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11 Corée du Nord (République populaire démocratique de Corée)

Ana Vargas Medina, Thao My Le Phan, Éloïse Desjardins, Thomas Gagnon-van Leeuwen, Adrien Savard-Arseneault

Profil du pays

La République populaire démocratique de Corée (en coréen, Choson minjujŭi immin konghwaguk), aussi connue sous l’acronyme R.P.D.C. et plus souvent désignée sous le nom de Corée du Nord, est un état situé en Asie de l’Est (Gelézeau et Li, 2023). La Corée du Nord occupe environ la moitié (55%) de la péninsule de Corée avec sa superficie de 123 214 km² (Gelézeau et Li, 2023; Yu, Lee et al., 2024). Sa population était estimée à plus de 26 millions de personnes en 2024 (CIA, 2024), soit environ la moitié de la population de la Corée du Sud, bien que le taux de natalité soit deux fois plus élevé (Yu, Lee et al. 2024). Environ 3,25 millions de personnes résident dans la capitale, Pyongyang (Gelézeau et Li, 2023).

La Corée du Nord est un pays au climat rigoureux (Gelézeau et Li, 2023), traversé par plusieurs chaînes de montagnes. Les sols y sont généralement sablonneux et peu propices à l’agriculture, excepté dans les plaines et le long des côtes (Yu, Lee et al., 2024). La péninsule coréenne connaît un climat continental aux hivers secs et aux étés courts et tempérés (Beck, Zimmerman et al., 2018).

La langue officielle est le coréen. La variété de coréen parlée en Corée du Nord diffère assez peu de celle employée en Corée du Sud. Une exception notable concerne l’occurrence de mots empruntés à d’autres langues, surtout le japonais ou le chinois, qui sont usités dans la langue parlée et écrite en Corée du Sud, alors qu’ils ont été systématiquement éliminés en Corée du Nord (Yu, Lee et al., 2024). Le taux d’alphabétisation avoisine les 100% chez les nord-coréen·ne·s âgé·e·s de plus de 10 ans (Gelézeau et Li, 2023).

La Corée du Nord est un pays totalitaire, gouverné par un chef suprême nommé à vie, issu de la famille Kim (BBC News, 2011a; George, 2014; Jacob Sparks et Encyclopædia Britannica, 2014, 642). La personne à la tête du pays dirige toutes les branches du gouvernement, soit administrative, légale et judiciaire, et est aussi cheffe de l’armée (BBC News, 2011b). Selon le Human Rights Watch, il s’agit de l’un des pays au monde où la situation est le plus critique en regard des droits humains (Seok, 2009).

Histoire

Les premiers vestiges humains retrouvés sur la péninsule de Corée sont datés d’entre 400 000 et 600 000 ans (Norton, 2000, p. 804). La péninsule était principalement habitée par des peuples nomades, qui se sont sédentarisés il y a entre 46 000 et 48 000 ans, datation que l’on attribue aux plus anciens artefacts exhumés indiquant la présence d’habitations humaines (Lee, Hahn et al., 2024; Norton, 2000, p. 812). Le Samguk yusa, un recueil de légendes rédigé en 1281, fait remonter la création du Royaume de Corée à l’an 2333 avant notre ère et en attribue la paternité à Hwanung, fils du roi des cieux Hwanin (Morillot et Malovic, 2016, p. 16).

Autour du deuxième siècle avant notre ère, trois groupes distincts se partagent la péninsule de Corée : les Mahan, les Jinhan et les Byeonhan. Ces derniers se développent pour constituer trois royaumes, appelés Goguryeo, Baekje et Silla. Ces trois factions respectivement fondées, selon les mythes nationaux et les textes folkloriques en découlant, en 37, 18 et 57 avant notre ère, entretiennent une rivalité militaire entre elles jusqu’à ce que le royaume de Silla, avec l’aide de la Chine, subjugue les Goguryeo et Baekje entre 660 et 668 de notre ère (Lee, Hahn et al., 2024).

