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18 Turquie

(Noémie Blackburn Barbeau, Anthony Carrière, Roxanne Marcil, Mélanie Pagé)

Profil du pays

La Turquie (Türkiye), de son nom officiel la République de la Turquie, est un pays chevauchant les continents européen et asiatique et bordé par la mer Méditerranée au sud, la mer Égée à l’est et la mer Noire au nord. Le pays partage ses frontières avec huit autres pays, soit l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Géorgie, la Grèce, l’Iran, l’Irak et la Syrie (The World FACTBook). Avec une superficie de 783 562 km² (Europa World), le pays en est un de contraste géographique et climatique, entre plateaux, chaînes montagneuses et mers. En effet, la partie asiatique du pays, l’Anatolie, est la plus importante en termes de superficie. Celle-ci est formée par un haut plateau où le climat se trouve dans les extrêmes, soit avec des étés chauds et secs et des hivers froids et enneigés. À l’inverse, la portion méditerranéenne de la Turquie a un climat plus tempéré (Europa World).

La population de la Turquie, principalement de confession musulmane, est dispersée sur le territoire. En effet, à l’exception de la capitale, Ankara, et d’Istanbul, les centres urbains sont assez dispersés sur le plateau et sont de moindre densité (The World FACTBook), tout en regroupant la majorité de la population divisée entre les petits centres urbains et les métropoles (Encyclopedia Universalis). En ce qui a trait à la langue, une majorité de la population parle la langue officielle, soit le turc, alors que le kurde occupe également une place importante chez les Turcs, surtout dans le sud-est du pays (Encyclopedia Universalis, Europa World).

L’économie du pays se situe tant dans l’industrie avec la transformation et l’exportation des produits, que dans l’agriculture ou dans la montée de l’économie des services et du tourisme (Encyclopedia Universalis). La Turquie a comme journée pour la fête nationale le 29 octobre, jour où la République de Turquie a été proclamée à la suite de la victoire contre l’Empire Ottoman, en 1923 (The World FACTBook). S’est alors établi un gouvernement basé sur le système de république présidentielle inspiré de l’État-nation français (Encyclopedia Universalis), avec à sa tête depuis 2014 Recep Tayyip Erdoğan (Hitzel, 2023).

 

Histoire

L’histoire de la Turquie en est une longue et complexe, où se rencontrent différentes civilisations et religions qui vont construire l’histoire contemporaine du pays ainsi que ses identités nationales. En effet, aujourd’hui encore, différents peuples se regroupent sur le territoire sur lequel le gouvernement tente de développer une identité unique qui combine tradition et rupture avec le passé (Aymes, 2009). L’histoire de la Turquie contemporaine est marquée par de nombreux troubles politiques, tant par la victoire de Mustafa Kemal contre l’Empire ottoman et la consolidation de la République de la Turquie en 1923 (Bozarslan, 2016), que par les dissensions culturelles et identitaires avec les populations kurdes.

Le territoire actuel de la Turquie a connu, au travers des siècles, de nombreuses puissances politiques, dont l’Empire romain d’Orient. La stratégie de cette puissance a été de mettre de l’avant la culture grecque, celles des élites, au lieu de créer une colonie romaine imposée aux différentes tribus du territoire. La présence romaine s’est poursuivie en Orient, malgré la fin de sa composante occidentale ainsi que des différents troubles liés aux autres puissances comme les musulmans ou les Mongols (Badel et Inglebert, 2014). L’Empire romain d’Orient, devenu byzantin, ne connaît sa fin symbolique qu’à la prise de Constantinople en 1453 par l’Ottoman Mehmet II (Aymes, 2009). Toutefois, les différents pouvoirs vont se réclamer le titre tout au long de l’histoire du pays, dont les Ottomans, précédés par les Seldjoukides.

