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10 Niger

(Audrey Dufour, Bruno Gilbert-Samson, Dominique Pelletier, Elizabeth Lavoie, Liza Leblond)

Profil de pays

Le Niger, également appelé République du Niger, est une ancienne colonie française ayant acquis son indépendance en 1960; conséquemment, la langue officielle y est le français, bien que le hausa et le zarma y soient également communément parlés (CIA, 2023). Localisé en Afrique de l’Ouest et partiellement traversé par les régions sahélienne et saharienne, le pays dont la superficie est d’un peu plus de 1,26 million de kilomètres carrés partage des frontières avec sept autres pays (Fuglestad, Laya et al., 2023). En décembre 2023, la population du Niger s’élève à un peu plus de 25 millions d’habitants. Notons toutefois que, avec son taux de fertilité record dénombrant le nombre d’enfants par femme à une moyenne de sept, la population nigérienne connaît l’un des taux de croissance les plus élevés au monde (CIA, 2023). La République du Niger se retrouve par ailleurs dans le palmarès des pays où on retrouve les pires conditions de vie. Selon deux rapports de l’ONU, le pays aurait l’un des pires index de pauvreté (UNDP, 2023) et le pire indice de développement humain (UNDP, 2022) au monde, en raison de sa basse espérance de vie, ses très bas taux de scolarisation et de littératie (Fuglestad, Laya et al., 2023), et son revenu national brut par habitant peu élevé. Le gouvernement nigérien a été victime d’un coup d’État le 26 juillet 2023. En conséquence, le gouvernement a été renversé et la population est partagée entre les partisans de l’ancien président et le régime militaire au pouvoir (Savard, 2023).

Histoire

L’espace géographique qui constitue aujourd’hui le Niger est habité depuis la préhistoire, mais le Niger comme nous le connaissons maintenant est le résultat de la période coloniale. Les explorations du territoire concerné prennent initialement place à la fin du XIXe siècle, avec les explorations des Anglais, des Allemands et des Français. Lors du partage de l’Afrique parmi les différentes forces coloniales à la fin de 1884, comme nous le savons aujourd’hui, c’est la France qui prend sous son emprise le Niger. La République du Niger est donc une ancienne colonie française; la présence de la France s’intensifie au début du XXe siècle pour finalement s’éteindre en 1960, moment de la libération d’un bon nombre de pays d’Afrique subsaharienne. L’histoire de l’État continue d’être troublée; le pays devient une république démocratique à parti unique et à tendances autoritaires, puis connaît plusieurs soulèvements et coups d’État, pour finalement obtenir la démocratie en 2011 (Gazibo, Gazibo et Grégoire, s.d.).

La dissémination des savoirs dans l’époque postcoloniale se fait principalement par voie orale, les capacités de lecture étant réservées aux érudits; en ce sens, la communication orale et sa documentation jouent un rôle important dans les développements des bibliothèques d’aujourd’hui, l’acteur principal étant le Centre de Recherche et de Documentation pour la Tradition Orale (CELHTO). De façon générale, l’histoire des bibliothèques y est également fortement influencée par l’éducation et l’alphabétisation, qui ont toutes deux encore aujourd’hui des lacunes majeures (Cummings, 2018). Une bonne partie des efforts actuels de développement des bibliothèques – et parallèlement de l’éducation et des littératies – dans la république sont liés à des initiatives d’organisation internationale comme l’UNESCO et l’IFLA, cette dernière ayant une subdivision subsaharienne dédiée à cette cause. (ILFA, 2023)

Types de bibliothèques

Bibliothèques nationale et publique

Au Niger, les bibliothèques publiques sont chapeautées par le Centre National du Réseau des Bibliothèques et de la Lecture Publique (CNRBLP). Les missions du CNRBLP comprennent :

la mise en réseaux des bibliothèques existantes et la création de nouvelles autres ; la gestion et l’animation du réseau des bibliothèques de lecture publique; l’appui aux bibliothèques scolaires, associatives, ouvertes à tous les publics [;] la formation professionnelle et continue du personnel des bibliothèques ; le soutien à la diffusion de la tradition orale et des cultures locales ; l’incitation et le développement de la création littéraire en langues nationale et en français [et] le développement et le renforcement du partenariat et des jumelages au niveau national et international. (Ministère de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, 2023)

