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15 Rwanda

(Mathieu Côté-Muckler, Myriam Lafrenière, Catherine Lambert, Francis Leclerc et Émile Lefebvre)

Profil du pays

 

La république du Rwanda, parfois surnommée le « pays des mille collines », occupe un petit territoire en Afrique de l’Est. Malgré sa petite taille, il s’agit d’un des pays les plus densément peuplés du continent. Avec une population d’environ 13 millions, on retrouve approximativement 368 personnes par kilomètre carré (World Bank, 2023). Le Rwanda fait face à de nombreux problèmes sociaux et économiques. En effet, environ 60% de la population rwandaise se situe sous le seuil de pauvreté, et environ 35% de la population est analphabète (Olaka, 2009, p.2). Le Rwanda fut le théâtre d’un génocide en 1994, résultat d’un déchirement du tissu social qui s’opérait depuis longtemps déjà, et ses répercussions se font sentir encore aujourd’hui. La stabilité politique maintenant rétablie au pays, le Rwanda est présidé par Paul Kagame, réélu en 2018 pour un mandat de sept ans. Sur le plan économique, le pays doit miser sur ses ressources humaines plutôt que naturelles, puisque le territoire est plutôt pauvre en ressources exploitables. L’économie démontre toutefois une certaine résilience malgré les embûches engendrées par la pandémie en 2020, mais continue de faire face à de nombreux défis, entre autres causés par la guerre en Ukraine et une pression inflationniste grandissante (World Bank, 2023). On souligne l’importance d’élargir les ressources bibliothéconomiques et archivistiques pour relever ces défis afin de soutenir le développement du pays en appuyant les ressources humaines rwandaises (Olaka, 2009, p.2).

Histoire

 

Il est difficile de se pencher sur l’état des bibliothèques rwandaises sans chercher à comprendre les évènements entourant le génocide de 1994, un moment charnière dans l’histoire rwandaise. Il convient donc de débuter par la période coloniale, puisque les effets de la colonisation ont perduré dans le temps, puis ont culminé en 1994 avec le génocide. En 1890, le Rwanda entre sous la tutelle allemande, ce qui marque l’avènement des premières exactions aux dépens des masses rwandaises. L’élite coloniale n’hésitait pas à monopoliser les ressources dans le but de subjuguer la population et ainsi d’en tirer profit (Kimonyo, 2014, p.17). C’est aussi à cette époque que commencent à se tracer les lignes qui diviseront les Rwandais puisqu’une certaine classe minoritaire issue de la noblesse précoloniale, qu’on désigne Tutsi, jouit des bonnes grâces des autorités allemandes. En 1916, dans la foulée de la Première Guerre mondiale, le Rwanda passe aux mains de la Belgique. Les distinctions entre groupes ethniques, alimentées par les théories racistes d’Arthur de Gobineau, deviennent encore plus fortes. On distingue les Tutsis, qui sont clairement vus comme étant supérieurs, des Hutus, qui quant à eux sont désignés comme étant au mieux des servants, alors que les Twas sont considérés comme moins qu’humains (Kimonyo, 2014, p.19). C’est cette division en castes, les traitements préférentiels et les politiques construites autour de la notion d’altérité qui en découlent qui mèneront entre autres au génocide de 1994 (Grayson, 2019, p.4). L’indépendance vient finalement en 1962, mais est suivie d’une longue période d’instabilité et de coups d’État successifs. Les différents gouvernements qui se succèdent ont en commun leur insistance sur les politiques identitaires et sont marqués par un extrémisme et une violence particulière envers la population tutsi (Grayson, 2019, p.5). La haine cultivée depuis des décennies culmine en 1994, entre avril et juillet, quand la majorité hutu s’affaire à éliminer la population tutsi. Après trois mois de violence, environ un million de personnes ont perdu la vie.