Le système syllabique Hangul (alphabet coréen) est inventé au XVe siècle par Sejong, quatrième roi de la dynastie Chosŏn, et devient le système officiel de transcription du coréen en 1446 (BBC News, 2011a; Gaur, Higgins et al., 2024).

Le pays fait face à des offensives militaires japonaises à partir de 1592, qu’il repousse avec l’aide des troupes de la dynastie Ming (Lee, Hahn et al., 2024). Les tentatives d’invasions tour à tour mongoles et japonaises se poursuivent toutefois jusqu’au début du XXe siècle, et la Corée subit une colonisation impérialiste japonaise violente et extrêmement dommageable à son économie de 1910 à 1945 (Lee, 1967/1984, p. 313-327; Lee, Hahn et al., 2024).

Suivant la capitulation du Japon qui met fin à la Deuxième Guerre mondiale, la Corée est libérée de l’occupation coloniale. Or l’armée soviétique s’installe rapidement au nord du pays et occupe les villes de Pyongyang et de Hamhung. Simultanément, l’armée américaine stationne ses troupes au sud, à Incheon et Séoul. La péninsule est ainsi partagée entre les deux puissances (l’URSS et les États-Unis) à la hauteur du 38e parallèle (Lee, 1967/1984, p. 374). Au nord, les forces soviétiques instaurent un gouvernement autoritaire sous la tutelle de Kim Il-Sung (Lee, 1967/1984, p. 375). En 1950, les forces armées de la Corée du Nord, soutenues par l’Union soviétique et la Chine, traversent le 38e parallèle dans l’objectif d’envahir la Corée du Sud, militairement sous-équipée mais soutenue par les Nations Unies (Lee, 1967/1984, p. 380). L’offensive se solde en 1953 par un armistice, mais sans accord de paix (Lee, 1967/1984, p. 381), et est à l’origine du conflit entre les deux états qui persiste encore à ce jour.

La plus ancienne bibliothèque de Corée est fondée en 1776 par Jeongjo, vingt-deuxième roi de la dynastie Joseon (Lee, 1967/1984, p. 238). Originellement installée dans une aile du palais royal, à Séoul, elle est pillée en 1866 par des troupes françaises, puis dissoute en 1910 lors de la colonisation japonaise (KIKS, s.d.). Environ 60 000 documents sont alors volés par l’occupation et amenés au Japon. De ceux-ci, un peu plus d’un millier seront rapatriés en Corée du Sud en 2011 (Lee, 2011).

Inaugurée le 6 octobre 1922 dans un ancien hôpital de Séoul, la bibliothèque publique de Namsang est la première bibliothèque publique de la péninsule de Corée. Elle est ensuite relocalisée dans un autre quartier en mai 1927. Elle est appelée « bibliothèque préfecturale de Gyeongseong » de 1922 à 1946, puis « bibliothèque municipale Namdaemun de Séoul » de 1946 à 1964. Elle prend son nom actuel en janvier 1965, à l’occasion de son déménagement sur la colline de Namsang (SMG, 2015).

La date du 5 novembre 1945 marque l’ouverture de la Grande maison des études du peuple (GPSH, s.d.), première bibliothèque de Corée du Nord après la capitulation du Japon. Elle porte alors le nom de « Bibliothèque de la ville de Pyongyang » (GPSH, s.d.), et est rebaptisée « Bibliothèque centrale étatique » en 1948. Le 1er avril 1982, la bibliothèque centrale est renommée « la Grande maison des études du peuple » et déménage dans un nouvel édifice construit à cet effet sur la colline de Namsan, à Pyongyang (GPSH, s.d.).

Types de bibliothèques

Nationale

La Grande maison des études du peuple fait office de bibliothèque nationale en Corée du Nord depuis 1982. Bâtie par Kim Il-Sung, en l’honneur de son 70e anniversaire, elle est située dans la capitale, Pyongyang, au cœur du plus important district gouvernemental de Corée du Nord (Pateman et Pateman, 2021, p. 82). La bibliothèque est construite sur la place Kim Il-Sung, où se déroulent les plus grands événements nationaux du pays, soit les parades militaires et les apparitions publiques du chef dirigeant la nation (Kosciejew, 2009a, p. 168). La Grande maison des études du peuple figure à l’arrière-plan des discours prononcés par le chef du gouvernement en place (Pateman et Pateman, 2021, p. 82).

