17 Suède
(Julie Baron, Catherine Genest, Nadia Grondin, Renata Jafiarova, David Marc Newman)
Profil du pays
Le Royaume de Suède fait partie des pays scandinaves avec le Danemark et la Norvège. Elle a une frontière terrestre avec la Norvège à l’ouest et la Finlande au nord-est. Elle est bordée par la mer du Nord, le golfe de Bothnia et la mer Baltique (Boyer et al., s.d.). Au sud, la Suède et le Danemark sont séparés par l’Øresund, un détroit du Cattégat qui fait 4 km dans sa zone la plus étroite. La Suède est le cinquième plus grand pays d’Europe. Elle a une superficie de 447 425 km² (Universalis, s.d.). La population de la Suède compte 10 558 000 habitants en octobre 2023 (Official Statistics of Sweden, 2023). Selon les données au 31 décembre 2021, elle est majoritairement suédoise à 80 % et les minorités nationales reconnues sont au nombre de cinq : les Samis, les Finnois de Suède, les Tornedaliens, les Roms et les Juifs (Tribalat, 2023, p. 14). Les résidents nés à l’étranger représentent 20 % de la population. Ils proviennent à 47,1 % d’Europe dont 31,0 % de l’Union européenne, à 3 % de Turquie et 21,4 % sont des demandeurs d’asile qui viennent de Syrie, Iraq, Iran, Somalie, Afghanistan et Érythrée. La langue nationale est le suédois. La densité de population est relativement faible à 23,6 hab./km², mais la population est concentrée à 88 % dans les zones urbaines (Universalis, s.d.). Sa capitale est Stockholm et sa monnaie est la couronne suédoise. Le système politique suédois est une monarchie constitutionnelle. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement, dirigé par un premier ministre élu et par le parlement suédois, le Riksdag. Elle a rejoint l’Union européenne en 1995 et l’OTAN en 2022. La Suède est connue pour son modèle économique mixte, alliant un État-providence généreux et une économie de marché compétitive (Boyer et al., s.d.).
Histoire
Dans son livre de 1949 sur l’histoire des bibliothèques, Walde spécule qu’il a pu y avoir des collections de textes runiques, mais qu’on n’en a pas la preuve et l’histoire attestée des bibliothèques commence avec l’avènement du Christianisme (Walde, 1949). Les premières collections de livres étaient celles rattachées aux églises – la plus importante étant celle de la cathédrale de Skara – et aux monastères, dont celle de St Bridget qui contenait environ 1500 livres (Ottervik, Osborne et Östling, 1963). Avec la Réformation protestante, commencée en 1527, les bibliothèques de l’Église, catholiques, ont perdu leur importance (Ottervik, Osborne et Östling, 1963). Un grand nombre de documents ont été perdus, mais ceux qui ont survécu ont été transférés aux bibliothèques universitaires d’Uppsala (fondée en 1620), de Lund (fondée en 1671) et la Bibliothèque royale. Cette dernière trouve ses origines dans la collection des rois Vasa au 16e siècle; un premier bibliothécaire royal a été engagé en 1611 (Kungliga biblioteket, 2023, 13 juillet).
La bibliothèque royale s’est développée progressivement. La loi sur le dépôt légal est adoptée en 1661; une copie de chaque livre en suède est envoyée à la bibliothèque royale dans le but de faciliter la censure (Kungliga biblioteket, 2023, 13 juillet; Thomas, 2010). D’autres bibliothèques de dépôt légal sont établies progressivement : les bibliothèques des universités d’Uppsala et de Lund dans les années 1690 (Ottervik, Osborne et Östling, 1963) celle de Göteborg en 1950 (Thomas, 2010, p. 123) et celle de Stockholm en 1964 (Thomas, 2010, p. 124). On voit l’apparition des bibliothèques savantes, dont celles des Académies royales suédoises fondées entre 1710 et 1775 (Ottervik, Osoborne et Östling, 1963). En 1877, la Bibliothèque royale devient la bibliothèque nationale et devient indépendante du gouvernement, elle ouvre ses portes au public l’année suivante (Kungliga biblioteket, 2023, 13 juillet).
