21 Sri Lanka
Par Ariane Beaulieu, Lucie David, Claudine Lambert et Adriana Rodriguez-Ayotte
Profil du pays
La République socialiste démocratique du Sri Lanka, anciennement nommé le Ceylan et communément appelé Sri Lanka, est un pays de l’Asie du Sud où vivent plus de 20 millions d’habitants. La superficie de l’île, située au sud-est de l’Inde, fait environ 62 705 km2. La capitale officielle du pays est Sri Jayawardenapura Kotte, mais le pays autoproclame aussi une capitale commerciale étant la ville de Colombo (Government of Sri Lanka, s. d.). Les trois langues officielles du pays sont le singhalais, le tamoul et, depuis 2012, l’anglais comme langue de lien. La première étant nettement la plus utilisée avec 87% de la population (The World Factbook, 2024). Plusieurs religions différentes sont pratiquées dans le pays, la plus populaire étant le bouddhisme qui est professé par environ 70% des habitants (Government of Sri Lanka, s. d.). Selon les données les plus récentes, le taux de littératie, défini par les personnes au-dessus de 15 ans qui savent lire et écrire, est de 92,3% (The World Factbook, 2024).
Les premières traces de vie sur le territoire du Sri Lanka datent de la préhistoire, il y a 75 000 à 125 000 ans. Plusieurs civilisations se sont relayées à travers les siècles, jusqu’en 1505 où a eu lieu la première colonisation du pays par le Portugal. Pendant un peu plus de 150 ans, la grande majorité du territoire du Sri Lanka était contrôlée par les Portugais, et ce jusqu’en 1658, où ce sont les Hollandais qui ont repris le contrôle. Puis finalement, c’est en 1796 que l’empire britannique a, à son tour, colonisé le territoire du Sri Lanka. Plusieurs années plus tard, le Ceylan a déclaré son indépendance en 1948, puis s’est renommé la République du Sri Lanka en 1972 (Britannica, 2024).
Histoire
Cette suite de colonisation a amené son lot de changements pour la bibliothéconomie au Sri Lanka, mais il est faux de penser que ce sont les colonisateurs qui ont développé ce champ disciplinaire au pays, bien au contraire. Les premières traces d’écriture remontent au IVe siècle av. J.-C. (Britannica, 2024) et l’origine des bibliothèques remonte aussi loin qu’à l’introduction du bouddhisme sur l’île trois siècles av. J.-C. En effet, les activités littéraires peuvent être retracées depuis 438 av. J.-C où l’on écrivait et documentait la vie du roi Vijaya (Ranaweera et Ranasinghe, 2013).
Les premières « bibliothèques » furent établies autour du premier siècle av. J.-C lorsque des moines bouddhistes conservaient dans les monastères des écrits religieux sur des feuilles d’Ola. L’investissement de la royauté dans les activités littéraires et de bibliothèques ont beaucoup encouragé le développement du domaine à travers les centaines d’années qui ont suivi. En effet, la majorité des rois ayant régné entre les années 337 et 853 ap. J.-C ont eux-mêmes écrit des livres qui étaient préservés dans les monastères ou les bibliothèques royales Ranaweera et Ranasinghe, 2013). C’est aussi au début du IIIème siècle que le métier de bibliothécaire prend forme, à travers la religion, et devient de plus en plus sacré (Greppin, 1992).
Du XVIème siècle jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, les colonisations portugaises et hollandaises laissent très peu de traces sur la bibliothéconomie au Sri Lanka. Au contraire, cette période marque un certain déclin dans les activités littéraires du pays. Un événement marquant de cette période est lorsque le roi Rajasinghe I se convertissant à l’hindouisme brûla plusieurs livres et détruisit des monastères bouddhistes (Corea, 1969).