Ces derniers, représentant une confédération de tribus turques converties à l’islam au XIe siècle, s’installent en Asie mineure ainsi qu’en Anatolie au détriment des Byzantins à ce moment (Picard, 2014). La dynastie installée sur ce territoire va se déclarer “sultans de Rûm”, soit Rome en turc, où il est possible de voir des inspirations politiques en référence à l’empire (Aymes, 2009). La présence en Anatolie des dynasties seldjoukides est le résultat des assises politiques et surtout militaires des Turcomans, les nomades turcs (Picard, 2014), face aux pouvoirs musulmans. Le sultanat de Rûm va perdurer jusqu’à ce que les divisions internes ainsi que la pression des Mongols et des chrétiens soient trop fortes pour l’empire (Picard, 2014).

Cela pose les bases pour l’arrivée des Osmanlı (“ceux d’Osmân”) et qui deviendront les Ottomans (Aymes, 2009, 58). Ceux-ci vont profiter du déclin des Seldjoukides pour monter en puissance à partir de la fin du XIIIe siècle dans le détroit de la mer Égée (Picard, 2014) et ainsi devenir une puissance entre les continents européen et asiatique. Encore une fois, l’Empire romain est important dans la tradition de la nouvelle puissance, qui sera qualifiée de “Byzance après Byzance” (Aymes, 2009, 60), du nom de la partie orientale de l’empire. Les Ottomans ont pu s’imposer face aux différentes puissances provenant tant d’Asie, dont les Mongols, que d’Europe avec les croisés chrétiens à l’aide de la puissance des armées turques ainsi que par la puissance de l’organisation même de l’empire (Picard, 2014). L’Empire ottoman ne sera vaincu ainsi qu’au début du XXe siècle, à la suite de troubles incessants, par l’État kémaliste revendiquant l’identité turque (Bozarslan, 2016).

 

Types de bibliothèques

Bibliothèque nationale

La Turquie a créé son dépôt légal en 1937 (Poulain, 1995). Cela a mené, une décennie plus tard, à la nomination de Adnan Ötüken, formé en Europe à la bibliothéconomie, au titre de chef de bureau pour la création de la bibliothèque nationale (Milli Kütüphane, s.d.). Celle-ci se trouve alors sous la direction du ministère de la Culture et du Tourisme en tant que direction indépendante au sein du ministère, en plus d’être reconnue comme personnalité juridique en 1950, soit la seule bibliothèque possédant ce titre en Turquie  (Milli Kütüphane, s.d.). Depuis 1983, à la suite d’un manque d’espace dû au volume de documents possédés par l’institution, la Bibliothèque nationale occupe un nouveau bâtiment au centre d’Ankara, la capitale du pays (Poulain, 1995). Ainsi située, l’institution peut remplir sa mission première qui est d’assurer le soutien de la recherche sur la culture nationale (Milli Kütüphane, s.d.) et de cette manière, participer à la constitution du patrimoine de la Turquie, tant dans l’écrit que dans le visuel (Çalik, 2018).

En effet, la bibliothèque propose de nombreux services assurant le soutien à la recherche et de l’innovation par l’entremise de la numérisation de ses collections, garantissant un accès à distance aux nombreux manuscrits et périodiques. De plus, elle contribue à la circulation de l’information à l’aide de la collaboration à l’internationale pour le partage de ressources avec des institutions partageant un lien historique et culturel avec la Turquie (Çalik, 2018). Elle propose également un soutien quant à l’accessibilité de ses collections à la population, par la mise en place d’une collection de “bibliothèque parlante” (Milli Kütüphane, s.d.). Au travers de cette collection, les malvoyants peuvent accéder à des livres en braille ou encore audio fournis par la bibliothèque avec l’aide de bénévoles contribuant à l’agrandissement de cette collection (Çalik, 2018). La bibliothèque nationale permet donc le développement culturel et identitaire de la Turquie, tant pour les citoyens que pour la recherche.