La bibliothèque nationale est un symbole de l’idéal véhiculé par le Parti du travail de Corée et son idéologie politique et philosophique communiste nommée le Juche. En effet, la Grande maison des études du peuple est située directement à l’opposé de la Tour du Juche, symbolisant la forte union entre le peuple et l’idéologie Juche (Pateman et Pateman, 2021, p. 82). La bibliothèque nationale est l’icône de la nation, du communisme Juche et de l’Éternel Président Kim Il-Sung. La Grande maison des études du peuple représente l’idéal nord-coréen de l’étude et de la formation continue : c’est un lieu d’éducation que les citoyens peuvent visiter pour poursuivre leur formation socialiste et développer un plus grand respect pour la famille Kim et son idéologie Juche (Kosciejew, 2009a, p. 168). La Grande maison des études du peuple sert d’ancrage au culte de personnalité national et à l’entraînement idéologique de la population (Kosciejew, 2009b, p. 208). Kim Il-Sung a accordé beaucoup d’importance au rôle politique de l’éducation de la population et visait à ce que tous les membres de la société fréquentent la Grande maison des études du peuple pour parfaire leur connaissance du système Juche, mais aussi des avancés dans les sphères scientifiques et techniques (Pateman et Pateman, 2021, p. 83). L’organisation institutionnelle de la Grande maison du peuple sert de modèle pour toutes les bibliothèques de la Corée du Nord et leurs activités sont sous le contrôle et la supervision de la bibliothèque nationale. Le gouvernement central définit donc tous les aspects de toutes les sphères d’activités du système de bibliothèque au travers de la Grande maison des études du peuple (Kosciejew, 2009a, p. 169).

La Grande maison des études du peuple fait 100 000 mètres carrés, comprend 10 étages et peut abriter près de 30 millions de livres. La bibliothèque compte plus de 600 salles, incluant des salles de lectures, de conférences et de cours ainsi que des salles d’informatique (Pateman et Pateman, 2021, p. 84). La bibliothèque nationale accueille environ 12 000 visiteur·euse·s par jour et offre des places assises pour 5 000 personnes (Mupawaenda, 1987, p. 44). Les citoyen·ne·s ont tou·te·s accès aux services de la bibliothèque avec une carte d’abonnement, mais tout le matériel documentaire est conservé à rayons fermés, seulement accessible par les bibliothécaires et les employé·e·s de bibliothèque (Kosciejew, 2009a, p.169). Les ordinateurs mis à disposition des usager·ère·s sont connectés à des bases de données en lignes, des programmes et un intranet national créé et contrôlé par la Corée du Nord (Kosciejew, 2009a, p. 170). La Grande maison des études du peuple offre plusieurs services tels que des événements, des expositions, des conférences et même des cours de langue, de peinture ou de mécanique (Kosciejew, 2009b, p. 209).

Publiques

Les livres et les bibliothèques sont au centre de la culture nord-coréenne (Gabroussenko, 2016, p. 494). Cette culture a grandement été instaurée par le fondateur et premier dirigeant de la R.P.D.C., Kim Il-Sung, qui a toujours été passionné par les bibliothèques publiques et qui leur a accordé une grande place et importance (Pateman et Pateman, 2021, p.73). Il a d’ailleurs énormément augmenté le nombre de bibliothèques en Corée du Nord ; en 1948, le pays comptait 103 bibliothèques, tandis qu’il n’y en avait que sept sous le régime Japonais (Pateman et Pateman, 2021, p. 78).

Pour Kim Il-Sung, les bibliothèques publiques étaient essentielles à la prospérité de la nation, telle qu’il l’envisageait. Il s’est assuré qu’elles puissent être non seulement des institutions qui partagent des connaissances, mais aussi des endroits où une indoctrination idéologique et politique prend place (Pateman et Pateman, 2021, p. 78).