La situation changea lorsque les Britanniques sont arrivés au Sri Lanka en 1796 et ont pris possession totale du pays en 1815. C’est pendant l’occupation britannique qu’ont vu le jour ce qu’on appellerait aujourd’hui les bibliothèques publiques. Ces établissements, principalement utilisés par les fonctionnaires du gouvernement et qui nécessitaient un abonnement payant, se nommaient Subscription Librairies. La première de ces bibliothèques a été fondée à Colombo en 1812. Plusieurs autres de ces bibliothèques par abonnement payant ont été ouvertes dans les années suivantes, toutes dans la ville de Colombo. Puis c’est en 1839 qu’on a pu voir ces établissements ouvrir dans d’autres villes et à partir de 1850, la quasi-totalité des grandes villes du Sri Lanka avaient leur bibliothèque (Ranaweera, 2012). Toutefois, les collections de ces bibliothèques contenaient seulement des textes en anglais. Il fallut attendre le XXème siècle pour que des écrits dans les langues nationales du Sri Lanka prennent de la place sur les étagères (Corea, 1969).
Après la première guerre mondiale, la demande pour des bibliothèques gratuites était en essor dans les communautés anglaises éduquées du Sri Lanka. C’est donc en 1925, en fusionnant deux bibliothèques historiques, que la bibliothèque publique de Colombo est établie. La bibliothèque était accessible à toutes les personnes de 14 ans et plus qui résidaient ou travaillaient à Colombo (Ranaweera, 2012).
Parmi les dernières étapes importantes de l’histoire de la bibliothéconomie au Sri Lanka, on retrouve la création de la Royal Oriental Library en 1870, puis celle de la Museum Library en 1877. Deux établissements qui marquent le début du cheminement vers une bibliothèque nationale, celle-ci qui verra le jour en 1990 (National Library & Documentation Services Board, 2017).
Types de bibliothèques
Au Sri Lanka, il existe de nombreuses bibliothèques publiques, une bibliothèque nationale depuis 1990, une vingtaine de bibliothèques universitaires et plusieurs bibliothèques scolaires. Chaque type de bibliothèque a connu une évolution différente au cours de l’histoire sri lankaise, solidifiant la bibliothéconomie du pays.
Bibliothèque nationale
La Bibliothèque nationale du Sri Lanka voit le jour en 1990, une quinzaine d’années après le début du projet en 1974. Elle est réalisée avec le soutien de l’Unesco (Amarasiri, M. S. U, 1991). Son fonctionnement ne démarre pas de zéro, puisque le Sri Lanka possède plusieurs bibliothèques au rayonnement national depuis plus de 120 ans (Amarasiri, M. S. U, 1991). Depuis 1877, la Bibliothèque du Musée National est considérée comme la bibliothèque nationale non-officielle, notamment grâce à son immense collection de documents historiques au sujet du Sri Lanka. C’est par ailleurs cette bibliothèque qui a reçu les premiers ouvrages soumis à la loi du dépôt légal dès 1885, faisant du Sri Lanka l’un des premiers pays d’Asie à disposer de cette obligation. (Amarasiri, M. S. U, 1991)
Néanmoins, de nombreuses raisons soulèvent la nécessité d’une Bibliothèque nationale. Depuis leur indépendance, de nombreux pays d’Asie s’émancipent d’un système économique défaillant, et nombre d’entre eux évoquent l’importance d’un service de bibliothèque efficace pour améliorer le système économique, social et éducatif (Goonetileke, H. A. I, 1979). La question du développement bibliothéconomique du pays apporte de nouvelles perspectives et amorce certains projets, notamment le Bureau des Services de la Bibliothèque nationale du Sri Lanka (Sri Lanka National Library Services Board) en 1970. Très rapidement, le Bureau se penche sur un projet de création d’une bibliothèque nationale. À son ouverture, cette dernière récupère ainsi nombreux des travaux du Sri Lanka Library Services Board, avec lequel elle partage un directeur. Les missions des deux institutions deviennent alors intrinsèquement liées. L’une d’entre elles, assez singulière pour une bibliothèque, revient à soutenir les auteurs dans leur processus d’édition, projet instauré par le Board’s Book Development Project. La bibliothèque devient ainsi une pierre angulaire de l’édition au Sri Lanka. (Amarasiri, M. S. U, 1991)
Un second rôle majeur de la Bibliothèque nationale revient à favoriser le développement des services de bibliothèques dans les régions rurales du pays, objectif étudié par le Bureau dès 1975. En 1988, le pays opte pour un système décentralisé, et se divise en huit provinces administratives. Ces provinces sont divisées en conseils régionaux, appelés Pradeshiya Sabhas. La Bibliothèque nationale et le Bureau jouent un rôle essentiel dans le développement des services de bibliothèque dans ces régions en instaurant des comités de coordination, une législation spécifique et un réseau entre les bibliothèques. (Amarasiri, M. S. U, 1991) La bibliothèque apporte ainsi au pays une supervision à l’échelle nationale, permettant aux différentes institutions d’évoluer en coordination et de solidifier le rayonnement bibliothéconomique du Sri Lanka. (Goonetileke, H. A. I, 1979)
La Bibliothèque nationale dispose aujourd’hui de la troisième plus grande collection du pays, la première étant encore à l’heure actuelle celle du musée national. L’équipe se compose de 167 employés et ses missions demeurent les mêmes qu’à sa création, parmi lesquelles on retrouve : planification et coordination des bibliothèques au niveau national, offrir à la population sri-lankaise un accès à l’apprentissage favorisant le progrès du pays, ou encore aider le Sri Lanka à développer son rayonnement en tant que nation culturellement et intellectuellement enrichie. (National Library & Documentation Services Board, 2017).
