9 Canada (Ontario)
Sarah Beaudry, Thomas Chartré, Marie-Pierre Cloutier, Alexandra Mathieu, Anthony Rémillard
Profil de la province
L’Ontario est l’une des dix provinces du Canada et est située au nord de la Baie d’Hudson, entre les provinces du Manitoba et du Québec. La province ontarienne partage l’une de ses frontières avec les États-Unis, plus précisément avec les états du Michigan, du Minnesota et de New York. Parmi toutes les provinces et les territoires du Canada, l’Ontario est la plus densément peuplée, avec un peu plus de 14 millions d’habitants. Ces derniers sont concentrés dans les zones urbaines, notamment dans la capitale de l’Ontario, Toronto, où se trouve d’ailleurs un grand aéroport où des vols internationaux sont offerts. L’Ontario héberge aussi la capitale du Canada, soit Ottawa, une métropole densément peuplée. (Hillmer et Bothwell, 2024) Les autres grandes villes, comme Mississauga, sont des pôles de développement économique reconnus pour leurs perspectives d’emplois, entre autres en finances, tourisme et fabrication, autant pour les natifs et natives de l’Ontario que pour les nombreuses personnes qui y immigrent chaque année (Gouvernement du Canada, s. d.). D’ailleurs, la grande majorité des personnes nées en Ontario ont comme langue maternelle l’anglais. Selon des données de 2021, seuls 3,3 % de la population ontarienne aurait comme langue première le français. Or, ce sont près de 130 langues qui sont parlées dans cette province, grâce aux immigrants venant de partout sur la planète. En date de 2024, le gouvernement de l’Ontario se trouve à être majoritaire et est sous l’autorité du premier ministre Doug Ford, un progressiste-conservateur (Hillmer et Bothwell, 2024).
Histoire
Les premières présences humaines sur le territoire de l’Ontario remontent à la dernière ère glaciaire, il y a 11 000 ans. Avec la fonte des glaces, les Paléoaméricains investissent les territoires, vivant de la cueillette, de la chasse et de la pêche. À l’arrivée des premiers colons européens au début des années 1600, plusieurs nations autochtones occupent déjà le territoire, notamment les Cris, Ojibwés, Odawas, Algonquins, Hurons-Wendats Potawatomis et le peuple des Neutres (Hillmer et Bothwell, 2024). Les premières interactions entre Autochtones et Européens se concentrent autour du commerce des fourrures. Des alliances sont créées entre Autochtones et Européens, ce qui mène rapidement à des hostilités (Parrott et Marshall, 2019). En 1701, suivant près d’un siècle de confrontations, les Cinq Nations haudenosaunee ratissent un traité de paix avec les Français, mettant un terme aux conflits (Jaenen et McIntosh, 2019).
En 1763, suivant la signature du Traité de Paris, les Français cèdent la Nouvelle-France aux Britanniques. Ceux-ci adoptent l’Acte de Québec en 1774, ce qui élargit considérablement le territoire de la Province de Québec, pour être peu de temps après, divisé en deux par la loi constitutionnelle de 1791, créant le Haut-Canada (futur Ontario) et le Bas-Canada (futur Québec) (Hillmer et Bothwell, 2024). À la fin du XVIIIe siècle, la Révolution américaine provoque l’arrivée de 6 000 à 10 000 loyalistes dans la région, suivis par d’autres vagues d’Américains attirés par l’abondance de terres bon marché. Durant la guerre anglo-américaine de 1812, le Haut-Canada voit son territoire envahi par les forces américaines, mais l’armée britannique et ses alliés parviennent à les repousser. La guerre se termine en 1814 sur un statu quo (Hillmer et Bothwell, 2024).
Entre 1825 et 1842, l’immigration fait tripler la population du Haut-Canada. Les territoires et les villes se développent rapidement. Suivant les rébellions de 1837 et 1838, et les recommandations du rapport Durham, le gouvernement britannique signe l’Acte d’Union en 1840, ce qui unit le Haut- et le Bas-Canada pour former la Province du Canada (Buckner, 2019). Vers les années 1850, l’immigration et le taux de natalité élevé font passer la population du Haut-Canada devant celle du Bas-Canada. La Confédération est formée en 1867 et l’Ontario devient une des quatre provinces fondatrices du Dominion du Canada (Hillmer et Bothwell, 2024).