Le système de bibliothèques de la R.P.D.C. est méconnu à l’extérieur du pays, dû à son isolation du reste du monde et au caractère secret de ses activités (Kosciejew, 2009a, p. 167). Ce système est centralisé et hiérarchique. Toutes les décisions, allant de l’embauche à la gestion et au développement des collections, relèvent de la bibliothèque nationale dans un souci d’uniformité totale des bibliothèques publiques (Kosciejew, 2009a, p. 169).

C’est de cette manière que l’uniformité et la conformité à l’idéologie du Juche sont conservées. Les documents sont sélectionnés avec soin afin de censurer toute idée allant à l’encontre du Juche (Pateman et Pateman, 2021, p. 87). Comme l’explique un·e ancien·ne bibliothécaire jeunesse, tous les livres prônent la glorification des dirigeants, même les manuels scientifiques (Gabroussenko, 2016, p. 507). L’accès à Internet est également contrôlé, puisque les citoyen·ne·s nord-coréen·ne·s n’ont accès qu’à l’intranet conçu par le gouvernement de la R.P.D.C. (Pateman, 2021, p. 87). En plus des bibliothèques publiques régulières, Kim Il-Sung a établi des bibliothèques du Parti du travail de Corée. Il a également exigé que des documents du parti soient présents dans toutes les bibliothèques publiques (Pateman, 2021, p. 78-79). Enfin, chaque bibliothèque affiche le symbole officiel d’unité nord-coréenne du Parti du travail de Corée: le marteau, la faucille et le pinceau (Kosciejew, 2009b, p. 207). Les bibliothèques publiques de la Corée du Nord n’encouragent pas les croyances divergentes et l’esprit critique. L’État veut une unité complète, ce qui s’oppose à la création d’individus libre-penseurs indépendants (Pateman et Pateman, 2021, p. 87).

Outre la véhiculation de l’idéologie du Juche, le renforcement de la loyauté du peuple envers le « Grand Dirigeant » est une fonction essentielle des bibliothèques publiques (Pateman et Pateman, 2021, p. 88). Les écrits de Kim Il-Sung sont présents dans chaque bibliothèque, le plus souvent dans une section qui lui est spécialement dédiée. Les bibliothécaires doivent également montrer leur support en portant des épinglettes à l’effigie de Kim Il-Sung et Kim Jong-Il (Pateman et Pateman, 2021, p. 88).

Il existe tout de même quelques ressemblances avec le fonctionnement des bibliothèques occidentales. Tous·te·s les citoyen·ne·s peuvent utiliser les services de la bibliothèque et emprunter des documents, sous condition d’avoir obtenu une carte de membre (Kosciejew, 2009a, p. 169). Chaque personne peut interroger le catalogue par elle-même (Kosciejew, 2009a, p.1 70). Cependant, la collection en tant que telle n’est accessible que par l’entremise des bibliothécaires (Kosiejew, 2009a, p. 169).

Seulement trois projets de bibliothèques publiques sont documentés :

La Bibliothèque électronique provinciale du Hamgyong du Nord a été inaugurée en 2012. Elle est située au centre de la ville de Chongjin. Elle possède 301 ordinateurs, par lesquels les usager·ère·s peuvent accéder à des manuels techniques et scientifiques, à des cours de langues, ainsi qu’à bien d’autres formations (Mack, 2013).

La bibliothèque provinciale de sciences et technologies du Hamgyong du Sud a été ouverte en 2018. Elle est située dans la ville de Hamhung et est la première construction de grande échelle de type de bibliothèque en dehors de Pyongyang (« South Hamgyong Sci-Tech Library », 2018).

Depuis les années 2010, la Corée du Nord développe plusieurs bibliothèques publiques, dont les bibliothèques électroniques « Miraewon ». L’une d’entre elles, Mirae 2.0, contenait 350 000 documents, dont 1 500 livres, en 2010 (Gabroussenko, 2016, p. 496). Les bibliothèques « Miraewon » sont disponibles partout au pays et possèdent les derniers équipements et technologies d’information, ainsi que des salles de travail, telles que des salles de télé-éducation et des salles d’étude informatiques (IFES, 2014).