La première bibliothèque de prêt auprès du public date d’environ 1800 (Ottervik, Osborne et Öslting, 1963). La loi sur l’école élémentaire en 1842 favorise la fondation des bibliothèques : elle réglementait les activités des bibliothèques paroissiales que les curés devaient fonder (Thomas, 2010). Des bibliothèques philanthropiques, des bibliothèques ouvrières socialistes et des bibliothèques du mouvement populaire sont également des précurseurs à la bibliothèque publique ; elles seront prises en charge par l’État à partir de 1912 (Hansson, 1997). À partir des années 1950, on remarque une croissance inégalée dans le système des bibliothèques publiques, qui ne ralentira que dans les années 1980 en raison des conditions économiques (Thomas, 2010).
Types de bibliothèques
Bien que le système suédois de bibliothèques soit en constante évolution, ce réseau national comprenait en 2022, 1072 systèmes de bibliothèques publiques, 906 bibliothèques scolaires, une bibliothèque nationale, 108 bibliothèques académiques, et 119 autres bibliothèques (IFLA, 2022) dont 20 bibliothèques de comté/région (Thomas, 2011), un centre de prêt (Swedish Library Association, 2015), et l’Agence suédoise des médias accessibles (MTM) qui donne accès à la connaissance aux personnes souffrant de troubles de la lecture en fournissant des médias adaptés (Thomas, 2011).
Bibliothèques publiques
La Suède possède une longue et forte tradition de lecture. Le système des bibliothèques publiques suédoises a sans doute aidé à maintenir et développer cet intérêt pour la connaissance. En effet, près de 60 % de la population utilise les bibliothèques publiques (Thomas, 2010). En Suède, les bibliothèques bénéficient d’une loi permettant à la population d’accéder facilement et gratuitement aux bibliothèques : la loi sur les bibliothèques. Cette loi, adoptée en 1996, oblige chaque collectivité locale à disposer d’une bibliothèque publique. Cela signifie que les 290 collectivités locales sont dotées d’un système de bibliothèque publique (Thomas, 2010). La quatrième clause de la loi sur les bibliothèques stipule qu’il doit y avoir une bibliothèque de comté dans chaque comté afin de soutenir les bibliothèques publiques du comté en leur fournissant des documents et médias supplémentaires lorsque nécessaire (Thomas, 2010). En effet, les bibliothèques de comté et les centres de prêt constituent la base de l’infrastructure des bibliothèques publiques et jouent un rôle important dans leur réseau national (Mäkinen et Ikka, 2013). Les bibliothèques publiques, tout comme les bibliothèques scolaires, sont financées par les autorités locales (Thomas, 2011). Plus spécifiquement, c’est le Conseil des arts suédois qui est mandaté, depuis 1974, pour répartir les subventions d’État au sein de l’infrastructure des bibliothèques publiques (Mäkinen et Ikka, 2013). Ces subventions ont également aidé, ces dernières décennies, à encourager la lecture et promouvoir la littérature (Mäkinen et Ikka, 2013).
Bibliothèques scolaires
Le cadre législatif en Suède oblige les établissements scolaires à donner accès à une bibliothèque à tous les élèves fréquentant les « grundskola » (l’équivalent des cursus primaire et secondaire québécois et correspond aux 9 années d’instruction obligatoire des jeunes suédois) (SLA, 2015). Malgré tout, quelques bibliothèques scolaires desservent deux écoles, certaines bibliothèques ont le double statut (scolaire et public) et 18% des écoles n’ont pas du tout accès à une bibliothèque (Farmer, 2019; Thomas 2010). De plus, environ la moitié des 4000 bibliothèques scolaires suédoises aurait seulement du personnel à temps partiel ou pas de personnel du tout (Farmer, 2019). Cette situation serait causée, entre autres, par un nombre insuffisant de diplômés en bibliothéconomie (Farmer, 2019).
Ce sont les autorités municipales qui sont responsables des écoles ainsi que des bibliothèques scolaires, mais plusieurs autres instances entrent en ligne de compte pour superviser un aspect en particulier ou un autre. Suite à la récente évaluation mitigée de l’OCDE envers le système d’éducation, les efforts du gouvernement ont mené à une meilleure analyse des services et besoins des bibliothèques scolaires ce qui laisse espérer un rehaussement prochain des services (Farmer, 2019).