Bibliothèques universitaires

En Turquie, la présence d’une bibliothèque est exigée sur tous les campus universitaires.  Le pays compte 606 bibliothèques universitaires, réparties sur les 207 universités existantes (Doğu, 2022). Dans les universités publiques, l’enseignement est gratuit et les services de bibliothéconomie sont pris en charge par les directions des bibliothèques liées aux facultés, départements et instituts. Les employés de ces institutions sont généralement divisés en trois groupes : les spécialistes de l’information (bibliothécaires et bibliothécaires spécialisés), le personnel de soutien et les étudiants-assistants (Çelik, 2001). Dans les universités de fondation, l’enseignement est payant. On y trouve des bibliothèques autonomes, liées au rectorat ou faisant partie d’une unité administrative. Dans ces bibliothèques, les services sont gérés de manière centralisée (Doğu, 2022).

Il existe deux principaux types de service dans les bibliothèques universitaires de Turquie : les services techniques, qui comprennent le catalogage, l’acquisition de collection, le développement de ressources, etc., et les services aux lecteurs, c’est-à-dire les services de prêts et de référence. De façon générale, les services de référence en Turquie sont offerts par des bibliothécaires et visent à aider et orienter les usagers dans leur recherche d’information. Ceux-ci comprennent des formations pour les utilisateurs, un accès à l’information consignée sur différents supports et des services d’accompagnement pour les technologies numériques. Les services de référence virtuelle sont également présents dans ce type de bibliothèque. Cependant, ils sont offerts dans les bibliothèques où les bibliothécaires sont en mesure d’utiliser les ressources et outils numériques actuels. En effet, seuls les professionnels de l’information qui ont suivi les développements technologiques et qui possèdent les compétences nécessaires peuvent proposer le service de référence en ligne (Doğu, 2022).

Le but fondamental des bibliothèques universitaires de Turquie est de soutenir la recherche et les activités d’enseignement des professeurs et des étudiants. Pour atteindre cet objectif, les bibliothèques permettent aux utilisateurs d’accéder à l’information. De plus, elles acquièrent et organisent également des collections et diverses ressources afin de les rendre disponibles aux usagers (Çelik, 2001). Par exemple, la mission des bibliothèques universitaires d’Istanbul est de donner accès à de l’information pertinente, actuelle et universelle par le biais d’installations contemporaines, tout en protégeant et partageant le patrimoine culturel et historique de l’université (IU librairies, 2023).

Bibliothèques publiques

La Turquie est dotée d’un système de bibliothèques publiques centralisé. Ces bibliothèques sont placées sous la direction du Ministère de la Culture et du Tourisme et sont régies par le GDPL (General Directorate of Libraries and Publications). Ce type d’organisation comporte à la fois des avantages et des inconvénients pour les bibliothèques publiques. Par exemple, un système centralisé permet au GDLP de développer des stratégies nationales afin de résoudre divers problèmes que l’on retrouve dans les bibliothèques publiques. De plus, l’ensemble de ces bibliothèques peuvent bénéficier d’une allocation de ressources gouvernementales (personnel, fonds, etc.), si l’autorité politique au pouvoir y est favorable. Toutefois, un tel fonctionnement peut aussi devenir désavantageux, car il dépend du bon vouloir du gouvernement (Al, & Sinan, 2016).

Depuis 2022, le nombre de bibliothèques publiques en Turquie s’élève à 1257 (Satista, 2023). 81 d’entre elles sont des bibliothèques publiques provinciales. Les collections sont développées par le GDLP, qui effectuent des achats selon la « régulation de sélection des publications ». Le GDLP tient également compte des suggestions venant des bibliothèques publiques. De plus, certaines bibliothèques disposent de leurs propres fonds publics, ce qui contribue au développement de leurs collections. Le soutien de la population locale contribue grandement à l’existence de ces fonds (Yılmaz, 2010). Au moment de leur construction, les bâtiments qui servent aujourd’hui de bibliothèques publiques n’ont pas nécessairement été conçus initialement pour cela. Par conséquent, l’efficacité de ces établissements, en termes d’espaces et d’accessibilité pour les usagers, n’est pas toujours optimale. Malgré tout, de nombreuses améliorations ont été effectuées durant les dernières années, afin d’améliorer la situation. En Turquie, les bibliothécaires travaillant dans les bibliothèques publiques doivent détenir un diplôme en bibliothéconomie. Or,  le nombre de bibliothécaires qualifiés est, encore aujourd’hui, insuffisant pour le nombre de bibliothèques publiques existantes (Al, & Sinan, 2016).