Avant l’indépendance, qui viendra en 1962, très peu d’efforts sont déployés afin de développer des bibliothèques (Olaka, 2015). Dans les années 1980, le Centre d’Échanges Culturels Franco Rwandais détenait la bibliothèque la mieux établie au pays, mais en 1989, les opérations furent remises à un autre organisme, qui ferma ses portes quelque temps après pour des raisons politiques (Musa, 2009, p.2). Outre cette institution, le développement des bibliothèques n’était que très lent. La stabilisation du climat politique depuis le génocide est toutefois propice au développement des bibliothèques au pays et on assiste depuis à l’émergence de plusieurs points de services soutenus par des ONG et l’aide internationale. Ainsi, le génocide marque un point tournant pour le Rwanda, mobilisé aujourd’hui par une rhétorique de progrès qui est parfaitement exemplifiée dans le développement des bibliothèques qui bourgeonnent à travers le pays (Olaka, 2009, p.18).

 

  1. Types de bibliothèques

 

 

Avant 1994, la plupart des bibliothèques avaient, à l’exception de celle de la prestigieuse Université nationale du Rwanda (aujourd’hui l’Université du Rwanda), des espaces assez restreints.  Même après le génocide, les institutions n’avaient souvent pas de bibliothèques dédiées et l’espace était limité. Ce n’est qu’après 2004 qu’on a commencé à élargir l’espace des bibliothèques pour répondre à l’accroissement des collections et du nombre d’usagers (Olaka, 2015). La plupart des bibliothèques nouvellement créées recevaient des livres de pays francophones et anglophones (Book Aid International ou Books for Africa). Ces dons, qui se chiffrent en millions (Plonski et al., 2013), ont été d’un grand secours pour permettre aux institutions de développer des bibliothèques et de répondre aux besoins d’information d’une population grandissante d’étudiants. (Olaka, 2015) Au fil de nos lectures, nous avons par ailleurs constaté l’existence de nombreuses initiatives, privées ou d’organismes humanitaires internationaux en partenariat avec le gouvernement rwandais, visant à créer ou à garnir différentes bibliothèques locales du Rwanda. Il reste que moins de la moitié des 125 bibliothèques publiques et communautaires au Rwanda sont gérées par du personnel qualifié et équipées de ressources adéquates; les autres sont dans des conditions déplorables (Rwirahira, 2018).

Bibliothèque publique de Kigali (Kigali Public Library)

La Kigali Public Library (KPL) a ouvert ses portes en 2012. Il s’agissait du premier projet de bibliothèque publique ouverte à tous. Symbole d’espoir et de renouveau, elle répond aux standards internationaux (Bibliosansfrontières) et fait la promotion de la lecture chez les enfants (The New Times, 2012) et de la lutte contre la censure et la propagande. Notons que l’absence de bibliothèque publique avait servi de terreau fertile pour la propagande des groupes extrémistes en faveur du génocide (Kaufman, 2012).

En plus des ressources numériques, des espaces de lecture et de travail pour les adultes et des salles de groupes, la bibliothèque propose un café, une zone interactive de type FabLab, un espace pour enfants et trois amphithéâtres. La KPL forme les enseignants dans les écoles primaires de la région pour effectuer les tâches de bases en bibliothèque scolaire.

L’ouverture de la bibliothèque était prévue en 2003, mais elle a été repoussée en 2012 en raison de contraintes de financement. C’est le Club Rotary Kigali-Virunga qui a initié et mené le projet ainsi que les campagnes de financement et les dons de livres mondiaux. C’est le gouvernement qui a complété le financement quelques années plus tard (Moore, 2020). Les livres donnés en grand nombre ont dû être conservés ailleurs dans de mauvaises conditions en attendant l’ouverture officielle de la bibliothèque, et les dons ne convenaient pas toujours (documents endommagés ou ne correspondant pas à la politique d’acquisition) (Kaufman, 2012).