Bibliothèques universitaires/de recherche
Bien qu’appartenant à un même système, il y avait jadis une distinction claire entre l’usage d’une bibliothèque publique et celle d’une bibliothèque universitaire en Suède : les usagers de l’une ne croisaient pas nécessairement ceux de l’autre. La décentralisation de l’enseignement supérieur ainsi que son accessibilité ont amené les étudiants suédois à fréquenter la bibliothèque la plus proche, peu importe si celle-ci était publique ou universitaire (Thomas, 1998). De plus, comme le système des bibliothèques de recherche est financé par l’État et que les bibliothèques financées par des fonds publics sont ouvertes à tous, le grand public peut également utiliser les bibliothèques universitaires s’il le souhaite (Thomas, 2011). D’ailleurs, il est intéressant de constater la venue de nouvelles bibliothèques à double usage – c’est-à-dire à la fois publiques et universitaires – à Härnösand, au nord de la Suède, et dans la cité médiévale de Visy (Thomas, 1998).
D’un point de vue administratif, il existait (jusque dans les années 1980), diverses solutions de coordination au sein du secteur des bibliothèques de recherche. En 1988, la Bibliothèque nationale a été chargée de cette responsabilité et un département de coopération nationale a été créé à cet effet (Mäkinen et Ikka, 2013). Le département de coordination nationale a joué un rôle crucial dans la négociation des accords de licence au nom des universités suédoises. Le département a également joué un rôle de premier plan dans le développement de l’Open Access et d’autres efforts visant à faciliter l’accès, entre autres, au matériel scientifique (Thomas, 2011). Le département attribue aussi des subventions aux projets de développement national pour les bibliothèques de recherche afin d’améliorer l’accès aux informations (Mäkinen et Ikka, 2013).
La Bibliothèque Nobel de l’Académie suédoise
La Suède compte plusieurs bibliothèques spécialisées et il nous aurait été impossible de les décrire ici de façon exhaustive. Nous avons donc choisi de vous en présenter une qui se démarque des autres par un de ses mandats : choisir le récipiendaire du prix Nobel de littérature. Ce rôle lui a d’ailleurs été confié par Alfred Nobel lui-même par testament (www.svenskaakademien.se/en/the-nobel-library). Le site internet regorge d’informations sur le prix, le processus de sélection, les récipiendaires, etc. La Bibliothèque Nobel se spécialise évidemment en littérature et s’est donné comme mission de rendre accessibles les travaux récents en littérature ainsi qu’en critique littéraire, en linguistique et en philosophie provenant de Suède et de partout à travers le monde. La bibliothèque est d’ailleurs abonnée à 150 revues littéraires, publiées pour la plupart à l’extérieur de la Suède. Un service de prêts entre bibliothèques est aussi offert avec plusieurs autres pays européens (www.svenskaakademien.se/en/the-nobel-library).
Bibliothèque nationale
À l’origine, la Bibliothèque Royale de Suède était hébergée dans l’enceinte du Palais Royal, le Tre Kronor. La collection s’est mise en place grâce, bien sûr aux documents provenant du dépôt légal, mais également grâce à des échanges, dons, achats et butins de guerre (Thomas, 2010). C’est en 1878 que la Bibliothèque Royale s’installa dans un nouvel édifice, celui qu’elle occupe toujours. Cette bibliothèque fut rénovée et agrandie à plusieurs reprises (Thomas, 2010), avant de devenir la Bibliothèque nationale, sous la tutelle du ministère de l’Éducation, que tous les Suédois peuvent visiter aujourd’hui (https://www.kb.se/languages/francais.html).
Au fil des ans, ses missions se sont accumulées et se résument aujourd’hui à :
- Collectionner, préserver et rendre accessible toutes les publications suédoises.
- Être une bibliothèque de recherche avec une emphase en sciences humaines et sociales.
- Coordonner tous les services de bibliothèques financés par l’État.
- Entretenir et maintenir à jour le catalogue LIBRIS utilisé par toutes les bibliothèques suédoises (Thomas, 2011).