Actuellement, il n’existe aucune loi propre aux bibliothèques publiques. L’absence de réglementations efficientes affecte le fonctionnement, le budget, les employés, les bâtiments, le développement de collection et les services de ces bibliothèques. L’avenir des bibliothèques publiques dépend de la mise en place de législations efficaces, de l’utilisation des technologies de l’information actuelles et de la création d’espaces communautaires et culturels. De tels changements nécessitent la coopération du gouvernement de Turquie et celui de la population (Turner, 2019).

Bibliothèques scolaires

Toutes les écoles primaires et secondaires turques (publiques et privées) relèvent du ministère de l’Éducation. En 2015, il n’existait que 27 948 bibliothèques scolaires sur les 56 850 écoles du pays. Cela signifie que 61% des écoles n’ont pas de bibliothèques scolaires. De plus, les 39% qui en possèdent une fonctionnent avec des bénévoles. Ces derniers sont généralement des enseignants ou des étudiants. En fait, selon les politiques du ministère de l’Éducation nationale, aucune loi n’exige la mise en place d’un poste de bibliothécaire professionnel dans les bibliothèques scolaires. En Turquie, les bibliothèques scolaires ne sont pas considérées comme faisant partie intégrante du système d’éducation. En raison des derniers développements dans le pays, particulièrement au niveau des technologies, les attentes envers les bibliothèques publiques ont augmenté. Cependant, les ressources nécessaires restent limitées, telles que le manque de personnel, de moyens financiers et de ressources matérielles (Inci Önal, 2005). De plus, la plupart de ces écoles disposent de collections de livres, mais peu d’entre elles ont des bibliothèques, en raison du manque de lois standardisées. Cela occasionne certaines conséquences, dont une offre de services limitée (Turner, 2019).

Des efforts ont été déployés afin d’améliorer la situation. La Direction générale de l’apprentissage tout au long de la vie, un département relevant du ministère de l’Éducation, a pris certaines initiatives en 2013. Par exemple, ils ont mis sur pied un projet nommé « Okullar Hayat Olsun » (laisser les écoles prendre vie), qui établit des « Z-libraries ». Ces bibliothèques virtuelles offrent des livres et ressources numériques dans le but de combler le manque de collections dans les bibliothèques publiques. Ce projet vise à sécuriser la recherche dans l’espace numérique, et ce, de la maternelle jusqu’au secondaire. Le nombre de bibliothèques virtuelles (Z-libraires) pour les bibliothèques scolaires a augmenté au cours des années. On en comptait 570 en 2016, puis 700 en 2017 (Turner, 2019). Malgré tout, le manque de bibliothécaires professionnels reste criant. En effet, ces « Z-librairies » sont majoritairement gérés par des bénévoles, d’où la nécessité d’avoir des règles visant la présence des professionnels de l’information. Bien que l’augmentation des besoins d’information et des équipements technologiques ait modifié de manière positive les exigences imposées aux systèmes de bibliothèques scolaires, des problèmes subsistent. Des législations et réglementations adéquates sont nécessaires afin d’offrir des services adaptés aux utilisateurs et d’organiser les bibliothèques scolaires (Inci Önal, 2005).