Bibliothèque universitaire
Le Sri Lanka connaît quatre grandes périodes de développement universitaire, influençant les bibliothèques liées aux établissements. La première période concerne l’University College, fondé en 1921. Cette bibliothèque débute avec une collection de 2500 livres, obtenus par un don. Dès 1929, R. S. Enright, le bibliothécaire responsable évoque l’importance d’un excellent système de classification, implantant la classification décimale de Dewey. La bibliothèque évolue peu à peu grâce à lui, rassemblant 80 000 volumes à la fin de sa carrière. (Jayasuriya, S. 2011)
En 1942, l’Université de Ceylan est fondée, débutant la deuxième étape du développement des bibliothèques universitaires du pays. L’acquisition des volumes est à présent bien plus rapide, et la bibliothèque obtient près de 10 000 volumes par an (Jenning, W. I. 2005).
À partir de 1952, la bibliothèque de l’Université de Peradeniya accueille les documents reçus dans le cadre du dépôt légal. En l’absence d’une bibliothèque nationale à l’époque, cela fait de cette dernière la bibliothèque nationale officieuse. Entre 1952 et 1960, sa collection double presque, passant de 80 000 à 140 000 ouvrages, soit la deuxième plus grande du pays. À l’époque, elle est la seule bibliothèque du Sri Lanka à posséder une équipe de bibliothécaires professionnels, dont le statut est l’un des plus haut au sein de l’université. (De Silva, W. R. G. 1986)
À partir de 1978, les universités obtiennent un statut autonome avec l’arrivée du Universities Act No. 16. La University Grants Commission est créée pour superviser ces nouvelles universités qui font face à plusieurs défis, notamment pour les plus régionales. Ces défis affectent le développement des bibliothèques universitaires, aux faibles finances et attractivité professionnelle. Le 2 mai 1987, la University Grants Commission tient le premier séminaire sur la gestion de ces bibliothèques, et suggère plusieurs solutions pour permettre leur développement. Cela permet de réorganiser la gestion interne et d’approfondir les collections. (Jayasuriya, S. 2011)
En 1989, l’IUCL, Inter University Committee of Librarians, découlant de l’University Grants Commission voit le jour. Il sera renommé Standing Committee of Library and Information Sciences en 2003, et supervise toutes les questions liées aux bibliothèques universitaires. Depuis 1993, la Faculté des Cycles Supérieurs de l’Université de Colombo offre une maîtrise en sciences de l’information et en bibliothéconomie, permettant ainsi la recherche universitaire dans ce domaine. Le diplôme devient une prérogative des bibliothécaires universitaires du pays. (Jayasuriya, S. 2011)
Les chiffres les plus récents recensent 19 bibliothèques universitaires autonomes au Sri Lanka, toutes financées par le gouvernement à travers la University Grants Commission. De nos jours, la bibliothèque de l’Université de Peradeniya demeure la plus grande du pays, avec une collection de plus de 700 000 volumes, accueillant plus de 7000 étudiants de tous cycles et 900 employés de l’université (National Library & Documentation Services Board, 2017).