Ouvrir une première bibliothèque publique après une guerre comporte son lot de défis. Avant le génocide, on émettait des cartes d’identité attestant de l’origine ethnique des personnes et le fait de devoir s’enregistrer pour obtenir une carte d’abonnement ravivait le traumatisme chez certains usagers. (Kaufman, p.76) La question de la langue, au cœur de l’identité rwandaise, fait également partie des préoccupations. Par une volonté de couper les liens avec les Belges et les Français et de se tourner vers le reste du monde, l’anglais a été choisi comme langue principale de l’enseignement et des affaires (le Rwanda a rejoint le Commonwealth en 2009). Le site web de la bibliothèque est donc unilingue anglais, mais sa page YouTube compte plusieurs vidéos en kinyarwanda, la langue autochtone. Malgré tous les partenaires locaux et internationaux impliqués dans la bibliothèque, il en coûte 13$ pour avoir une carte d’abonné, un montant toujours hors de portée pour de nombreux résidents. (Moore, 2020).

Bibliothèque et archives nationales

Un génocide implique aussi d’effacer la mémoire et il est évident que, par leur contenu, la bibliothèque nationale et les archives étaient vulnérables durant le conflit. La bibliothèque nationale, qui a ouvert ses portes en 1989, était principalement un lieu pour le dépôt légal et la conservation des archives.  Située au centre de la ville, elle a servi en 1994 de centre d’opération aux Services secrets du gouvernement, qui se sont enfuis avec des documents de valeur, avant de brûler le reste des livres et des archives. (Olaka, 2009, p.8). La bibliothèque et les archives nationales auraient perdu presque 100% de leur collection (Tashobya, 2018) au cours du génocide.

Maintenant située en banlieue de Kigali après un séjour dans les locaux du stade de soccer, la bibliothèque nationale gère le dépôt légal, une collection de livres en lien avec l’histoire du pays, et un centre d’archives. Elle permet la consultation sur place par les chercheurs, mais elle n’est pas destinée au grand public, qui lui est plutôt servi par la bibliothèque publique de Kigali.

Bibliothèques universitaires

En 2013, les 10 établissements publics d’enseignement supérieur du Rwanda ont fusionné pour devenir l’Université du Rwanda. (Agence universitaire de la francophonie, s.d.).   Les bibliothèques universitaires se présentent comme des lieux confortables et accueillants dédiés à l’apprentissage, l’enseignement et la recherche et visant à promouvoir l’amour de la lecture et du savoir (UR, 2020). Y sont répertoriées les neuf bibliothèques de campus reliées à l’Université du Rwanda, dispersées dans le pays. Les services varient d’une bibliothèque à l’autre, mais parmi ce qui est offert, on trouve des espaces de travail, des salles de lecture, des ressources physiques et électroniques, l’accès à des bases de données, aux mémoires et aux thèses publiés. Si les noms de toutes les bibliothèques de campus sont en kinyarwanda, tous leurs sites Internet sont en anglais.

Bibliothèques scolaires et jeunesse

Selon les directives gouvernementales, les bibliothèques scolaires devraient toutes disposer d’un-e bibliothécaire qualifié-e, d’espaces dédiés et de ressources adéquates, et 10% du budget d’établissement devrait être alloué aux activités de la bibliothèque, mais en raison de contraintes financières, ces objectifs sont difficiles à atteindre (REB, 2021). Pour pallier le manque de ressources, il semble y avoir une grande offre de bibliothèques mobiles (Dusabemungu, 2013).

Parmi les établissements scolaires disposant d’une bibliothèque établie et de personnel qualifié, on peut citer quelques écoles créées par le gouvernement français ou offrant un programme international. Durant le génocide, environ 75% des écoles primaires et secondaires ont été détruites (Kumar et al., 1996), tout comme le peu de livres qui s’y trouvaient. Par conséquent, les bibliothèques ont dû repartir leurs collections à neuf (Olaka, 2009). De plus, la moitié des 19 000 enseignants que comptait le Rwanda en 1994 a été assassiné durant l’année, et de nombreux autres ont fui le pays (Kumar et al, 1996, cité dans Olaka, 2009). Comme ce sont ces enseignants qui s’occupaient des bibliothèques scolaires, la grande majorité a fermé ses portes, et ce durant plusieurs années.