Bibliothèques carcérales

Les bibliothèques carcérales de la Turquie visent la réhabilitation ainsi que la réintégration en société des incarcérées des institutions pénales turques. Dès 1967, on retrouve dans la réglementation, qui régit la gestion des institutions carcérales, des articles qui appuient la création de bibliothèques dans ces milieux (Dilek-Kayaoglu et Demir, 2014). Ce règlement stipule que toutes les institutions carcérales devraient avoir une bibliothèque qui offre des documents pour augmenter les connaissances personnelles et professionnelles des prisonniers, mais aussi afin qu’ils puissent connaître les réformes d’Atatürk, la culture et la littérature turque. Déjà, à cette époque, les documents sont des dons du Ministère et de la justice et de procureurs de la justice, et doivent passer entre les mains du gestionnaire qui doit approuver leur pertinence (Dilek-Kayaoglu et Demir, 2014). Le travail de bibliothécaire est à ce moment pris en charge soit par des enseignants déjà présents dans l’institution, mais aussi par des prisonniers qui ont un certain niveau d’éducation. Depuis 2005, selon les directives du Ministère de la Justice, les bibliothèques carcérales devraient avoir leur propre pièce assignée, les documents sont soit offerts par le ministère ou par des dons. En date de janvier 2011, la Turquie comptait 411 institutions carcérales, accueillant plus de 120 000 personnes, dont la majorité (96,4%) est des hommes. Les bibliothèques n’ont pas de budget qui leur est spécifiquement alloué et sont donc tributaires de dons et du budget de fonctionnement des institutions carcérales. En théorie, dans 93,4% des cas, les bibliothèques sont ouvertes toute la semaine et selon les heures de travail régulières, par contre la plupart des institutions carcérales du pays sont en surcapacité, ce qui affecte la fréquentation de la bibliothèque pour des raisons de surveillance et de sécurité. (Dilek-Kayaoglu et Demir, 2014). On note aussi que des critères discrétionnaires peuvent être appliqués pour définir quels prisonniers peuvent ou non fréquenter la bibliothèque. Ceci contrevient à une des lignes directrices de L’IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions) sur les prisons carcérales, que la seule limitation à fréquenter la bibliothèque devrait en être une qui découle d’une infraction aux règlements de celle-ci (Lehmann et Locke, 2005). Toujours en date de 2011, on ne comptait aucun professionnel des sciences de l’information comme employé dans les bibliothèques carcérales, ce sont en fait en grande majorité des agents correctionnels qui sont mandatés pour ces tâches (Dilek-Kayaoglu et Demir, 2014).

Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques

Avant d’être constitué·e sur le plan disciplinaire et professionnel, le/la bibliothécaire était le fruit du compagnonnage et de l’expérience transmise à la bibliothèque même (Akbulut & Atilgan, 1995). La première formation ayant pour sujet la bibliothèque et sa profession est offerte par Fehmi Ethem Karatay, fort d’une formation suivie à l’American Library School de Paris, pendant l’année 1925-1926 à quelque trente membres du personnel des bibliothèques d’Istanbul (Akbulut & Atilgan, 1995). La formation était alors offerte sur les lieux de travail. Il faudra attendre jusqu’en 1942, soit un an après que le Directeur des bibliothèques d’Ankara de l’époque, Aziz Berker, formule cette demande, pour la mise sur pied des premiers cours dispensés par la faculté des lettres de l’université. Cette première phase de formation universitaire sur les bibliothèques (1942-1952) prenait la forme d’une courte formation de deux sessions, au terme desquelles les deux groupes annuels voyaient leur parcours sanctionné d’un certificat (Akbulut & Atilgan, 1995). C’est en 1952 que cette formation, en quelque sorte hébergée par la faculté, est véritablement prise en charge puis intégrée au cursus du département de langue turque et de littérature de l’Université d’Ankara en tant que cours optionnel. Deux ans plus tard, soit pendant l’année académique 1954-1955, l’Institut de bibliothéconomie (Ankara University | Bologna Information System, s. d.) est fondé au sein de la faculté des lettres, avec l’important soutien de l’American Library Association et de la Fondation Ford (Akbulut & Atilgan, 1995). Les premières années d’enseignement du département sont principalement assurées par une présence certes attractive, mais surtout étrangère de nombreux professeurs américains (1955-1961), dont le professeur Robert D. Browns et plusieurs conférenciers de l’Institut Fulbright (1961-1964). En 1988, le département densifie son cursus et intègre trois sous-départements : les archives (Archival Science), la documentation (Documentation and Information) et la bibliothéconomie (Librarianship). C’est notamment à partir des années 1990 que la discipline bibliothéconomique s’institue comme référent du curriculum professionnel (Ankara University | Bologna Information System, s. d.).