L’impressionnante collection de plus de 18 millions de documents (www.kb.se/languages/francais.html), rend accessible au public 3 millions de livres, 7 millions d’heures d’enregistrements, 500 000 affiches, 10 000 mètres linéaires de documents éphémères, les fonds d’archives de plusieurs auteurs suédois et 2000 incunables (Thomas, 2010).
Bibliothèques de comté
Le réseau de bibliothèques de comté a été fondé dans les années 1930 pour soutenir les bibliothèques publiques et assurer que tous les citoyens bénéficient d’un accès égal à la culture et aux connaissances (Thomas, 2011). Aujourd’hui il y a 21 bibliothèques (Pilerot, 2022) de comté sur le territoire de la Suède (Thomas, 2011). Les bibliothèques de comté veillent surtout aujourd’hui à la coopération et au développement régionaux et interrégionaux en organisant pour le personnel des activités de développement des TIC, de perfectionnement professionnel, de promotion de la lecture, etc. Chaque bibliothèque de comté a également développé de l’expertise professionnelle dans des champs particuliers (Thomas, 2011).
L’agence suédoise pour les médias accessibles (MTM)
L’agence suédoise pour les médias accessibles, MTM, produit et distribue de la littérature, des journaux et des périodiques dans un format accessible aux personnes souffrant de troubles de la lecture (MTM, s.d.). Jusqu’en 2012, elle portait le nom de « Bibliothèque suédoise des livres parlants et en braille », aussi connue sous le nom de TPB. Depuis 1980, TPB/MTM est une autorité gouvernementale entièrement financée par le gouvernement, relevant du ministère de la Culture (Thomas, 2011). La bibliothèque, qui est également un centre national de prêt de livres parlés, dispose d’un stock d’environ 80 000 livres audio. Le groupe cible est estimé à 6 % de la population et le nombre d’emprunteurs dans les bibliothèques locales est estimé à 60 000. La bibliothèque prête également conseil et informe sur les questions relatives aux livres parlés et au braille (Thomas, 2011). Un mandat spécial consiste à fournir aux étudiants des universités et des collèges l’accès à leurs lectures obligatoires par le biais de médias qui leur conviennent (MTM, s.d.). Les étudiants peuvent également télécharger des livres individuellement grâce à un nouveau service inauguré en 2009. En 2010, un service similaire a été mis en place pour les emprunteurs des bibliothèques publiques et, en 2011, 90 000 téléchargements numériques ont été enregistrés (Thomas, 2011). La recherche et le développement de nouvelles techniques de production et de lecture constituent un domaine important et crucial. MTM joue un rôle important dans le développement technologique des médias accessibles et coopère avec des bibliothèques du monde entier (MTM, s.d.). Un exemple est le projet suédois DAISY (Digital Audio Information System) de norme et de format audio adapté. Depuis 2001, tous les livres parlés sont produits en format DAISY. Finalement, la loi suédoise sur le droit d’auteur permet aux bibliothèques et aux organisations officiellement autorisées par le gouvernement de produire des livres publiés et des phonogrammes pour les prêter aux personnes incapables de lire les imprimés, sans l’autorisation des auteurs et des éditeurs (Thomas, 2011).
Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques
L’histoire des études en bibliothéconomie et science de l’information en Suède remonte au début du 20e siècle et est étroitement liée à l’évolution des bibliothèques et de l’information dans le pays. En 1920, des cours de quelques semaines, donnés par des consultants en bibliothèque, sont apparus afin de former des bibliothécaires pour travailler à temps partiel dans les bibliothèques municipales et les cercles d’études. Une semaine de stage dans les bibliothèques de comté a complété cette formation à partir des années 1930 (Torstensson, 2010). Une école de bibliothéconomie a été fondée en 1926 à Stockholm pour les besoins en professionnel des bibliothèques des grandes villes suédoises et pour fournir la nouvelle bibliothèque publique de Stockholm qui a ouvert ses portes en 1928. Les étudiants de cette école ont œuvré à promouvoir le statut professionnel et académique de cette profession au point où, en 1943, le niveau de baccalauréat a été requis pour l’intégrer.