Les « children peace librairies »

Un OSBL œuvrant auprès des communautés rwandaises a instauré un réseau de bibliothèques pour enfants, les « children peace librairies ». Ces bibliothèques sont des centres d’alphabétisation et d’apprentissage destinés aux enfants. Elles y offrent entre autres un accès gratuit aux livres et des activités de médiation et de résolution pacifique misant sur le leadership, les valeurs et les relations interpersonnelles (TLC, 2023). Mentionnons aussi la Rwanda Bookmobile, une ONG locale lancée en 2019, qui, à vélo ou en autobus, fournit aux enfants d’âge primaire dans les régions rurales des livres en kinyarwanda, en français et en anglais. L’organisme, qui effectue la liaison avec la bibliothèque de Kigali, produit également du contenu inclusif destiné aux enfants, notamment des livres en braille.  (Williams, 2019) Le peu de livres disponibles étant surtout de nature pédagogique, l’équipe de la Bookmobile cherche à promouvoir l’amour de la lecture chez les jeunes en leur proposant des fictions, des livres inspirants ou amusants.

Bibliothèques spécialisées des organismes publics et parapublics

Il s’agit des bibliothèques et centres de documentations des ministères et organismes gouvernementaux, incluant la bibliothèque du parlement rwandais. À l’instar des bibliothèques universitaires, ces bibliothèques ont été les premières à exister au pays et étaient parmi les mieux garnies (Bizimana, 1991). Si elles étaient nombreuses avant le génocide, plusieurs d’entre elles ont été pillées, brûlées, et leurs membres du personnel abattus ou disparus (Olaka, 2009). Aujourd’hui, la bibliothèque du parlement est ouverte aux étudiants et aux chercheurs. Parmi les bibliothèques spécialisées, on compte aussi celles de droit, au nombre de huit (Anderson, 2015), principalement intégrées aux institutions gouvernementales. Elles font face à des défis de taille en matière de ressources (documents, personnel qualifié, ordinateurs publics) et de financement, ce qui limite leurs acquisitions et les rendent dépendantes des dons de livres. Le financement limité rend également difficile la souscription à des abonnements à des ressources juridiques en ligne. À titre d’exemple, la bibliothèque de la Cour suprême occupe une petite salle de conférence et compte une douzaine d’étagères de documents, et les juges tendent à utiliser leurs propres livres plutôt que de dépendre de la bibliothèque. (Anderson, 2015). Bien que toutes les bibliothèques de droit au Rwanda soient ouvertes au public, elles sont rarement utilisées par celui-ci, principalement en raison du manque de sensibilisation et du niveau de littératie nécessaire.

Bibliothèques créées par les organismes d’autres pays

Ce type de bibliothèques est commun dans les pays en voie de développement. Elles ont pour mission de promouvoir une culture ou un type de littératie par le biais de ressources physiques ou en ligne, de projets et d’activités. On peut citer en exemple la UK’s Digital Library, ou la Médiathèque de l’Institut français du Rwanda, qui occupent des espaces à la Kigali Public Library, aux côtés du « Korean Corner », un partenariat entre la Corée du Sud et le Rwanda pour mettre les jeunes en contact avec la culture sud-coréenne (The New Times, 2016), ou encore la communauté chinoise, qui a ouvert une bibliothèque dans un restaurant (Xinhua, 2022).

 

 

  1. Cadre éducatif en bibliothéconomie et sciences de l’information

 