Le CNRBLP, organisé en tant que service public administratif, comprend plusieurs divisions traitant des bibliothèques, de l’animation, de l’édition et de la formation. Il coordonne actuellement un réseau de 34 bibliothèques de lecture publique et utilise un bibliobus pour étendre l’accès au livre dans des zones périphériques. Le Centre fonctionne avec une subvention annuelle de l’État et travaille en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux. Bien qu’il n’ait pas d’autonomie financière, le CNRBLP s’efforce d’améliorer son cadre institutionnel pour renforcer son impact : il mène diverses activités éducatives et récréatives, publie un bulletin d’information, collecte et publie des contes, en plus d’assurer la formation du personnel des bibliothèques. Le CNRBLP envisage de renforcer son autonomie financière et de gestion, de mailler l’ensemble du territoire national avec des bibliothèques de proximité, de relancer des partenariats stratégiques, de dynamiser les clubs des Amis du livre, de former et de renforcer les capacités du personnel et, éventuellement, d’informatiser les centres de lecture publique.

En ce qui concerne la bibliothèque nationale, bien que les premiers décrets portant sur sa création aient été ratifiés en 2009 (et les derniers en 2018), ce n’est qu’à partir de la fin de l’année 2020 et le début de l’année 2021 que l’équipe dirigeante a pris ses fonctions. D’après une longue entrevue accordée le 17 février 2023 par le directeur national de la bibliothèque nationale du Niger, M. Edouard Lompo Amadou, et retranscrite dans le journal Le Sahel, l’institution est désormais fonctionnelle, bien que certaines étapes restent encore à accomplir. Actuellement, la bibliothèque dispose d’un espace de lecture ouvert au public, mais le personnel est limité, principalement composé des responsables et de quelques volontaires du service civique national. Selon les termes de monsieur Lompo Amadou lui-même, la mission de la bibliothèque nationale va au-delà de celle d’une bibliothèque “ordinaire” : elle est, en effet, chargée du dépôt légal, soit de collecter, conserver, cataloguer et exploiter la production nationale, englobant non seulement des livres, mais aussi des photos, des films, du son, de l’art, etc. (Le Sahel, 2023). Pour faire face à l’espace limité, l’institution envisage la numérisation de ses collections – dont une partie se trouve actuellement aux archives nationales. Dans l’état actuel des choses, la bibliothèque ne dispose pas des ressources humaines et technologiques nécessaires pour accomplir la tâche : elle compte donc sur ses partenaires techniques et financiers pour l’aider en ce sens.

Bibliothèques spécialisées

À l’exception de quelques-unes, la présence de bibliothèques spécialisées au Niger est très peu documentée. Les quelques bibliothèques spécialisées dont la présence est bien connue se situent dans la capitale du pays, Niamey, où la majorité des activités d’enseignement supérieur et de recherche sont exécutées; les bibliothèques spécialisées qui n’ont pas de lieu physique sont également gérées par des institutions siégeant dans la capitale.