Le cadre éducatif turc en sciences de l’information se conçoit aujourd’hui à travers quatre universités : l’Université d’Ankara, l’Université d’Istanbul, l’Université de Hacettepe et l’Université de Marmara. Le cursus en sciences de l’information est offert aux 3 cycles d’études, soit de niveaux baccalauréat, maîtrise et doctorat. À la suite d’une décision du Conseil des Études supérieures de Turquie (2002-2003), les départements de bibliothéconomie d’Ankara, d’Istanbul et de Marmara sont renommés département de gestion de l’information et des documents (Information and Records Management), puis celui de Hacettepe département de gestion de l’information (Information Management) (Ankara University | Bologna Information System, s. d.; Hacettepe University / Course Catalog Site, s. d.; Üniversitesi, s. d.). En s’attardant aux compétences visées par les différents programmes de bibliothéconomie, les études de premier cycle visent l’identification et la validation des connaissances de base des étudiants, le deuxième cycle permet à ces derniers d’acquérir de nouvelles connaissances dans une phase d’utilisation, pour finalement atteindre un stade d’évaluation, d’interprétation et d’analyse au troisième cycle. Les quatre universités offrent une grande latitude quant au contenu du parcours académique type, privilégiant la formule du cours au choix (elective courses). Par exemple, le programme de maîtrise offert à l’Université de Hacettepe prévoit deux cours obligatoires pour les deux sessions composant la première année d’études, le reste de la scolarité étant complété par des cours au choix et la rédaction d’une thèse (Hacettepe University / Course Catalog Site, s. d.).

Les intérêts de recherche privilégiés par les différentes universités concernées permettent de préciser la nature du cadre éducatif turc. En effet, le département de l’Université d’Ankara s’intéresse autant aux ressources et services informationnels qu’à l’organisation et la recherche d’information, l’étude des usager·ères, la gestion des documents (records), l’archivistique (archival science), l’étude de manuscrits et de livres rares et les technologies informationnelles (Ankara University | Bologna Information System, s. d.). Cependant, le département de l’Université Marmara, bien qu’il porte le même nom que ceux d’Ankara et d’Istanbul (Information and Records Management), s’intéresse exclusivement aux archives historiques étatiques et aux archives institutionnelles, ce qui exclut de facto la bibliothéconomie de son cursus (Takımı, s. d.). Alors que l’Université Marmara offre un cadre éducatif spécialisé en archivistique, l’Université d’Istanbul revendique une posture interdisciplinaire, tant en ce qui a trait à la sélection des futur·es étudiant·es qu’à la composition de son corps professoral, qui est à l’intersection de la bibliothéconomie, de l’archivistique, de l’histoire et de la sociologie (Üniversitesi, s. d.).

Association de bibliothèques

Il existe deux organisations qui agissent en Turquie en tant qu’associations professionnelles non gouvernementales pour les bibliothécaires : l’Association des bibliothécaires turcs (Turkish Librarian’s Association / Türk Kütüphaneciler Derneği (TKD)) et l’Association des bibliothécaires universitaires et de recherches (University and Research Librarians’ Association / Üniversite ve Araştırma Kütüphanecileri Derneği (ÜNAK)). Ces deux associations revendiquent le rôle essentiel des bibliothèques au développement social et culturel de la Turquie. Chacune d’elle produit des publications professionnelles : la TKD assure la rédaction et la diffusion de Turkish Librarianship (Türk Kütüphanec-iliği), un périodique trimestriel dont les articles publiés passent par un comité de révision par les pairs, alors que l’ÜNAK se charge quant à elle de la revue biannuelle Information World (Bilgi Dünyası), également soumise à l’évaluation par les pairs. Ces deux revues sont indexées depuis 1999 dans LISA (Library and Information Science Abstracts). La TKD marque le paysage bibliothéconomique turc par la publication ininterrompue depuis sa fondation en 1949 des numéros de Turkish Librarianship et situe la publication professionnelle parmi ses plus importantes missions associatives (Aslan, 1995). Cependant, comme le rapporte Selma Alsan lors de la 61e conférence de l’IFLA, cette priorité octroyée à la publication couplée au fait que les travaux de l’exécutif soient menés sur une base volontaire restreint considérablement le champ d’action de l’association (Aslan, 1995).