Hormis quelques exceptions, le siècle qui suit est marqué par la paix et la prospérité. La province se développe rapidement. L’élevage et l’agriculture constituent des industries majeures. La croissance urbaine et industrielle augmente durant la seconde moitié du XIXe siècle, en parallèle avec les secteurs du textile, de la métallurgie et de la machinerie agricole. Le développement du réseau ferroviaire au début du XXe siècle consolide davantage les progrès industriels. La frontière actuelle de l’Ontario est agrandie aux dépens du Manitoba, puis officialisée en 1912 à la suite de l’annexion d’un pan de territoire à l’ouest de la province (Hillmer et Bothwell, 2024).
Types de bibliothèques
Bibliothèque nationale
Il n’y a pas de bibliothèque nationale au niveau provincial en Ontario à proprement parler, le Québec faisant office d’exception à ce sujet avec la présence de BAnQ à Montréal. L’Ontario héberge toutefois la plus grande institution du genre au niveau fédéral, soit Bibliothèque et Archives Canada (BAC). Celle-ci est située à Ottawa et a pour mission de conserver et diffuser le patrimoine documentaire du Canada (“Bibliothèque et Archives Canada,” 2024).
La création des Archives nationales du Canada remonte à 1872, soit cinq ans après la création de la Confédération canadienne. En 1948, W. Kaye Lamb, archiviste du Dominion, a le mandat d’organiser la création de la Bibliothèque nationale, qui aurait pour mission de rassembler la somme des écrits publiés et non publiés au pays, y compris les textes gouvernementaux. La création de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a lieu en 2004 suivant la fusion de Bibliothèque nationale Canada et Archives nationales du Canada (“Bibliothèque et Archives Canada,” 2024).
BAC possède une collection de 20 millions de livres, 240 kilomètres linéaires d’archives, 3 millions de dessins, plans et cartes, 5 milliards de mégaoctets, 30 millions de photographies, 90 000 films, 550 000 heures audio/vidéo, 425 000 œuvres d’art, 550 000 morceaux de musique en feuilles (“Bibliothèque et Archives Canada,” 2024). BAC assume les responsabilités du dépôt légal afin de recueillir tous les documents créés au Canada qui sont destinés à la vente ou à la distribution publique (Gouvernement du Canada, 2023).
Un projet en cours de construction et dont la complétion est prévue en 2025, prévoit la fusion de BAC et de la Bibliothèque publique d’Ottawa. Le futur bâtiment sera construit au 555 rue Albert et se nommera Ādisōke (“Bibliothèque et Archives Canada,” 2024).
Bibliothèque publique
À la suite de l’adoption d’une loi ontarienne sur les bibliothèques publiques gratuites en 1882, les premières bibliothèques de ce type ont vu le jour en Ontario en 1883, à Guelph et à Toronto. Ce modèle de bibliothèques publiques gratuites a ensuite été adopté par les autres provinces canadiennes (Beckman, Dahms et Bruce, 2015). L’Ontario a également été récipiendaire de l’initiative philanthropique d’Andrew Carnegie, qui a investi 2 556 600 $ pour la construction de 111 bibliothèques sur le territoire ontarien, entre 1903 et 1922. À ce jour, 62 de ces 111 bibliothèques sont toujours actives et 49 ont été reconverties ou démolies. En 2022, le réseau de bibliothèques publiques ontariennes comptait 1176 points de services, comprenant des bibliothèques principales, des succursales de bibliothèques, des stations de dépôt et des arrêts de bibliobus. Cela fait en sorte que plus de 99 % de la population ontarienne est desservie par un de ces points de service, et 27 % sont détenteurs d’une carte de bibliothèque publique (Gouvernement de l’Ontario, 2023b).