Bibliothèque publique
Les bibliothèques publiques au Sri Lanka voient le jour durant la période coloniale, répondant principalement aux besoins littéraires de l’élite anglaise et des expatriés (Wijetunge, 2000). La première bibliothèque, The United Service Library, fut fondée en 1813 et utilisée exclusivement par les officiers anglais du gouvernement à Colombo (Colombo Public Library, 2009). Un fusionnement avec la Colombo Pettah Library et un changement de nom plus tard, elle est maintenant connue sous le nom de Colombo Public Library (Colombo Public Library, 2009).
Les bibliothèques publiques jouent un rôle social primordial notamment concernant la promotion de la littératie et de l’apprentissage continu (Wijetunge, 2000). Depuis leur création, elles ont évolué pour répondre aux besoins d’une société en transformation rapide. Leurs rôles sociaux et leurs responsabilités ont évolué dû aux changements technologiques, sociaux et économiques, notamment lors d’évènements majeurs comme la pandémie de la COVID-19. Elles offrent un accès aux technologies de l’information grâce à des ressources numériques, des formations en littératie numérique et des services d’apprentissage en ligne ou en présentiel (Wickramarachchi, 2021). Par exemple, la bibliothèque de Balangoda propose des programmes d’enseignement assisté par ordinateur, tandis que des services mobiles pour desservir les communautés isolées sont offerts par la bibliothèque publique de Colombo (Wickramarachchi, 2021). Également, face aux séquelles de la guerre civile, certaines bibliothèques, notamment dans le district de Jaffna, ont mis en place des programmes de bibliothérapie. Ces initiatives incluent des expositions de livres et des activités adaptées pour les enfants et les personnes âgées, visant à améliorer la santé mentale et renforcer les liens communautaires (Arulanantham et Navaneethakrishnan, 2014).
D’autres évènements ont amené des défis aux bibliothèques publiques, notamment celles du district de Jaffna. La guerre civile, qui a duré plusieurs décennies, a perturbé les services jusqu’en 2009 (Arulanantham et Navaneethakrishnan, 2014). En 1981, la bibliothèque publique de Jaffna fut incendiée, détruisant 97 000 livres et 10 000 manuscrits rares (Chandrasekar, 2013). Bien que la bibliothèque ait rouvert en 2004 avec une collection de 200 000 livres, elle reste incomparable au passé (Chandrasekar, 2013).
Dans certaines régions, les bibliothèques fonctionnent avec des ressources limitées et des infrastructures inadéquates. Les bibliothèques publiques de Jaffna, par exemple, sont parfois réduites à des centres de lecture, manquant de technologies modernes, de personnel qualifié et de financement (Chandrasekar, 2013). Des obstacles tels que la langue, le transport et le manque de motivation freinent également la participation aux programmes de développement personnel. Dans le district d’Anuradhapura, 34 bibliothèques publiques existent, mais seulement 50 % d’entre elles sont gérées par du personnel qualifié (Wanasinghe, 2018).
Bibliothèque scolaire
Le Sri Lanka compte 4,2 millions d’élèves répartis dans 10 155 écoles (Ranaweera et Silva, 2023). Cependant, le développement des bibliothèques scolaires varie considérablement d’une école à l’autre. En 1960, Harold V. Bonny a soumis un rapport recommandant l’intégration des bibliothèques scolaires au sein du ministère de l’Éducation et la mise en place de formations pour les bibliothécaires (Sri Lanka Library Association, 2011). Plus tard, en 1997, la deuxième phase du projet d’éducation générale, le GEP2, financé par la Banque mondiale, a permis des avancées significatives (Sri Lanka Library Association, 2011). Grâce à ce projet, 4 000 bibliothèques ont bénéficié d’infrastructures modernisées, de livres, de mobilier, d’équipements audiovisuels et d’accès à Internet dans certains cas (Sri Lanka Library Association, 2011).