Le Rwanda ne voit l’apparition de ses premières bibliothèques qu’à la suite de son indépendance, en 1962, et connaît un développement relativement lent en sciences de l’information. C’est principalement le manque de personnel qualifié pour les développer et y travailler, lui-même dû à l’absence de formation appropriée,  qui explique cette lenteur. Certaines bibliothèques se voient forcées d’engager des spécialistes étrangers pour diriger la bibliothèque et former le personnel rwandais. Parmi elles, la Bibliothèque du campus de Butare, principalement constituée par Albert Lévesque, un Canadien formé à l’École des sciences de l’information de l’Université de Montréal. Jusqu’en 1974, ce sont des Canadiens qui occupent le poste de directeur de cette bibliothèque universitaire. Toutefois, quand le programme de financement du Canada se voit graduellement retiré, la croissance de bibliothèque ralentit (Bizimana, 1992, p.86 ). Le Rwanda dépendait donc sévèrement de l’aide extérieure; en offrant des bourses, le gouvernement permettait aux étudiants d’être formés à l’étranger, et ce pour plusieurs domaines d’études supérieures qui n’étaient pas enseignés au Rwanda (Olaka, 2015, p.4). Or, peu d’étudiants choisissent d’aller étudier la bibliothéconomie. Avant 1994, on ne comptait que 42 personnes détenant une formation universitaire en bibliothéconomie dans tout le pays. (Olaka, 2015, p.4).

Le génocide a toutefois chamboulé tous les maigres développements que le pays avait connus en matière de bibliothèques et de sciences de l’information. Plusieurs spécialistes et employés de bibliothèques furent tués ou prirent la fuite lors du génocide, et les bibliothèques furent saccagées. En 2001, lorsqu’est lancé le premier programme de bibliothéconomie et sciences de l’information, le pays ne compte que quatre personnes détenant une maîtrise dans le domaine; une autre poignée détient un baccalauréat ou un certificat dans le domaine (Olaka, 2008, p.302). Le premier cursus de formation est lancé par des employés de l’Institution de l’Éducation de Kigali (KIE), une branche de l’Université du Rwanda, qui ont réussi à convaincre les administrateurs de leur école de développer un programme d’enseignement des sciences de l’information. Toutefois, ce n’est pas pour le développement du programme en soi que les administrateurs acceptèrent qu’il voie le jour. Le principal argument en faveur du cours était l’efficacité anticipée de la bibliothèque de l’institution, une fois ses employés adéquatement formés.  Comme le programme n’était pas officiellement affilié à une faculté et que ceux qui y enseignaient y travaillaient en même temps, les cours ont eu lieu le soir. Le programme fut préparé par les quelques spécialistes rwandais du domaine avec l’aide d’autres experts du Burundi, du Kenya et de l’Ouganda.  Conçue comme un baccalauréat de quatre ans, la formation en sciences de l’information n’est pourtant que d’une durée de deux ans, en raison du manque d’enseignants pour soutenir la formation en entier (Olaka, 2008, p.8). En 2001-2002, les 32 premiers étudiants du programme suivent donc l’équivalent d’un certificat équivalent à une formation d’aide-bibliothécaire (Bizimana, 2008, p.4). Ce n’est qu’en 2006 que la formation devient partie intégrante du département de la Faculté des arts et des sciences du KIE. Bien que le nombre de diplômés du programme augmente lentement, passant de 19 en 2004 à 27 en 2007, ce n’est pas encore suffisant pour satisfaire à la demande. Puisque l’école n’offre pas encore de formation de niveau supérieur à celui d’aide-bibliothécaire, plusieurs étudiants préfèrent choisir une université où il est possible de suivre un baccalauréat (Olaka, 2008, p.4). Les diplômés ont toutefois trouvé des emplois dans les bibliothèques du pays et ont réussi à améliorer la qualité des services et des collections. Grâce à eux, l’image des bibliothécaires et la reconnaissance de leur spécialisation sont grandement améliorées (Olaka, 2008, p.8).

Le programme de formation en sciences de l’information ne semble pas avoir subi de changement majeur ces dernières années. Lorsqu’on parcourt le site du KIE, maintenant appelé Collège de l’Éducation, on ne trouve pas de trace du programme de formation (School of Education – College of Education, 2020).

  1. Association de bibliothèques

 

Réseau universitaire

Regroupe les bibliothèques de 9 campus.

Rwanda Education Board

En partenariat avec l’ambassade américaine (USAID), cet organisme crée et gère un réseau de bibliothèques scolaires de niveau secondaire.