En 2022, les bibliothèques publiques détenaient près de 28,2 millions de livres imprimés, ce qui équivaut à 1,8 livre par citoyen. Elles offraient également environ 22,8 ressources numériques, accessibles dans tous les points de service de bibliothèque. La Loi sur les bibliothèques publiques fait en sorte que tous ces services sont accessibles gratuitement pour les résidents (Gouvernement de l’Ontario, 2023b). Les bibliothèques publiques de l’Ontario sont toutefois beaucoup plus qu’un service de prêt de livres. En effet, pour la même année, elles offraient 33 647 programmes d’alphabétisation et d’apprentissage pour les jeunes, 3611 programmes pour les nouveaux arrivants, 6306 programmes de médias numériques et d’autoédition, puis 614 programmes d’aide à la recherche d’emploi et d’acquisition de compétences (Gouvernement de l’Ontario, 2023a). Ces programmes reflètent les valeurs défendues par la Fédération des bibliothèques publiques de l’Ontario (FOPL) : retour sur investissement, développement économique, soutien à l’emploi, accueil de nouveaux Canadiens, développement de l’alphabétisation des jeunes enfants, soutien à l’éducation formelle et à l’aide aux devoirs, soutien à l’ensemble de la communauté, accès équitable aux ressources communautaires, accès aux services gouvernementaux, réponses de qualité aux questions, vitalité culturelle, activités de loisirs abordables. Les bibliothèques publiques jouent alors un rôle important dans la réussite sociale, éducative, culturelle et économique des Ontariens et des Ontariennes (Fédération des bibliothèques publiques de l’Ontario, s. d.).
En plus d’être soutenues par la FOPL, les bibliothèques publiques ont accès à des ressources supplémentaires comme l’Association des bibliothèques de l’Ontario ou le Service des bibliothèques de l’Ontario, qui met à leur disposition des programmes et des services de soutien, au nom du ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport. Elles ont également accès aux Lignes directrices pour les bibliothèques publiques de l’Ontario qui fournissent un cadre de développement, de l’aide aux processus de planification, une imputabilité renforcée à l’avantage des contribuables, un accès équitable à l’information pour le public et un financement garanti, à toutes les bibliothèques publiques de l’Ontario, et ce, peu importe leur taille (Gouvernement de l’Ontario, 2022).
Bibliothèque scolaire
Dans le curriculum de l’éducation élémentaire et secondaire de l’Ontario, les bibliothèques scolaires sont considérées comme des centres de ressources. La bibliothèque scolaire joue alors un rôle éducatif important pour les élèves, et elle leur permet de développer le goût de la lecture pour se divertir et pour apprendre, de découvrir la richesse et la diversité de la production documentaire et médiatique au Canada et ailleurs dans le monde, de développer des habiletés de littératie en utilisant des textes de fiction et de non-fiction, de développer des compétences pour devenir des chercheurs indépendants, réfléchis et critiques, d’accéder à des programmes, des ressources et des technologies d’intégration dans toutes les matières et disciplines du curriculum et de découvrir la richesse du réseau des bibliothèques publiques et d’en apprécier l’utilité pour poursuivre son apprentissage tout au long de leur vie. Ainsi, la bibliothèque scolaire permet aux élèves des écoles élémentaires et secondaires de développer des compétences informationnelles et de recherche pertinentes (Gouvernement de l’Ontario, 2024). Les démarches d’apprentissage en bibliothèque scolaire ont aussi de forts impacts sur la croissance individuelle des élèves. Effectivement, ils y développent des qualités personnelles comme l’imagination et la créativité, la confiance et l’estime de soi, la sensibilité culturelle et l’engagement social, la curiosité intellectuelle, le respect et la responsabilité, ainsi que le sens de l’initiative (Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario, 2010).
Les bibliothécaires scolaires en Ontario sont des enseignants-bibliothécaires. Ils jouent un rôle de guide dans l’exploration des ressources informationnelles et des outils technologiques (Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario, 2010) et ils participent activement à l’enseignement des élèves de la maternelle à la douzième année, sélectionnent des ressources pour inciter les élèves à lire, intègrent des programmes de lecture comme la « Forest of Reading », servent de référence en matière de technologies de l’information, assurent un accès équitable aux technologies, accueillent la diversité dans chaque école, et offrent un espace d’apprentissage polyvalent, ouvert et flexible qui encourage la curiosité et la créativité (Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario, 2014).