Afin de formaliser l’enseignement de la profession, l’École suédoise de bibliothéconomie et sciences de l’information a été créée en 1972 à Borås et a mis fin aux autres formations. Ces études étaient constituées de deux ans de formations postsecondaire en bibliothéconomie, accès sur la pratique, et de deux années d’études universitaires facultatives découlant sur un diplôme de bibliothécaire. Il faudra attendre le début des années 1990 pour mettre fin à ce monopole et redonner un statut universitaire à cette formation. En effet, en 1991, la bibliothéconomie et les sciences de l’information deviennent une discipline universitaire et une chaire de recherche est créée à l’Université de Göteborg (Seldén, 2007). En 1993, le diplôme postsecondaire disparaît et un enseignement suédois combinant un niveau de premier cycle de trois ans et un niveau de deuxième cycle d’un an est lancé dans cinq universités. L’accent est aussi mis sur la formation des chercheurs, car l’on ne comptait qu’un seul professeur universitaire en sciences de l’information et bibliothéconomie en 1994 à l’Université de Göteborg (Höglund, 1998).
En 2007, pour suivre la Déclaration de Bologne de 1999 qui amorce le processus de concordance des systèmes européens d’études supérieures, la formation universitaire est remodelée (Seldén, 2007). Ainsi, les études en bibliothéconomie et sciences de l’information en Suède sont maintenant divisées en 3 cycles, le baccalauréat de trois ans, la maîtrise de deux ans et le doctorat de quatre à cinq ans (Farmer, 2020). Il y a actuellement six universités qui ont un programme en bibliothéconomie et sciences de l’information :
- L’université de Borås avec l’École suédoise de bibliothéconomie et de science de l’information. Cette école offre des programmes dans les trois cycles, certains en présentiel en suédois et d’autres à distance en anglais.
- L’université d’Umeå propose aussi les 3 cycles de formation en bibliothéconomie et science de l’information
- L’Université de Lund comprend un programme de maîtrise en archivistique, bibliothéconomie et sciences de l’information et muséologie (ABM). Une formation au doctorat est dispensée dans le domaine de la bibliothéconomie et des sciences de l’information.
- L’Université d’Uppsala offre aussi le programme de maîtrise en ABM et de doctorat en étude de l’information. Le département d’ABM de l’université collabore avec celui de l’université de Lund sur la formation doctorale avec des séminaires conjoints, des échanges d’étudiants et une coopération dans l’encadrement des doctorants.
- L’Université de Linné (Växjö) a un programme de 1er cycle en Bibliothèque et sciences de l’information et une formation postuniversitaire.
- L’Université de Södertörns de Stockholm qui propose depuis 2020 un baccalauréat dans ce domaine.
Depuis 2023, afin de soutenir et promouvoir entre autres les études postdoctorales en bibliothéconomie et sciences de l’information, l’école de recherche ReSource a été créée. Elle est financée par le conseil suédois de la recherche. Elle soutient 12 postes de doctorat répartis entre les 6 universités citées ci-dessus. Les projets de recherche portent sur la transformation de la lecture et de la critique des sources dans les cultures numériques (Anna Lundh, 2023).
Associations des bibliothèques
Svensk biblioteksförening
L’association des bibliothèques suédoises Svensk biblioteksförening est une organisation à but non lucratif indépendante. L’association a été constituée en 2000 par l’amalgamation de l’association Sveriges Allmänna Biblioteksförening (1915) et l’association des bibliothécaires universitaires et de recherche Svenska Bibliotekariesamfundet (1921) (Svensk Biblioteksföreningen, 2010). L’association agit comme porte-parole pour le réseau de bibliothèques en initiant et participant dans le discours public, en se portant à la défense des bibliothèques suédoises auprès des instances décisionnelles et en assurant le développement et la mise en application d’une politique nationale sur les bibliothèques. L’association des bibliothèques suédoises joue un rôle dans la recherche en bibliothéconomie et science de l’information en menant des études et enquêtes indépendantes et par biais de bourses d’initiation de recherche (Svensk Biblioteksföreningen, 2010). Depuis 1916, l’association (auparavant Sveriges Allmänna Biblioteksförening) publie une revue en bibliothéconomie intitulée Biblioteksbladet sous forme de périodique 10 fois par an. L‘adhésion est ouverte aux personnes et aux organisations et compte à peu près 3 700 membres (Thomas, 2011). Afin de faciliter la formation des réseaux, l’association a 6 chapitres régionaux à travers la Suède. De plus, l’association des bibliothèques suédoises est membre de réseaux plus larges, notamment la Ligue des bibliothèques européennes de recherche (LIBER) et European Bureau of Library, Information and Documentation Association (EBLIDA) en Europe et Freedom of Access to Information and Freedom of Expression (FAIFE) et International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA) sur le plan international (Svensk Biblioteksföreningen, 2010).