De ce type de bibliothèques, trois établissements ont une présence en ligne et dans les médias les rendant plus accessibles : la bibliothèque de l’institut de recherche en sciences humaines, la bibliothèque virtuelle du CILSS, et la bibliothèque Rosa Parks à l’ambassade américaine. La première, la bibliothèque de l’institut de recherche en sciences humaines (bibliothèque de l’IRSH), se retrouve à la jonction de la bibliothèque spécialisée et de la bibliothèque universitaire. L’IRSH – fondé en 1944 – concentre ses efforts de recherche dans le domaine des sciences sociales, particulièrement au Niger et en Afrique; de ce fait, la bibliothèque se compose de documents d’une variété de disciplines des sciences sociales, nommément l’art et l’archéologie, l’histoire, la linguistique, la sociologie, la géographie et l’aménagement, et la littérature arabe et ajami. (IRSH UAM Niger, 2023) La bibliothèque virtuelle DUDDAL du CILSS est partiellement liée au Centre de Documentation du CILSS, couvrant de la documentation concernant une variété de pays du Sahel. En lien avec la mission du Comité Permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse et en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, DUDDAL propose de la documentation accessible en ligne sur l’agriculture et le développement rural au Niger. (DUDDAL, s.d.) Finalement, la bibliothèque Rosa Parks est une initiative de l’Ambassade américaine à Niamey. Elle fait partie d’un réseau de « centres américains », et a pour objectif la dissémination d’informations concernant les États-Unis et leur système politique. (U.S. Embassy in Niger, s.d.)

Bibliothèques scolaires

En 1997, il a été soulevé qu’il n’y avait pas de bibliothèques scolaires dans la campagne du Niger. D’ailleurs, 83 % des habitants du Niger y habitaient à cette époque. Ce sont donc les bibliothèques publiques qui palliaient cette absence en offrant, par exemple, des livres scolaires et des romans utilisés dans les écoles. Dans les plus grandes villes comme Niamey ou Zinder, les centres culturels francophones sont des bibliothèques propices à l’étude pour les élèves (Adamou, 1997). Quelques années plus tard, en 2004, les bibliothèques scolaires d’Afrique, dont celles du Niger, étaient décrites comme un endroit où se trouvent des manuels et des textes en mauvais état (Oladele, 2008). En 2022, c’est un manque d’intérêt des élèves pour la lecture et les bibliothèques qui a été soulevé (Sarki, 2022) ainsi qu’une fréquentation variable selon les établissements. En effet, certains ont des heures de bibliothèque obligatoires comme au collège Mariama à Niamey (Maikano, 2022) et d’autres ont une bibliothèque peu fréquentée comme au lycée Issa Korombé à Niamey (Sarki, 2022). Le portrait semble le même dans d’autres écoles de Niamey où certains élèves évoquent le manque de temps ou le manque de livres à la bibliothèque comme cause de leur faible fréquentation de celle-ci. En revanche, d’autres bibliothèques, qui sont garnies en lieux de lecture et en livres, sont davantage fréquentées (Soumana, 2020). La situation dépend donc des écoles, où il serait important de déterminer l’impact réel de la quantité de livres et des endroits pour lire sur la fréquentation des bibliothèques au Niger. Le site du lycée La Fontaine à Niamey fait référence aux Bibliothèques Centre Documentaire (BCD) dans les écoles maternelles et primaires pour permettre des apprentissages et une rencontre positive entre les élèves et les livres (Lycée La Fontaine, s.d.,a). Il fait également mention des centres de documentation et d’information (CDI) où les élèves peuvent trouver des livres, lire et étudier (Lycée La Fontaine, s.d.,b).

Plusieurs initiatives ont été prises au fil des années pour soutenir les bibliothèques scolaires ou jouer le rôle qui leur était normalement destiné. Par exemple, au début des années 90, le Centre National du Réseau des Bibliothèques et de la Lecture Publique (CNRBLP) est créé dans le but de stimuler la lecture publique au Niger. Dans ses mandats, il y a notamment celui de soutenir les bibliothèques scolaires (ministère de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, 2023). Il y a également des bibliothèques ambulantes qui tâchent de promouvoir le plaisir de la lecture. Ces bibliothèques visent tous les lieux où l’on peut retrouver des lecteurs, dont les écoles (Mahamadou, 2017). Puis, en ce moment, l’African Artists for Development (AAD) finance un projet nommé Belles Bibliothèques (BBB) en Afrique. Ce projet vise à réduire deux problématiques : « l’absence de livres scolaires dans les écoles, et l’accès restreint aux livres de manière générale » (African artists for development, s.d.) et « susciter l’intérêt des plus jeunes pour la lecture et la culture » (African artists for development, s.d.). En 2023, une de ces bibliothèques a été installée à l’école Peralta à Niamey (African artists for development, s.d.).