Dans la dernière année, un nouveau modèle de financement de l’éducation a été adopté en Ontario, le « Core Education Funding ». Celui-ci contribue grandement au déclin des bibliothèques scolaires, car leur financement a été jumelé à l’acquisition de fournitures scolaires, aux salaires de conseillers d’orientation et au financement de ressources en santé mentale. En 2017, seulement 52 % des bibliothèques scolaires des écoles élémentaires avaient un enseignant-bibliothécaire à leur disposition, alors que ce nombre s’élevait à 80 % en 1998. Ce nombre risque de continuer à chuter avec l’adoption du nouveau modèle de financement (Chaudhary, 2024). L’OSLA a alors lancé la campagne Sauvons nos bibliothèques scolaires pour assurer la survie de celles-ci, et de faire en sorte que chaque élève dispose d’une bibliothèque scolaire adéquatement financée et dotée de personnel (Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario, 2024).
Bibliothèque universitaire
L’Ontario bénéficie d’un système d’éducation supérieure important. Il est scindé en deux types d’institutions : les universités et les collèges, ces derniers offrant principalement des programmes centrés sur l’enseignement professionnel, mais aussi des diplômes de niveau baccalauréat. On compte près d’une quarantaine d’universités publiques et privées ainsi que des centaines d’instituts collégiaux. Un imposant réseau de bibliothèques universitaires et collégiales supporte le système éducatif supérieur.
Les premières institutions universitaires ontariennes remontent au début du XIXe siècle. King’s College, Queen’s College et College of Bytown, fondés respectivement en 1827, 1841 et 1848, sont les précurseurs de l’University of Toronto, Queen’s University et University of Ottawa. Les collections documentaires des bibliothèques de ces institutions d’enseignement supérieur ainsi que celles fondées avant 1950 sont toutefois petites. La bibliothèque du King’s College compte par exemple 4500 documents en 1850 (Wilson, 2010). Certaines initiatives pallient cependant ce problème. En 1963, l’Ontario New Universities Library Project permet l’acquisition d’une documentation identique choisie par l’University of Toronto pour fournir les collections des bibliothèques de cinq nouvelles universités ontariennes. Au cours de la même décennie, l’instauration du prêt interuniversitaire permettra à la fois une plus grande coopération entre les bibliothèques de la province et la mise en valeur de la complémentarité des collections.
De nos jours, les vingt-deux universités publiques ontariennes comptent plus d’une centaine de bibliothèques. Quarante-quatre de celles-ci appartiennent au réseau des bibliothèques de l’University of Toronto. Celle-ci possède le plus important réseau de bibliothèques non seulement en Ontario, mais à travers le Canada. Au niveau de l’Amérique du Nord, elle se positionne à la troisième place derrière les réseaux de bibliothèques de Harvard et de Yale. La John P. Robarts Research Library, qui détient près de neuf millions de documents se rapportant principalement aux domaines des sciences sociales et des lettres, est la bibliothèque possédant la collection documentaire la plus importante du réseau des bibliothèques de l’University of Toronto.
L’Ontario Council of University Libraries ou OCUL est une association regroupant les réseaux de bibliothèques de vingt-et-une universités publiques ontariennes. Fondé en 1967, l’Ontario Council of University Libraries a mené plusieurs initiatives pour défendre les intérêts et faciliter l’accès aux services de ses bibliothèques membres. Parmi ses réalisations importantes, on peut noter entre autres l’instauration du prêt interuniversitaire, la mise en place de Scholars Portal, une ressource numérique permettant la mise en commun de collections et d’infrastructures technologiques, et la conception d’OMNI, un outil de recherche académique utilisé par plusieurs de ses membres.
Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques
Plusieurs institutions d’éducation supérieure ontariennes offrent des programmes d’études dans le domaine des sciences de l’information. En effet, seize universités et collèges à travers la province proposent des programmes menant à l’obtention de certificats, diplômes, baccalauréats, maîtrises et doctorats. Ces programmes d’études peuvent être à vocation professionnelle ou mener vers la recherche. En outre, certains d’entre eux mettent en relation plusieurs disciplines.