Sveriges Allmänna Biblioteksförening
En réponse aux initiatives parlementaires, dont la création du consultant d’État sur les Bibliothèques de 1912, la communauté bibliothécaire a fondé, en 1915, la Sveriges Allmänna Biblioteksförening (Hansson, 1997). Cette association avait pour but d’appuyer la profession et d’agir comme homologue au consultant des bibliothèques lors des délibérations dans le domaine des bibliothèques. (Ottervik, Osborne et Östling, 1963). L’association a créé Library Service Inc. (bibliotekstjänst) en 1952 (Torstensson, 2010) afin de centraliser, et donc normaliser, plusieurs fonctions administratives des bibliothèques publiques comme le catalogage. (Ottervik, Osborne et Östling, 1963). En 2000, SAB a été absorbée par Svensk biblioteksförening et bibliotekstjänst existe toujours indépendamment de l’association sous l’abréviation BTJ (Svensk Biblioteksföreningen, 2008).
Svenska Bibliotekariesamfundet
L’association suédoise des bibliothécaires universitaires et de recherche, Svenska Bibliotekariesamfundet a été fondée en 1921 (Ottervik, Osborne et Ostling, 1963). Elle a été également absorbée par Svensk biblioteksförening en 2000.
Svensk förening för infromationsspecialister
L’association des spécialistes en information, auparavant nommée Takniska litteratursällskapet (TLS), ou société pour documentation technique, a été créée en 1936 pour promouvoir les bibliothèques de documentation techniques-scientifiques et industrielles. En 2001, l’association a été renommée Svensk förening för infromationsspecialister pour mieux refléter leurs activités courantes et aujourd’hui son emphase est dans le secteur d’ingénierie industrielle (Svensk förening för infromationsspecialister, s.d.).
Cadre législatif
Entre 1965 et 1997, il n’y avait aucune loi nationale en vigueur pour les bibliothèques. (Thomas, 2010). Au début du vingtième siècle, diverses lois ont réglementé les bibliothèques. Mais en raison de la restructuration des subventions vers les communes, les bibliothèques se retrouvent dans un vide juridique dès 1965. (Thomas, 1998).
Aujourd’hui presque toutes les bibliothèques suédoises sont soumises à la Biblotekslag (2013:801) – la loi sur les bibliothèques. En effet, cette loi remplace, dès 2014, une loi antérieure adoptée en 1996 et s’applique à toutes les bibliothèques majoritairement financées par l’État, peu importe leur palier gouvernemental (local, régional ou national). La loi explicite la mission de l’ensemble du système public de bibliothèques, celui de promouvoir la démocratie et le transfert des connaissances. La loi promeut l’accès universel et les services centrés sur les besoins des usagers dans ses dispositions. Par exemple, la loi oblige les bibliothèques de prendre en compte les personnes vivant en situation de handicap en leur offrant, selon les besoins, des aides technologiques pour avoir accès aux connaissances, ainsi que les personnes de langues autres que le suédois en offrant de la littérature dans les langues minoritaires (finnois, yiddish, meankieli, romani et sami) et autres langues, ainsi qu’en suédois “facile à lire” (Swedish Library Association [SLA], 2015).
La loi réglemente aussi les différents types de bibliothèques. Elle oblige également chaque municipalité à avoir une bibliothèque publique adaptée aux besoins de ses usagers et offrir l’accès aux ressources littéraires gratuitement, peu importe le format (SLA, 2015). Cette disposition est un renforcement de la loi de 1996, où l’interprétation permettait de rendre payant l’accès aux livres électroniques (Thomas, 2011). La loi assure l’accès à une bibliothèque scolaire à tous les élèves inscrits dans des écoles d’éducation obligatoire et garantit l’accès aux bibliothèques universitaires des universités financées par l’État (SLA, 2015).