Malgré ces grandes avancées, les bibliothèques publiques de régions plus défavorisées du pays restent toujours sous-développées, avec des petites collections à la portée insuffisante, des infrastructures de mauvaise qualité et de vieux équipements technologiques (Pateman et Pateman, 2021, p. 88).

Universitaires

L’information et l’économie du savoir sont au cœur des préoccupations de l’État nord-coréen, qui a comme vision de « faire en sorte que toute la population maîtrise les sciences et les technologies » (Cho et al., 2021, p. 3). Depuis le milieu des années 2010, le gouvernement restructure donc son système d’enseignement supérieur pour atteindre cet objectif. Une étude sud-coréenne estime que la Corée du Nord compte entre 300 et 400 établissements d’enseignement supérieur, dont seulement cinq sont des universités à proprement parler (Cho et al., 2021, p. 26).

Plusieurs bibliothèques universitaires de la Corée du Nord mettent l’accent sur le virage numérique, étant appelées « bibliothèques numériques » ou « e-bibliothèques », bien qu’elles comportent des espaces physiques et des collections à la fois imprimées et numériques (Song, 2019). Certaines sont issues de collaborations avec des institutions étrangères, offrant ainsi une opportunité de briser l’isolement du pays sur la scène internationale.

La première bibliothèque numérique a été inaugurée à l’Université de technologie Kim Chaek en 2006, avec l’aide d’informaticiens de l’Université Syracuse, aux États-Unis, et l’utilisation de logiciels en code source libre. Avec une superficie de 16 500 mètres carrés, la bibliothèque compte plus de 30 000 documents imprimés, 12 salles de lectures dédiées au contenu numérique, 11 salles de lectures additionnelles et des halls de lecture (Song, 2019, p. 82).

L’année suivante, une bibliothèque numérique a ouvert à l’Université Kim Il Sung, en collaboration avec la Corée du Sud. Fondée en 1946, celle-ci est considérée comme le vaisseau amiral des universités nord-coréennes. Sa bibliothèque sert de centre d’apprentissage en dehors des salles de classe : ses espaces accueillent des congrès internationaux, des conférences, des discussions de groupe pour la communauté étudiante, et elle offre également des cours enregistrés en ligne (Song, 2019, p. 83).

L’Université des sciences et technologies de Pyongyang, fondée en 2010, se distingue par son ouverture au monde occidental : les cours sont donnés en anglais et la population étudiante a l’opportunité d’étudier à l’étranger. Sa bibliothèque contribue à cette orientation en fournissant un accès à l’Internet international, au lieu de seulement donner accès à l’intranet de la Corée du Nord (Song, 2019, p. 84-85), comme c’est plutôt le cas dans les bibliothèques publiques (Baek, 2016, p. 40).

La formation à distance est une composante importante du système d’enseignement supérieur, souvent sous la forme de cours magistraux enregistrés. Les bibliothèques universitaires et collégiales, répandues dans toutes les régions du pays, jouent un rôle central en fournissant un accès rapide à l’intranet nord-coréen pour permettre à la population étudiante de suivre cette formation à distance, évitant la lenteur et la surveillance des connexions résidentielles (Cho et al., 2021, p. 32).

Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques

En Corée du Nord, il est considéré comme prestigieux d’avoir un travail ou une profession en lien avec l’informatique (Kosciejew, 2009a, p. 170). En effet, comme mentionné plus haut, le pays a beaucoup mis l’accent sur la transition numérique des bibliothèques depuis le début des années 2000, étroitement liée à la vision de reconstruire la nation et son économie en s’appuyant sur les sciences et technologies de pointe ainsi que sur l’économie numérique. Avec l’établissement des bibliothèques numériques, à commencer avec celle de l’Université de technologie Kim Chaek en 2006, le gouvernement encourage les travailleur·euse·s à en apprendre davantage sur les bibliothèques numériques afin de les intégrer plus facilement dans leurs propres lieux de travail (KBS World, 2021).