Les programmes d’études en bibliothéconomie en Ontario se sont développés dès le début du XXe siècle. Le premier d’entre eux, d’une durée de quatre semaines, est offert à Toronto pendant l’été de 1911. La nécessité d’un programme d’études plus substantiel se fait dès lors sentir. Le ministère de l’Éducation de l’Ontario demande à l’University of Toronto de mettre en place une école de bibliothéconomie en 1927. Cette dernière s’impose rapidement comme l’une des grandes écoles de ce domaine au Canada. Contrairement à l’University of Ottawa, l’American Library Association accrédite son baccalauréat en 1937. Dans les années 1950, le resserrement des normes entourant la profession et le manque subséquent de bibliothécaires qui survient dans les années 1960 à travers la province mène à la création d’une nouvelle faculté en sciences de l’information à l’University of Western Ontario en 1966. Durant la même décennie, la structure des programmes d’études en sciences de l’information dans les institutions d’enseignement ontariennes est repensée en réaction à l’élaboration d’un programme de maîtrise à l’Université McGill. Les programmes doctoraux font quant à eux leurs apparitions dans les années 1970 (Henderson, 2004).
De nos jours, l’Ontario compte trois des sept écoles canadiennes en sciences de l’information offrant des programmes d’études accrédités par l’American Library Association. Ce sont l’University of Toronto, l’University of Ottawa et l’University of Western Ontario. Celles-ci offrent le Master of Information Studies (nommé Master of Library & Information Science à l’University of Western Ontario) permettant la pratique de professions liées aux domaines de la bibliothéconomie et de l’archivistique. Ces trois maîtrises peuvent être également suivies sous le mode de l’étude coopérative. Les trois universités ont aussi comme autre point commun d’offrir des diplômes menant vers la recherche, comme le doctorat. Seule l’University of Western Ontario n’offre pas la possibilité de compléter une maîtrise avec thèse. Pour faire suite, les offres éducatives en sciences de l’information de l’University of Toronto, l’University of Ottawa et l’University of Western Ontario possèdent toutes des particularités spécifiques. On peut par exemple noter que l’University of Toronto offre la possibilité de faire un baccalauréat de deux ans à la suite de l’achèvement de deux années de baccalauréat dans un autre domaine. L’University of Toronto et l’University of Western Ontario ont mis quant à elles sur pied des programmes multidisciplinaires. Parmi ceux de l’University of Toronto figure la maîtrise combinée en sciences de l’information et en muséologie.
Association de bibliothèques
La principale association de bibliothèques de l’Ontario est la Ontario Library Association (OLA), une institution à but non lucratif. Elle a pour but d’épauler les bibliothèques de la province afin de faire la promotion de l’accès à l’information, défendre les intérêts des bibliothèques ontariennes et offrir de nombreuses ressources pour les professionnels de l’information. Ces derniers, autant les bibliothécaires que les techniciens en documentation, tout comme les chercheurs, sont d’ailleurs invités à en être membres afin de bénéficier de plusieurs avantages. En effet, les membres de cette association, au nombre de 4000 en date de 2024, ont la chance de pouvoir assister aux conférences et aux ateliers de l’OLA à tarifs réduits, en plus d’avoir accès à de nombreuses offres intéressantes de bénévolat. L’OLA, étant la plus grande association de bibliothèques du Canada qui a d’ailleurs été fondée en 1900, offre également un endroit privilégié pour ses membres afin qu’ils puissent participer à des évènements de réseautage (Ontario Library Association [OLA], s. d.). Parmi les activités offertes les plus connues se trouve la « Forest of Reading », un programme de lecture récréatif pour tous. Il a pour mission de faire de la lecture un passe-temps passionnant, tout en faisant la promotion des auteurs, éditeurs et illustrateurs canadiens. Cette activité d’envergure réunit plus de 270 000 lecteurs chaque année (Forest of Reading, s. d.). Enfin, cette association possède plusieurs divisions partenaires, lesquelles sont souvent plus spécifiques à un certain groupe de professionnels de l’information. Par exemple, on retrouve la Ontario School Library Association (OSLA), pour représenter tous les professionnels qui travaillent dans le milieu scolaire, et la Ontario Health Library and Information Association (OHLIA) qui fait de même, mais avec les professionnels de l’information qui sont spécialisés dans le domaine de la santé. La Ontario Library and Information Technology Association (OLITA), elle, a pour mission de rendre la technologie plus accessible, tout en l’exploitant pour améliorer les services informationnels. L’Association des bibliothèques de l’Ontario-Franco (ABO-Franco) veille à ce que soient promus les services en français dans cette province à dominance anglophone. La Ontario Public Library Association (OPLA), quant à elle, représente les bibliothèques publiques de la province de l’Ontario, alors que la Ontario College and University Library Association (OCULA) représente évidemment les collègues et les universités de la région. Comme dernière division de l’OLA se trouve la Ontario Library Boards’ Association (OLBA) qui permet la création de programmes destinés à la formation des professionnels, sans toutefois avoir de lien avec le gouvernement (OLA, s. d.).