Bibliothèques universitaires

Les bibliothèques universitaires ont fait l’objet, en 2004, du même constat que les bibliothèques scolaires sur l’obsolescence du matériel qu’elles proposent (Oladele, 2008). Elles ont d’ailleurs de nombreux défis à relever. Tout d’abord, il est assez difficile d’intégrer les technologies de l’information dans les bibliothèques ou de les utiliser pour transmettre l’information hors de l’université. En effet, le manque de financement, le coût élevé des ressources telles que la bande passante, et les problèmes liés à l’électricité au Niger contribuent à cette problématique. C’est d’ailleurs pourquoi la fondation MacArthur et la fondation Carnegie ont offert leur soutien à cinq bibliothèques sur le plan technologique dans les universités au Niger (Oladele, 2008).

Pour continuer, il est aussi question du manque de livres à la bibliothèque de l’Université Abdou Moumouni à Niamey. La situation politique et économique du pays serait ici la cause de cette difficulté (Sarki, 2022).

Quelques informations sont accessibles concernant la bibliothèque centrale de l’Université Abdou Moumouni. En 2015, 524 des 18 078 utilisateurs potentiels de la bibliothèque la fréquentaient réellement. À cette époque, 5 bibliothécaires et un conservateur composaient le personnel de la bibliothèque. Il y avait 56 000 ouvrages, 50 périodiques et 500 documents audiovisuels, mais aucun document numérique. Les étudiants avaient accès à Internet et un dépôt institutionnel était disponible pour les thèses, les mémoires et les articles scientifiques. C’est 0,95 % du budget de l’université qui était consacré à la bibliothèque. L’UNESCO recommande que ce pourcentage soit situé entre 5 % et 10 % (Diarra, 2015). Il serait intéressant d’accéder aux données des autres bibliothèques universitaires du Niger pour effectuer une analyse comparative.

Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques

La formation des bibliothécaires et des professionnels de l’information au Niger a été, au cours des dernières décennies, influencée par l’histoire coloniale du pays. En effet, en Afrique francophone subsaharienne, lors de la période où les pays étaient colonisés par la France ou la Belgique, les bibliothèques n’étaient généralement pas sous la responsabilité d’une personne formée en bibliothéconomie. Si une personne formée gérait une bibliothèque dans cette région, elle était d’origine européenne. Puis, lorsque ces pays sont devenus indépendants, une meilleure gestion de l’information est devenue nécessaire. Toutefois, la situation stagne et les difficultés qui touchent ces pays nuisent à l’attention portée envers les bibliothèques et la formation de ceux qui en sont responsables (Dione, 2015a).

Il y a tout de même eu quelques initiatives dans l’offre de formation pour les bibliothécaires. En 1953, un stage au Nigeria a été organisé avec l’aide de l’UNESCO « sur le développement des bibliothèques publiques en Afrique » (Dione, 2015a, p.4), puis un autre sera organisé en 1962. Puis, pour former les bibliothécaires d’Afrique, un stage fut organisé en France en 1961 (Dione, 2015a). En 1962, l’UNESCO ouvre, au Sénégal, le Centre Régional de Formation de Bibliothécaires (CRFB) qui accueille des étudiants des pays d’Afrique francophone, dont le Niger. Ce centre deviendra, en 1967, l’École de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (EBAD), qui a accueilli des étudiants de 27 pays d’Afrique (Dione, 2015a). Entre 1979 et 2009, l’EBAD a permis la diplomation de 13 étudiants venant du Niger dans le domaine de l’archivistique au premier cycle universitaire. En bibliothéconomie, il y a eu neuf étudiants du Niger, au 1er cycle, et un au deuxième cycle. Finalement, en documentation, il y a eu 40 diplômés venant du Niger au premier cycle (Dione, 2015b). L’EBAD offre des programmes de deux ans pour le premier cycle. Le deuxième cycle existe depuis 1983 et peut être fait à distance depuis l’an 2000 (Dione, 2015b). L’EBAD a trois objectifs principaux qui sont : « la formation initiale et continue des bibliothécaires, archivistes et documentalistes et de tout autre professionnel relevant des sciences de l’information documentaire, en présentiel et à distance » (Dione, 2015b, p.117), « la recherche en sciences de l’information documentaire pour le développement d’une expertise africaine francophone » (Dione, 2015b, p.117) ainsi que « l’étude et l’implantation de systèmes et services d’information au profit d’institutions publiques et/ou privées » (Dione, 2015b, p.118).