Être bibliothécaire est donc considéré comme une profession réputée, car elle requiert une littératie numérique et informatique (Kosciejew, 2009a, p. 170). Pour exercer la profession, les bibliothécaires doivent passer un examen de certification et suivre des formations tout au long de leur carrière. Les professionnel·le·s sont classé·e·s en six catégories différentes. Ceux et celles qui font partie du grade 1 doivent connaître trois langues et être capable d’assister des professeur·e·s et des docteur·e·s. Au grade 2 et 3, iels doivent connaître trois et deux langues, respectivement. Les personnes qui ont reçu une éducation de quatre ou cinq ans à l’université font partie du grade 5, et celles qui font partie du grade 6 sont diplômées du secondaire et possèdent plus de trois ans d’expérience ou ont suivi une formation au collège pendant deux ans. Celles qui font partie du grade 5 et 6 peuvent être promues au grade 4 si elles ont plus de trois ans d’expérience. Certain·e·s bibliothécaires ont le titre de « méritoire » (meritorious) ou « du peuple » (people’s). Les bibliothécaires « méritoires » sont ceux et celles qui ont œuvré à la Grande maison des études du peuple pendant plus de 15 ans, et le titre « du peuple » est réservé à ceux et celles qui ont plus de 20 ans d’expérience (KBS World, 2021). En vertu de la loi, on appelle les bibliothécaires des « travailleur·euse·s de bibliothèque » en Corée du Nord (KBS World, 2021). Iels font partie de l’élite intellectuelle et leur travail est considéré comme essentiel au maintien et au développement de l’idéologie Juche (Kosciejew, 2009b, p. 207).

Association de bibliothèques

En Corée du Nord, il existe une organisation semblable à la Korean Library Association de la Corée du Sud (KBS World, 2021), nommée la Korean Libraries Association (KLA). Comme l’indique le site Web de la Grande maison des études du peuple (GPSH, s.d.), cette organisation fut créée le 23 juillet 1953 dans le but d’accélérer l’étude, la coopération et le développement du pays dans les domaines bibliothéconomiques. La KLA regroupe et représente toutes les bibliothèques du pays, peu importe le type, et les oriente dans le but de fournir aux usager·ère·s des informations de haut niveau. Le président de l’association est Sin Kwang Son, qui est également le président de la bibliothèque nationale, la Grande maison des études du peuple.

Depuis la 36e assemblée générale de la International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA), qui s’est déroulée à Moscou en 1970, la KLA fait partie des ses membres. Cette dernière se retrouve dans leur liste officielle et à jour sous le nom « Library Association of the DPR of Korea » (IFLA, 2024).

Dans une autre optique, nous pensons qu’il est important de mentionner que comme il n’existe qu’une association de bibliothèques en Corée du Nord qui oriente la profession, les informations que nous avons trouvées étaient assez limitées : tou·te·s les bibliothécaires relèvent des instructions de la Grande maison des études du peuple. Le système de bibliothèque est centralisé et hiérarchisé en concordance avec la philosophie communiste Juche ; le Parti du travail de Corée a pour tâche de déterminer tous les aspects de l’organisation des bibliothèques (Pateman et Pateman, 2021, p. 81). La bibliothèque nationale est gérée par un président qui occupe une place extrêmement importante dans l’élite intellectuelle et la sphère culturelle nord-coréenne. Ce président dirige les bibliothécaires nationaux chargés de se concentrer sur l’élaboration de politiques pour des disciplines et sujets spécifiques. Les politiques issues de la bibliothèque nationale déterminent la constitution des collections et les directives mises en place pour toutes les bibliothèques du pays (Kosciejew, 2009a, p. 169). Il y a donc peu de liberté professionnelle et peu d’occasions de prendre des décisions et les bibliothécaires doivent être membres du Parti du travail de Corée pour exercer leur profession (Kosciejew, 2009a, p. 169).

