

 

En 1980, la Bibliothèque nationale est créée par un décret ministériel du ministère de l’Éducation et de la culture dans le but d’assurer le développement de cette institution. En 1989, un décret présidentiel fait de la Bibliothèque nationale une agence gouvernementale non ministérielle, ce qui implique qu’elle relève désormais directement du président (National Library of Indonesia, 2008). Plusieurs décrets présidentiels ont été adoptés au tournant du XXIe siècle afin de préciser le statut et les obligations de cette institution. La majorité des lois que nous avons retracées concernant le cadre législatif des bibliothèques de l’Indonésie visent à encadrer et soutenir le rôle central exercé par la Bibliothèque nationale.

La loi numéro 4 adoptée en 1990 concerne le dépôt légal et prévoit l’obligation pour les éditeurs et les entrepreneurs en enregistrement de soumettre leurs ouvrages, qu’ils soient sous forme imprimée ou enregistrée, à la Bibliothèque nationale et à la bibliothèque régionale. Cette loi visait à supporter la Bibliothèque nationale dans son rôle de collecte, de conservation et de préservation de l’ensemble des ouvrages publiés dans le pays (Perwati et Salim, 2018). Perwati et Salim suggèrent une modernisation de la loi afin de permettre le dépôt électronique des documents qui faciliterait la tâche à la fois de la Bibliothèque nationale et des éditeurs (2018).

En 2007, le gouvernement d’Indonésie a adopté la Library Act (loi numéro 43 de 2007) qui stipule que la Bibliothèque nationale doit miser sur son rôle fédérateur auprès des autres types de bibliothèques pour travailler à la mise en place de mesures éducatives de façon équitable et efficace à travers le pays. Un article de cette loi précise que la bibliothèque joue un rôle déterminant en matière d’éducation, de recherche, de préservation de l’information ainsi que de divertissement, et que son rayonnement devrait favoriser le développement de l’intelligence et de l’autonomisation (empowerment) de la population (Salahudin et al, 2021). Un autre article insiste sur la nécessité de développer l’habitude et de goût de la lecture en milieu scolaire (Rashmawati et Ekowiyanti, 2016). La Library Act vise à établir les principes d’accès équitable et de justice sociale et stipule que tous les citoyens indonésiens devraient pouvoir bénéficier des services de la Bibliothèque nationale peu importe leur emplacement géographique (Salahudin et al, 2021). La situation géographique de l’Indonésie pose en effet un défi de taille puisqu’elle engendre des barrières majeures à l’accès pour les individus qui ne résident pas dans les îles les plus populeuses (National Library of Indonesia, 2008). Considérant l’importante hétérogénéité de la population, les enjeux de diversités linguistique et culturelle doivent également être très présents dans les réflexions pour un accès équitable aux bibliothèques.

Toujours en 2007, le gouvernement a promulgué la Act on Librarianship qui formalise la nécessité d’une formation pour pouvoir exercer la profession de bibliothécaire. Cette loi témoigne du besoin et des exigences grandissantes des différents milieux d’exercice qui nécessitent l’embauche de bibliothécaires dotés d’une maîtrise en sciences de l’information (Priyanto, 2016).

En raison du passé colonial et des traditions culturelles locales, la culture bibliothéconomique est relativement récente en Indonésie, mais néanmoins, le besoin de formation et d’encadrement de la profession et des institutions est un souci important pour l’État et les professionnels de l’information. L’année 2007 est sans équivoque une année importante pour la bibliothéconomie indonésienne, les lois adoptées répondaient fort probablement aux demandes exprimées depuis plusieurs années par les acteurs des bibliothèques. Ces lois viennent ancrer dans le cadre juridique du pays le rôle crucial exercé par les bibliothèques, tout particulièrement de la Bibliothèque nationale, ainsi que le statut des bibliothécaires (National Library of Indonesia, 2008).

 

Information complémentaire/particularités

 

Quelques initiatives de bibliothèques ont été mises sur pied par la communauté afin de promouvoir la lecture. Par exemple, Ridwan Sururi se promène dans les villages avoisinants Java avec sa bibliothèque-cheval, une bibliothèque mobile originale qu’il a installée sur son cheval Luna (De Sepausy, 2016). Une « bibliothèque dans les nuages » a été mise sur pied en milieu rural au nord de Bali, dans le village de Wanagiri, par l’organisme Déroutes et détours (Bali Autrement, 2017). Une micro-bibliothèque construite en 2012 avec des pots de glace recyclés dans la région de Bandung a décroché un prix d’architecture international (Litzler, 2017).

 

Références

 

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Ayuningtyas, A. A., Heriyanto, Irhandayaningsih, A. et Ganggi, R. I. P. (2023). School Library Censorship: Looking at the Perspective of a School Librarian Association in Indonesia. International Federation of Library Associations and Institutions, 49(3), 587–595. https://doi.org/10.1177/03400352231180229

Bali Autrement. (2017). Une bibliothèque dans les nuages. Bali autrement. https://www.baliautrement.com/biblio_bali_indonesie.htm

BPS-Statistics Indonesia. (2015). Mengulik Data di Indonesia, https://www.bps.go.id/news/2015/11/18/127/mengulik-data-suku-di-indonesia.html , consulté le 1 décembre 2023.

Cahyani, T. et Wicaksono, M. F. (2021). The Role of Rural Library in Community Empowerment (Leshutama Library Case Study). Library Philosophy and Practice, 1-14. https://www.proquest.com/lisa/docview/2582231386/fulltextPDF/FA8CC95CDF664289PQ/1?accountid=12543&sourcetype=Scholarly%20Journals

De Sepausy, V. (2016, 3 Janvier). Indonésie : il fait route avec un cheval-bibliothèque pour faire lire les enfants. Actualité : les univers du livre. https://actualitte.com/article/34597/insolite/indonesie-il-fait-route-avec-un-cheval-bibliotheque-pour-faire-lire-les-enfants

Gani, F. et Zen, Z. (2009). Reinventing Library Association: Indonesia’s Experience and Perspectives. Dans Congress of Southeast Asian Librarians, 14th of Congress of Southeast Asian Libraries (CONSAL XIV) (p. 398-405). Bộ văn hóa, thể thao, và du lịch.

Håklev, S. (2010). Community Libraries in Indonesia: A Survey of Government-Supported and Independent Reading Gardens. Library Philosophy and Practice. University of Toronto.

Håklev, S. (2010). Factors that Contributed to the Community Library Movement in Indonesia. Libri: International Journal of Libraries & Information Services, 60(1), 15-26. https://doi.org/10.1515/libr.2010.002

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