L’ÜNAK est quant à elle mise sur pied en 1991. Sa création est étroitement liée aux enjeux technologiques qui bouleversent le modèle de services des bibliothèques de recherche (« Amaç, Misyon / Vizyon », 2023). Membre de LIBER, L’ÜNAK devient un point de repère par lequel mesurer l’avancement technologique des bibliothèques universitaires turques par rapport aux solutions élaborées ailleurs dans le monde. Les missions dont elle prend la charge et la vision qu’elle exprime publiquement la positionnent dans un rôle de leader, tant sur le plan de l’articulation des politiques et des standards internationaux en bibliothèque de recherche et spécialisée que de la conception de nouveaux services en phase avec la transition sociale et technologique (« Amaç, Misyon / Vizyon », 2023). Son champ d’action est structuré, varié et réparti en cinq groupes de travail : médecine et sciences de la santé ; bibliothécaires de droit ; données de bibliothèques ; bibliothèques durables et RDA. L’ÜNAK organise annuellement un symposium sur un thème précis sur lequel différents acteurs du milieu des bibliothèques sont invités à s’exprimer : membres de la communauté académique, professionnel·les, gestionnaires, étudiant·es et tout autre personne intéressée par les enjeux du domaine. Le symposium de 2023 s’est tenu en septembre dernier au centre des congrès de l’Université Aydin Adnan Menderes et avait pour thème « Les bibliothèques du futur au nouveau siècle », pointant vers le croisement entre la transition numérique qui s’opère en bibliothèque de recherche et l’amorce en 2023 du deuxième siècle de l’actuelle République turque (ÜNAK2023 | Aydın Adnan Menderes Üniversitesi, 2023).

En complémentarité avec l’ÜNAK, mentionnons les activités de la structure ANKOS (Anatolian University Libraries Consortium / Anadolu Üniversite Kütüphaneleri Konsorsiyumu), qui agit à la fois comme organisme de mutualisation et comme association professionnelle en contexte de bibliothèque de recherche. Organisme de mutualisation, car il offre à ses membres un service d’achats regroupés pour l’acquisition de licences de bases de données. Association professionnelle, puisque ANKOS offre de la formation continue en ce qui a trait au développement et à l’utilisation responsable des bases de données et à la promotion de politiques conjointes en la matière(« General Information – ANKOS », s. d.). ANKOS offre ainsi un point d’ancrage et d’harmonisation des pratiques en matière de libre accès et de dépôt institutionnel, de statistiques, de licence et de relations publiques.

 

Cadre législatif

 