La loi reconnaît les centres de circulation inter bibliothèque et assure la gratuité. Les municipalités et les comtés doivent adopter des plans de bibliothèque afin d’organiser les activités pour lesquelles ils sont les principaux organisateurs. Finalement, la loi permet de créer une autorité permettant la surveillance et la promotion de la collaboration au sein du système. Dans les faits, cette autorité est la Bibliothèque nationale de Suède (SLA, 2015).
Outre la loi sur les bibliothèques, il y a les lois sur le dépôt légal. Comme nous l’avons vu, le dépôt légal date de 1661 en Suède, mais il existe deux lois actuelles qui datent de 1993 et de 2012. La première est la loi (1993:1392) sur le dépôt légal de documents, et la seconde (2012:492) sur le dépôt légal de documents électroniques. (Kungliga biblioteket, 2023a, 10 juillet). Les éditeurs doivent envoyer 7 copies de leurs publications : à la bibliothèque nationale ainsi qu’aux bibliothèques universitaires de Lund, Uppsala, Stockholm, Gothembourg, Umeå et Linköping, mais seules la bibliothèque nationale et l’Université de Lund doivent les conserver de manière permanente (Thomas, 2010). Ces documents comprennent les documents imprimés, les journaux, les jeux vidéo, les films, les livres audio, les enregistrements sonores, les programmes de radio et de télévision (Kungliga biblioteket, 2023a, 10 juillet). Selon la loi sur le dépôt légal des documents électroniques, les municipalités et agences gouvernementales et les éditeurs protégés par la constitution pour leurs publications électroniques doivent soumettre le contenu finalisé produit uniquement pour le Web si celui-ci vise les Suédois, est en suédois ou est produit en suède ou par un artiste suédois (Kungliga biblioteket, 2023b, 10 juillet).
Le droit de prêt public existe depuis 1954 en vertu de la loi sur le droit d’auteur qui accorde ce dernier d’une compensation de l’État, administrée par le Fonds des auteurs suédois, en fonction de sa fréquence d’emprunt (Thomas, 2011).
Information complémentaire
SAB-Systemet
En 1917, l’association suédoise de bibliothèques, Allmänna Biblioteksförening, a constitué un comité afin d’établir un système classificatoire uniforme, qui a ensuite élaboré et introduit en 1921 le système Klassifikationssystem för svenska bibliotek (Hansson, 1997), aussi appelé SAB-systemet (Furner, 2022). Le comité a décidé de rejeter le système américain Dewey afin de respecter les pratiques traditionnelles en classification qui étaient basées sur une codification alphabétique. La première itération du SAB-systemet avait 22 classes principales démarquées par des lettres majuscules entre A et V. Les sous-classes étaient dénotées par des lettres minuscules. Eventuellement, 3 autres classes principales étaient ajoutées pour un total de 25 classes classificatoires (Furner, 2022). Le SAB-systemet a connu huit itérations dont la dernière en 2006. En 2008, la bibliothèque royale de Suède a annoncé son intention d’adapter le système Dewey. Le corps décisionnel de l’association des bibliothèques suédoise actuelle, Svensk biblioteksförening, s’est positionné en faveur de la migration vers le système Dewey à des fins de normalisation internationale de systèmes de classification. La bibliothèque de l’Université de Stockholm a suivi l’exemple de la bibliothèque Royale et en 2010, la majorité des bibliothèques académiques ont annoncé leur intention d’abandonner le SAB-systemet en faveur du Dewey (Furner, 2022). Le SAB-systemet est maintenu par la bibliothèque royale depuis 2014 pour qu’il soit toujours accessible au public. Par ailleurs, ce système de classification est toujours pertinent pour la recherche par sujet dans les bases de données bibliothécaires telles que LIBRIS et le catalogue national de Suède (Furner, 2022).
Références
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Haglund, L., Roos, A., & Wallgren-Björk, P. (2018). Health science libraries in Sweden : New directions, expanding roles. Health Information & Libraries Journal, 35(3), 251‑255. https://doi.org/10.1111/hir.12229
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