Children Peace librairies

Réseau de 5 bibliothèques pour enfants créé par cette ONG.

Réseau de bibliothèques communautaires

Ce réseau a été initié et supervisé par USAID, en partenariat avec la Bibliothèque publique de Kigali et plusieurs organismes en littératie pour les enfants. Elles offrent, en plus des livres, du matériel informatique et des formations pour les bénévoles en bibliothèque. (Ambassade des États-Unis au Rwanda, 2020)

 

 

  1. Cadre législatif

 

Le cadre législatif en sciences de l’information avant le génocide

Selon le site de l’Académie du patrimoine culturel du Rwanda, qui chapeaute le service de la bibliothèque nationale, celle-ci fut fondée par arrêté présidentiel en mars 1989, afin de servir notamment de dépôt légal. Elle était alors sous la responsabilité du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Cependant, avant 2014, il n’existait aucun cadre légal entourant spécifiquement la bibliothéconomie au Rwanda (Olaka, 2015, p.6). Une loi encadrant le droit d’auteur fut toutefois adoptée en novembre 1983 (Gabiro, 2010). Quant au domaine connexe des archives, Florence Piton explique que les archives nationales furent fondées par arrêté présidentiel en 1979, bien qu’elles disposaient de moyens matériels et humains limités (Piton, 2021, p.95).

Le cadre législatif en sciences de l’information après le génocide

Évidemment, comme pour à peu près tous les aspects de la vie au Rwanda, le milieu de la bibliothéconomie et des sciences de l’information fut grandement déstabilisé par le génocide de 1994. L’année 2003 marque toutefois un tournant majeur pour la nation rwandaise avec l’adoption d’une constitution. Celle-ci ne fait pas mention des services de bibliothèque, mais quelques articles qu’elle contient peuvent se rapporter de près ou de loin à la mission des bibliothèques, notamment l’article 36 qui établit un droit à la promotion de la culture nationale; l’article 38, qui concerne la liberté de presse, la liberté d’expression ainsi que la liberté d’accès à l’information, et finalement l’article 47 au sujet de la préservation et de la promotion de la culture nationale. À noter que, bien que la liberté d’accès à l’information soit mentionnée dans la constitution, il y est également inscrit que celle-ci puisse être limitée pour des considérations d’ordre public ou de bonne morale, entre autres. (Constitution du Rwanda, 2003 [2015], article 38).

En 2009, le gouvernement fait abroger la loi de 1983 concernant le droit d’auteur afin de la remplacer par une loi encadrant non seulement le droit d’auteur, mais la propriété intellectuelle dans son ensemble (Gabiro, 2010). Il faudra néanmoins attendre 2014 et la loi qui officialise la création de l’Office rwandais des archives et services de bibliothèques (RALSA, selon l’acronyme en anglais) avant d’assister à la création d’un véritable cadre législatif visant à encadrer les bibliothèques du Rwanda et leurs services au public. Selon la loi de 2014, RALSA doit en premier lieu mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière d’archives et de services de bibliothèques. L’organisme doit également conseiller le gouvernement et mener des recherches en sciences de l’information, en plus d’offrir un service de dépôt légal et de contribuer à la promotion de la culture de la lecture et de l’écrit. On lui accorde aussi la responsabilité de l’acquisition et de la valorisation des documents d’archives (Loi portant création de l’Office rwandais des archives et services de bibliothèques (RALSA) et déterminant ses missions, son organisation et son fonctionnement, 2014). En matière de politiques en lien avec les bibliothèques, nous avons été en mesure de trouver un document daté de 2014 sur le site du NAEB (National Agricultural Export Development Board), une agence gouvernementale rwandaise, qui contient une liste de défis à relever. On y mentionne d’emblée que le cadre institutionnel et juridique est déficient, en plus de souligner les enjeux de personnel, d’espace et de budget. Cette politique semble malgré tout vouloir faire des bibliothèques rwandaises des actrices de premier plan dans la mise en place d’une société du savoir (Policy regarding libraries in Rwanda, 2014, p.7).