Il n’y a aucun programme universitaire servant à former les bibliothécaires au Niger (Cummings, 2018). Toutefois, en 1977, le Niger se dote d’un programme national pour former les bibliothécaires. Il s’agit d’ailleurs d’un des premiers du genre en Afrique francophone. Ce programme était offert à l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC) qui était alors le Centre de Formation aux Techniques de l’Information (CFTI). IFTIC est maintenant associé à l’Université Abdou Moumouni (Dione, 2015a). Elle offre, entre autres, un programme de licence et un autre de master « en ingénierie documentaire ([archives], bibliothèque et documentation) dans un parcours consacré aux Sciences de l’information documentaire » (Becker, 2020, p.6).

Évidemment, la formation en sciences de l’information au Niger est affectée par le climat politique et socio-économique. En effet, on retrouve dans plusieurs pays francophones d’Afrique, dont le Niger, des conditions économiques difficiles, de l’analphabétisme et une situation politique instable. Les bibliothèques et la formation des gens qui y travaillent ne sont donc pas une priorité (Dione, 2015a). Finalement, cette formation est aussi affectée par la vision qu’ont les gens du métier de bibliothécaire. En effet, il est peu reconnu ou valorisé, ce qui engendre des difficultés de recrutement. Puis, de ce fait, le taux de chômage est élevé parmi les diplômés de ce domaine, ce qui contribue au faible recrutement (Dione, 2015a).

Association de bibliothèques

Au Niger, le ministère responsable de la Culture est l’instance qui dirige et oriente les politiques des bibliothèques publiques. Il ne semble pas y avoir d’autres associations au Niger qui encadrent les bibliothèques et ce, qu’elles soient publiques, scolaires ou universitaires. Un programme de développement de la lecture publique a été initié en 1991 (ministère de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, 2023). Soutenu par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le gouvernement du Niger a pu mettre en place des Centres de lecture et d’animation culturelle et des bibliothèques de lecture publique dans les milieux urbains et ruraux (ministère de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, 2023). Le ministère de la Culture du pays a, par la suite, pris à charge ces programmes et créé l’association dénommée Centre National du Réseau des Bibliothèques et de la Lecture publique (CNRBLP). En 2008, avec l’aide de la République française, dans le cadre du projet d’appui au réseau des bibliothèques et au développement d’une politique du livre au Niger, un nouveau bâtiment qui deviendra le haut lieu du CNRBLP sera inauguré (Moctar, 2009).

Un des enjeux soulevés quant à la mémoire culturelle du Niger est la perpétuation de la tradition orale que l’on retrouve dans les zones rurales du pays. La transmission des savoirs et savoir-faire est difficile (Adamou, 1997). Bien que la mission principale du CNRBLP soit « le développement de la lecture publique notamment de la frange scolaire de la population » (ministère de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, 2023), il est mentionné que l’association a à sa charge de soutenir la diffusion de la tradition orale et des cultures locales. Elle insiste également sur la formation des professionnels, la création de nouvelles bibliothèques et la mise en réseau de celles existantes, le développement de partenariats et de jumelages à l’international, et plusieurs autres aspects.