Une autre association connue distincte en Ontario est la Ontario Association of Library Technicians (OALT) chez laquelle sont représentés plus particulièrement les techniciens en bibliothèque et en information. Leur but est de faire connaître le rôle que jouent ces derniers, de même que de construire des normes sur lesquelles s’appuyer jusqu’au palier provincial. Offrant des conférences, des ressources pour trouver un emploi dans ce domaine et même un abonnement pour les techniciens, l’association décerne des prix toutes les années (Ontario Association of Library Technicians [OALT], s. d.).
Finalement, la Federation of Ontario Public Libraries (FOPL) est une fédération qui a pour principal but de représenter les bibliothèques publiques de la province, soit plus de 1000 bibliothèques réparties dans tout l’Ontario. Grâce à un plan composé de plusieurs stratégies, cette fédération fait de la sensibilisation à la réalité que vivent les bibliothèques publiques, de même que du marketing afin de mettre de l’avant les bienfaits économiques et sociaux qu’elles apportent. De la recherche et du développement sont également effectués pour permettre l’amélioration des services offerts grâce à la compréhension des enjeux auxquels font face les bibliothèques publiques. Présente à plusieurs paliers de gouvernement, la FOPL représente fièrement les bibliothèques publiques et énonce de façon claire et pertinente leurs missions (Federation of Ontario Public Libraries [FOPL], s. d.).
Cadre législatif
Bibliothèque et Archives Canada
Comme mentionné plus haut, la création de Bibliothèque et Archives Canada a eu lieu en 2004 suivant la fusion de Bibliothèque nationale Canada et Archives nationales du Canada. C’est la loi L.C. 2004 ch.11 (Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada) sanctionnée le 22 avril 2004 qui encadre le rôle et le fonctionnement de BAC. Elle est décrite comme « un secteur de l’administration publique fédérale (…) placé sous l’autorité du ministre et dirigé par son administrateur général » (art. 4). BAC est donc sous l’autorité du ministre du Patrimoine canadien. Son administrateur général a pour titre « bibliothécaire et archiviste du Canada » et est nommé par le gouverneur en conseil. La loi prévoit sept missions pour BAC allant de la préservation et de la diffusion du patrimoine documentaire canadien à faciliter la gestion de l’information dans les institutions fédérales en passant par appuyer les milieux des archives et des bibliothèques (art. 7). Bibliothèque et Archives Canada sert ainsi de référence pour les autres institutions au pays en matière de normes et de bonnes pratiques documentaires.
Comme beaucoup de bibliothèques nationales, BAC gère également le dépôt légal. La loi impose à tout éditeur d’une publication au Canada de remettre deux exemplaires à ses frais à BAC dans les sept jours suivant sa mise en circulation (art. 10(1)). Les maisons d’édition ayant leur adresse au Québec donnent généralement leurs exemplaires à BAnQ qui s’occupe du dépôt légal pour cette province.