En 2020, le contexte entourant le cadre législatif des bibliothèques au Rwanda change à nouveau, alors que le gouvernement annonce la fusion de RALSA avec deux autres organismes gouvernementaux, soit l’Académie rwandaise de langue et de culture ainsi que l’Institut des musées nationaux du Rwanda. Un nouvel organisme, qui doit en principe intégrer les missions anciennement dévolues aux trois organismes qu’il remplace, est créé. Il s’agit de l’Académie du patrimoine culturel du Rwanda (Arrêté présidentiel portant création de l’Académie du patrimoine culturel du Rwanda, 2020). Si le cadre législatif s’était précisé avec l’adoption de la loi sur RALSA en 2014, il n’est pas évident de savoir quel effet cette fusion aura sur le milieu des bibliothèques et des sciences de l’information en général.

Le portrait semble toutefois plus clair au niveau des bibliothèques universitaires et de recherche, avec la publication en 2021, par le Rwanda Basic Education Board, d’un document intitulé School library guidelines. Ce guide, de presque 90 pages, contient un ensemble d’outils et de mesures à mettre en place au sein des bibliothèques universitaires du pays. Il établit entre autres des standards minimums à respecter et des grilles d’évaluation pour le matériel et le personnel (School library guidelines, 2021).

Vision 2050

Le gouvernement rwandais a présenté, en décembre 2020, sa vision structurante pour le développement socio-économique du pays jusqu’en 2050. Le document fait référence à un ensemble de facettes de la société rwandaise, mais ne mentionne à aucun moment les bibliothèques ni le rôle concret qu’elles seront appelées à jouer au sein de ce plan de développement. Le gouvernement vise cependant à offrir un accès abordable à une éducation de qualité ainsi qu’augmenter le taux de littératie à 99% de la population d’ici 2035, ce qui implique nécessairement que les bibliothèques participent à l’effort (Vision 2050 [version abrégée], 2020, p.17).

 

  1. Information complémentaire/particularités

 

Plusieurs éléments auraient pu être abordés ici, mais un des éléments qui sort du lot est le nombre de partenaires impliqués dans le projet et le fonctionnement de la bibliothèque publique de Kigali. En plus du Club Rotary et du gouvernement pour l’élaboration du projet (dans lequel le président Kagame a mis 500 000$ de sa poche), plusieurs entreprises d’économie sociale internationales ont été impliquées pendant sa conception et de nombreux donateurs ont contribué (jusqu’à 45 000$) en échange de divers bénéfices, selon la contribution comme des places sur le conseil d’administration ou leurs noms affichés sur des locaux (site de la KPL consulté en 2011, cité dans Kaufman 2012). Après l’ouverture, la bibliothèque s’associe avec des spécialistes en plateforme numérique (Innovation Group), des organismes en littératie qui œuvrent mondialement, tel que Nabu, dont un espace porte leur nom dans la bibliothèque, ainsi que Imbuto Fondations, menées par Jeannette Kagame, l’épouse du président.  Une maison d’édition (Huza Press) mène aussi un concours littéraire, sans oublier le Korean Corner, dont on a parlé plus tôt.

Cette façon de faire est différente de celle du Québec, où les bibliothèques publiques municipales sont financées à 100% par les fonds publics. Pour la bibliothèque de Kigali, les partenariats publics- privés sont la base de son fonctionnement. L’idée ici n’est pas de porter un jugement de valeur, mais il est possible de se questionner sur les impacts d’avoir tous ces joueurs impliqués dans le projet. Il serait intéressant d’aller explorer d’autres exemples de création de bibliothèques dans des pays en voie de développement en analysant les modes de financement, en les comparant entre eux, et à des cas plus près de notre réalité.

Bibliographie

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Arrêté présidentiel portant création de l’Académie du patrimoine culturel du Rwanda, 082/01 (2020). https://gazettes.africa/archive/rw/2020/rw-government-gazette-dated-2020-09-04-no-Special.pdf

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