Cadre législatif

La Constitution nord-coréenne accorde une grande importance à la culture socialiste et à l’éducation du peuple. Bien qu’elle ne mentionne pas spécifiquement les bibliothèques, elle stipule que l’État prendra tous les moyens pour faire avancer la science et la technologie et fournira les institutions culturelles modernes nécessaires pour permettre au peuple de « se perfectionner continuellement, tant sur le plan mental que physique, afin que les travailleur·euse·s jouissent d’une vie culturelle et esthétique socialiste riche » (Korea [Democratic People’s Republic of]’s Constitution, arts. 50 et 53, traduction libre).

La Corée du Nord est également dotée d’un cadre législatif spécifique aux bibliothèques. Désigné comme le « North Korea Library Act » (조선민주주의인민공화국도서관법), que nous traduirons par « Loi sur les bibliothèques », le texte de loi est d’abord adopté le 21 janvier 1998 (Choi et Yang, 2022/2024, p. 118). La Loi est amendée à deux reprises par la suite, d’abord en 1999, puis en 2012. Par rapport à la version de 1999, la version actuelle de la Loi intègre diverses considérations liées aux ressources numériques et à la formation nécessaire de la profession de bibliothécaire, incluant des dispositions en matière de formation continue (Choi et Yang, 2022/2024, p. 128-130).

Elle est constituée de 6 chapitres et 58 articles, qui couvrent la définition des termes de la bibliothéconomie (chapitre 1), l’organisation et l’exploitation des bibliothèques (chapitre 2), le développement de collections (chapitre 3), la gestion et l’entretien des collections (chapitre 4), les services aux usager·ère·s (chapitre 5) et le cadre méta-légal concernant les responsabilités des bibliothèques face à l’État (chapitre 6) (Choi et Yang, 2022/2024, p. 124-125). La Loi a pour objectif de « contribuer à faciliter l’apprentissage pour le peuple par l’établissement d’un cadre strict en ce qui a trait à l’organisation et à l’exploitation des bibliothèques et de leur services, des collections de documents, de la préservation et de la conservation des livres », tel que stipulé dans l’article 1 (cité dans Choi et Yang, 2022/2024, p. 118, traduction libre).

Le référentiel de compétences attendues dans l’exercice de la profession de bibliothécaire est prévu par la Loi et comporte quatre axes principaux : les bibliothécaires nord-corén·ne·s doivent 1) faire preuve d’un savoir bibliothéconomique étendu, d’une capacité à garder ce savoir à jour et à le bonifier; 2) disposer d’une littératie numérique et technologique élevée et démontrer une familiarité avec un grand nombre de technologies de l’information et multimédia en usage dans les bibliothèques; 3) montrer des capacités à comprendre et traduire des langues étrangères; 4) faire preuve de serviabilité avec simplicité, dévotion et rigueur (Choi et Yang, 2022/2024, p. 130).

La Loi sur les bibliothèques représente les bibliothèques comme une plaque tournante de l’apprentissage social, scientifique et technologique en Corée du Nord (Choi et Yang, 2022/2024, p. 144-145). Cette conception se reflète, comme nous l’avons vu plus haut, dans la mission des divers types de bibliothèques au pays. Autrement dit, l’objectif des bibliothèques nord-coréennes tel qu’il est défini dans la législation est de parvenir à une porosité des connaissances et des compétences informationnelles entre les personnes issues du secteur des sciences humaines et sociales et celles issues des secteurs des sciences dures et de la technologie (Choi et Yang, 2022/2024, p. 118).

En effet, si la Loi sur les bibliothèques définit d’abord la « bibliothèque » comme une « institution d’éducation sociale permettant à la population d’apprendre en faisant collectivement usage de la documentation dont elle est équipée » (art. 2 de la Loi sur les bibliothèques, citée par Choi et Yang, 2022/2024, p. 118, traduction libre), les articles 3 et 9 militent pour la pluridisciplinarité de ces institutions en les posant à la fois comme « disséminatrices d’innovations scientifiques et technologiques », « organisatrices du savoir social » et comme responsables de la « conscience idéologique » et de « l’habileté scientifique, culturelle et technologique » de la population (cité dans Choi et Yang, 2022/2024, p. 118, traduction libre). Ainsi, les bibliothèques s’inscrivent explicitement dans un projet qui vise à cultiver une littératie élevée chez les membres de la société, en matière de sciences et des technologies comme en sciences humaines (Choi et Yang, 2022/2024, p. 119) dans une visée de mise en commun des connaissances et d’égalité des compétences entre les travailleur·euse·s de tous les secteurs (Choi et Yang, 2022/2024, p. 144).