Bibliothèques publiques
La province de l’Ontario est un bon exemple qui illustre l’impact que peuvent avoir les lois sur le développement des bibliothèques. En effet, l’Ontario est souvent citée dans des articles vantant les bienfaits d’une longue tradition de politiques publiques entourant la gestion des bibliothèques publiques (Lajeunesse et Ferland, 2007; CBPQ, 2006). Cette tradition commence en 1882, lorsqu’est adopté An Act to provide for the Establishment of Free Libraries (titre abrégé Free Library Act, 1882). Cette loi permettait aux citoyens de réclamer une bibliothèque publique au conseil municipal sur présentation d’une pétition signée par minimum 100 électeurs pour une métropole (city), 60 pour une ville (town) et 30 pour un village (art. 2(3)). À cette bibliothèque, pourraient être connectés une salle des journaux ou encore un musée, gratuits et ouverts à tous (art. 2(2)), le tout, financé par une taxe municipale (art. 8). Grâce à cette loi, il y a eu un accroissement important du nombre de bibliothèques publiques sur le territoire ontarien (Bruce, 1994 dans Lajeunesse et Ferland, 2007). Par ces lois, l’Ontario participait pleinement au Public library movement. Ce mouvement est né vers le milieu du XIXe siècle aux États-Unis, alors qu’on faisait la promotion de l’amélioration des conditions de vies sociales, économiques et culturelles de la classe ouvrière. La bibliothèque publique incarnait ainsi les idéaux d’accès universel à l’information, de l’éducation pour tous et de l’amélioration personnelle (self-improving) (Jones, 2017). Un représentant du Public Library movement est d’ailleurs Andrew Carnegie qui a, comme on l’a mentionné, financé la construction de 111 bibliothèques en Ontario, entre 1903 et 1922.
Ce large réseau ne serait cependant pas aussi important aujourd’hui s’il n’avait pas été encadré par des lois qui ont accompagné son évolution. Tout au long du XXe siècle, la législation autour des bibliothèques publiques sera amendée pour faciliter leur création en région éloignée, ajuster le financement afin de maintenir la gratuité et favoriser la coopération entre institutions (Ferland et Lajeunesse, 2007).
Aujourd’hui, les bibliothèques publiques sont réglementées par la Loi sur les bibliothèques publiques L.R.O. 1990, chap. P.44. Elles sont gérées par un conseil de bibliothèques publiques qui a le pouvoir de formuler des politiques quant au fonctionnement et aux services offerts. Ce système permet d’assurer aux Ontarien.ne.s partout sur le territoire un accès gratuit à l’information et à des programmes d’alphabétisation et à l’apprentissage en continu (Ontario, 2022).
Références
An Act to provide for the establishment of Free Libraries, Ontario Statutes, 1882, chap. 22. (1882). Texte intégral repéré le 19 décembre 2024: https://libraries-today.blogspot.com/2017/11/the-ontario-free-libraries-act-1882.html
Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario (OSLA). (s. d.). About OSLA. https://accessola.com/divisions/about-osla/
Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario (OSLA). (2010). Ensemble pour apprendre ; Les bibliothèques scolaires et l’émergence d’un carrefour d’apprentissage. https://accessola.com/wp-content/uploads/2020/08/2010_OLATogetherforLearningFR.pdf
Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario (OSLA). (2014). Ontario’s School Libraries; Collaboration, Support, and Student Achievement. https://accessola.com/wp-content/uploads/2020/08/2014-Ontarios-School-Libraries.pdf
Association des bibliothèques scolaires de l’Ontario (OSLA). (2024, 16 septembre). Sauvons nos bibliothèques scolaires. https://osstfupdate.ca/2024/09/16/sauvons-nos-bibliotheques-scolaires/
Beckman, M., Dahms, M., et Bruce, L. (2015). Bibliothèques. Dans L’Encyclopédie Canadienne. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/bibliotheques-1
Bibliothèque et Archives Canada. (2024). Dans Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8que_et_Archives_Canada
Buckner, P., A. (2019). Rébellions de 1837-1838. Dans L’Encyclopédie canadienne. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/rebellions-of-1837
Chaudhary, K. (2024, 4 septembre). How the Ford government is accelerating the decline of school libraries. TVO. https://www.tvo.org/article/how-the-ford-government-is-accelerating-the-decline-of-school-libraries
CBPQ. (2006, avril). Projet de loi sur les bibliothèques publiques au Québec. Mémoire au conseil des ministres. https://cbpq.qc.ca/communications-et-publications/guide-et-memoires/sujet-projet-de-loi-sur-les-bibliotheques-publiques-au-quebec-avril-2006/
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Fédération des bibliothèques publiques de l’Ontario (FOPL). (s. d.). Importance of Public Libraries / Importance des bibliothèques publiques. https://fopl.ca/importance-of-public-libraries/
Ferland, B. & Lajeunesse, M. (2007). Une loi des bibliothèques publiques du Québec : une nécessité. Documentation et bibliothèques, 53(4), 191–197. https://doi.org/10.7202/1030777ar
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