Mis à part la loi de 1937 qui instaure le dépôt légal et jette les bases pour la création de la bibliothèque nationale de Turquie en 1956 et de sa personnalité juridique, il n’existe pas de lois spécifiques sur les bibliothèques. On retrouve plutôt une série de réglementations dispersées au sein des différents ministères, comme celui de l’éducation, de la culture ou de la justice. Ces réglementations turques concernant les bibliothèques sont indissociables de l’histoire politique du pays. On peut en effet distinguer grossièrement deux grandes périodes, soit l’Empire Ottoman et la création de la République turque. Au cours du règne de l’Empire Ottoman, les bibliothèques sont d’abord l’œuvre de sultans, des autorités religieuses et de riches donateurs. Au niveau législatif, cela se manifeste , par exemple, par un décret qui interdit la vente de livres manuscrits arabes qui seraient destinés à l’exportation vers l’Europe. (Hitzel, 1999) On tente alors de protéger les collections des mains des Occidentaux. Suite à la création de la République de la Turquie en 1923, quelques lois vont indirectement toucher le développement des bibliothèques. Parmi celles-ci, on compte la loi sur l’unification des curriculums (Tevhid-i Tedrisat Kanunu) de 1924 puis la loi sur la réforme de l’écriture (Harf Devrimi) de 1928 (Akili et Al, 2016).

Comme le précise Keseroglu (2016), les changements faits aux législations concernant les politiques d’acquisitions des bibliothèques le sont principalement pour des raisons politiques de contrôle et d’adéquation entre le message porté dans les documents et celui du parti politique au pouvoir. En effet, comme il n’existe aucune loi spécifique aux bibliothèques en Turquie, celles-ci sont particulièrement sujettes à l’ingérence des différents gouvernements qui se succèdent au pouvoir et de leur vision politique (Keseroğlu, 2016). Les plus de 1000 bibliothèques publiques, de leur côté, sont sous la responsabilité du Kütüphaneler Genel Müdürlüğü, qui pourrait se traduire en français par la Direction générale des bibliothèques (Turner, 2019). Depuis les années 1990, les différents projets de loi (qui souvent ne sont pas adoptés) ne visent pas la planification à long terme du réseau des bibliothèques ou encore l’encadrement de la formation professionnelle des bibliothécaires, mais plutôt une forme de contrôle, par exemple, dans le choix d’acquisition des documents (Keseroglu,2016).

 

Information complémentaire ou particularités

Un des enjeux actuels en Turquie est la liberté d’expression et de pensée, remise en cause par les directives et politiques du président actuel Erdoğan. En effet, réélu depuis 2014, l’homme politique contrôle la grande majorité des médias du pays (Hitzel, 2023). Ce contrôle politique est également présent dans les universités. Effectivement, à la suite  de la publication d’une pétition appelant à la paix en lien aux troubles survenus en 2015, des licenciements de masse, de la censure et un contrôle de l’activité scientifique sur les sujets jugés sensibles par le gouvernement ont pu être observés (Erdi et Pica, 2022). Cela va à l’encontre des valeurs de l’IFLA, qui prône ces libertés pour le bien-être social, culturel et démocratique des individus et des communautés (IFLA, s.d.).

Références

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Amaç, Misyon / Vizyon. (2023, juillet 10). ÜNAK. https://unak.org.tr/hakkinda/amac-misyon-vizyon/

Ankara University | Bologna Information System. (s. d.). Consulté 20 décembre 2023, à l’adresse http://bbs.ankara.edu.tr/Amac_Hedef.aspx?bno=3516&bot=1089

Aslan, S. (1995). Turkish Librarians’ Association : Today and Tomorrow—61st IFLA General Conference. https://origin-archive.ifla.org/IV/ifla61/61-asls.htm

Aymes, M. (2009). Le siècle de la Turquie. Une histoire contemporaine ? Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 103(3), 47‑61. https://doi.org/10.3917/ving.103.0047

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Bozarslan, H. (2016). Histoire de la Turquie contemporaine: Vol. 3e éd. La Découverte. https://www.cairn.info/histoire-de-la-turquie-contemporaine–9782707188861.htm

Bozdémir, M., Kazancigil, A., Mantran, R., Massicard, É., & Pérouse, J.-F. (s. d.). Turquie. Dans Encyclopædia Universalis. https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/turquie

Çalik, B. (2018, août 16). La Bibliothèque nationale, mémoire culturelle de la Turquie. Agence Anadolu. https://www.aa.com.tr/fr/monde/la-biblioth%C3%A8que-nationale-m%C3%A9moire-culturelle-de-la-turquie-/1233411

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