Au contraire des politiques de la Corée du Sud, qui se concentrent davantage sur l’accès de l’information au public (Choi et Yang, 2022/2024, p. 118) et sur l’établissement et l’opération des bibliothèques en tant que tel, la Loi sur les bibliothèques de la Corée du Nord s’attarde de plus près aux éléments de base de la bibliothéconomie, comme l’acquisition et la gestion des données, les services aux usager·e·s et la place des bibliothèques dans la structure de l’état (Choi et Yang, 2022/2024, p. 120).

Excepté la Loi sur les bibliothèques, le milieu bibliothéconomique nord-coréen est régi, par la bande, par la Loi sur la littérature (조선민주주의인민공화국문헌법), promulguée le 12 janvier 1995. Le but de cette loi est de s’assurer de la « compilation et préservation de la littérature et son utilisation efficace afin de faire rayonner l’histoire de la nation » (Choi et Yang, 2022/2024, p. 118) et, en cela, opère une restriction sur le traitement des matériaux disponibles en bibliothèque (Choi et Yang, 2022/2024, p. 132-137).

Information complémentaire/particularités

Bibliothèques privées/de location

Dans les années 1990, suite à un effort de la Corée du Nord pour promouvoir l’éducation et la lecture de masse, un nouveau type de bibliothèques a émergé : les bibliothèques privées ou bibliothèques de location (Gabroussenko, 2016, p. 516). Ces bibliothèques privées sont habituellement officiellement enregistrées par le gouvernement. En effet, celles et ceux qui souhaitent commencer une telle entreprise doivent en demander la permission au directeur d’une bibliothèque d’État (Gabroussenko, 2016, p. 516). Les propriétaires se procurent eux-mêmes les livres par diverses sources, ce qui résulte en une grande variété dans leurs collections. Iels les louent ensuite à des prix allant de 100 à 500 Won, soit de 0,10 $ CA à 0,50 $ CA (Gabroussenko, 2016, p. 517). Ces bibliothèques sont très populaires, puisqu’elles pallient les problèmes de réglementation rigide et d’insuffisance de livres des bibliothèques d’État. Grâce aux bibliothèques privées, les citoyen·ne·s ont accès à des textes qu’il aurait été impossible d’obtenir autrement (Gabroussenko, 2016, p. 517).

Sources d’information et biais dans la recherche sur la Corée du Nord

Les défis de la recherche sur les bibliothèques en Corée du Nord concernant les sources sont d’abord le manque d’information disponible, ensuite, la question de la validité des informations provenant du gouvernement nord-corées, puis finalement, les biais dans les récits de visites des personnes externes (Song, 2019, p. 82). Joe et John Pateman (2021) critiquent d’ailleurs les articles de Kosciejew (2009a, 2009b) intitulés « Inside an Axis of Evil Library » en vertu des biais évidents soulignés par la formulation du titre. Selon eux, l’article de Kosciejew serait basé sur des hypothèses biaisées et subjectives en concordance avec une perception occidentale bourgeoise qui ne pourrait représenter adéquatement la Corée du Nord (Pateman et Pateman, 2021, p. 72). Il serait plutôt nécessaire de considérer la perspective des personnes nord-coréennes sur le système des bibliothèques pour prévenir les jugements de valeur et les conceptions erronées provenant d’un point de vue capitaliste et impérialiste occidental (Pateman et Pateman, 2021, p. 73). Cependant, nous sommes de l’avis que différentes sources peuvent présenter différents biais et qu’il demeure difficile de confirmer la validité et la véracité des informations présentes dans les sources d’information qui proviennent de ce pays. Nous avons donc privilégié une variété de sources et tenté de corroborer les informations entre plusieurs sources.

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