Le pays est mentionné et inclus dans le plan d’action 2021-2023 : sub-Saharan Africa Region Division Committee qui a entre autres comme objectif de construire des alliances et supporter les régions africaines dans le développement durable (IFLA, 2022). Cependant, le Niger n’est pas membre de l’IFLA. Le Niger n’est pas non plus membre d’autres associations internationales du milieu des bibliothèques ou documentaires. Le pays a tout de même développé des partenariats avec des organismes internationaux pour soutenir l’ouverture de nouvelles bibliothèques. L’organisme Bibliothèques sans Frontières, en partenariat avec l’organisme du Niger École- Parrainage et Action de Développement (EPAD), a, en 2008, inauguré un fonds documentaire réservé aux écoles du réseau EPAD. L’objectif de ce fonds étant d’outiller les professeurs et les écoles dans l’atteinte de leur mission qui est d’améliorer les conditions d’apprentissage des enfants du pays (Bibliothèques Sans Frontières, 2008).

Cadre législatif

Le système juridique nigérien est basé sur le droit coutumier, non écrit, ainsi que sur le droit colonial et national écrit. Le Niger étant devenu un pays indépendant en 1960, ainsi, les textes juridiques adoptés avant cette date sont une source d’incertitude (Yansambou, 2010, p. 236). Plusieurs textes adoptés avant l’indépendance demeurent applicables aujourd’hui. C’était le cas de la loi concernant le dépôt légal, adoptée en 1946, puis abrogée en 2003. C’est en 2009 que l’ordonnance actuelle a été adoptée, permettant la création de la Bibliothèque Nationale du Niger, dont le rôle est essentiel à la politique culturelle du pays (Office National d’Édition et de Presse, 2023). Ce n’est que le 9 février 2018 que les statuts de cette bibliothèque sont approuvés par le décret n°2018-107/PRN/MRC/A/MS. Elle devient alors une personne morale dotée de l’autonomie financière qui demeure sous la tutelle technique des ministères de la Culture et des Finances (UNESCO, 2018). L’Ordonnance portant loi d’orientation relative à la Culture (ci-après, l’ordonnance) établit, à l’article 12, que les bibliothèques appliqueront une politique du livre et de la lecture publique qui doit reposer sur la formation continue, la culture individuelle et collective et la lutte contre l’analphabétisme. Son article 44 précise que les collectivités territoriales régionales sont compétentes en ce qui concerne l’équipement mobilier, les fonds documentaires, le matériel technique et la gestion des bibliothèques de lecture publique, alors qu’il revient à la commune de créer les bibliothèques et de faire la promotion des livres. Au début des années 1990, le Niger a introduit de nouveaux réseaux de bibliothèques et de lecture publique dont la gestion est assurée par le CNRBLP (Ministère de la renaissance culturelle, des arts et de la modernisation sociale, s.d.). Ce dernier est chargé de traiter et de diffuser les documents pour les centres de lecture ainsi que d’animer leurs activités. En vertu de l’article 54 de l’Ordonnance, les centres culturels sont placés sous la tutelle du ministre en charge de la culture, qui définira les statuts et les modalités de fonctionnement. Les normes légales établies pour régir cet établissement et les bibliothèques sont inexistantes ou inaccessibles. D’ailleurs, parmi les volontés exprimées dans les perspectives du Centre se trouve celle de « renforcer son cadre institutionnel et juridique », ce manque est donc reconnu par l’institution (Ministère de la renaissance culturelle, des arts et de la modernisation sociale, s.d.). N’étant pas autonome financièrement, le CNRBLP fonctionne grâce aux subventions annuelles de l’État et aux divers dons qu’il reçoit, sans qu’une politique officielle de détermination des budgets annuels ne s’applique (Oladele, 2008, p. 10). L’environnement politique du Niger étant instable, particulièrement depuis le coup d’État de juillet 2023 après lequel les putschistes ont formé un gouvernement de 20 nouveaux ministres (TGD, 2023). Cette modification aura sans aucun doute des incidences légales en fonction de ce que réserve le futur. Difficile de déterminer exactement, pour l’instant, l’impact sur l’encadrement légal des bibliothèques.

Références

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