Malgré ces progrès, de nombreuses bibliothèques scolaires rencontrent encore des défis importants, notamment dans les écoles primaires situées dans des zones rurales comme la zone éducative de Thenmarachchi (Ketheeswaren, 2024). Les infrastructures y sont souvent vieillissantes et endommagées, avec des espaces insuffisants pour la lecture et le travail collaboratif. Les équipements essentiels, tels que les ordinateurs et l’accès à Internet, sont rares, tandis que l’éclairage et la ventilation sont souvent inadéquats (Ketheeswaren, 2024). Ces conditions découragent alors les élèves à venir occuper ces espaces. En outre, les problèmes de transport vers certaines écoles isolées réduisent encore plus leur utilisation. Le manque de financement constitue un obstacle majeur, 94 % des écoles signalant des fonds insuffisants pour leurs bibliothèques (Wickramanayake, 2016).
Comme les bibliothèques publiques, les bibliothèques scolaires ont été durement touchées par la pandémie de COVID-19 et les crises économiques. Ces défis ont entraîné une pénurie de ressources, une réduction des achats de livres et des opportunités de formation limitées pour le personnel (Ranaweera et Silva, 2023). Les bibliothèques scolaires ont dû adapter leurs services avec la fermeture des écoles, afin de limiter les impacts sur la lecture, l’apprentissage, la créativité et la pensée critique des élèves (Ranaweera et Silva, 2023). Plusieurs initiatives furent mises en place, notamment des programmes de promotion de la lecture numérique, de la lecture de contes en ligne et de la création d’histoires et de pages de couverture (Ranaweera et Silva, 2023). Malgré les efforts fournis, le système des bibliothèques scolaires au Sri Lanka reste sous-développé. Cela s’explique notamment par le manque de personnel qualifié : 75 % des bibliothèques scolaires sont gérées par des personnes sans formation professionnelle adéquate (Wickramanayake, 2016).
Cadre éducatif en sciences de l’information et des bibliothèques
Au début du XXe siècle, il n’existe aucune formation en sciences de l’information au Sri Lanka. Souvent, les bibliothécaires dans des postes de gestion vont se former à la School of Librarianship and Archives of London (Wijetunge, 2011). Le besoin de bibliothécaires qualifiés s’intensifie dans les années 1945 avec l’introduction de l’éducation gratuite et le changement de la langue d’enseignement de l’anglais vers les langues nationales. En effet, cela élargit les besoins d’alphabétisation de la population et la demande littéraire en cingalais et tamoul, entraînant ainsi la création de nouvelles bibliothèques.
Il faut attendre 1961 pour la création de la première éducation formelle en sciences de l’information, mise en place par la nouvellement formée Sri Lanka Library Association (SLLA), nommée Ceylon Library Association à l’époque (Wijetunge, 2011). Le contenu du certificat était basé sur ce que faisait l’association des bibliothécaires de Londres. La même année, l’université de Peradeniya a lancé un Postgraduate Diploma program. De nombreuses universités ont développé des programmes dans les décennies suivantes, mais plusieurs ont été discontinués à travers le temps, notamment dû à un manque d’étudiants ou de personnel enseignant.
En 2008, il y a 24 programmes allant du certificat jusqu’au doctorat et ils sont offerts par six universités, la SLLA ainsi que certains National Colleges of Education (Wijetunge, 2009). Certains programmes offrent une spécialisation pour devenir bibliothécaire scolaire. Les sujets enseignés varient selon les programmes, mais il y a six sujets qui sont offerts par la majorité : introduction à la bibliothéconomie, contrôle bibliographique, sources et services d’information, gestion, méthode de recherche et technologies de l’information. Les parcours sont habituellement fixes, avec peu de cours à option, comme les cohortes sont souvent petites ; de 10 à 20 étudiants. Quant aux professeurs, la majorité travaillent à temps complet dans le milieu des sciences de l’information tout en enseignant à temps partiel. Selon Wijetunge, il y a un manque de cohérence à travers les programmes et un manque d’expertise en pédagogie dans les équipes chargées de l’élaboration des programmes d’études. Il note qu’il y a un besoin majeur d’établir un consensus national sur les compétences de base que devraient obtenir les étudiants à travers leurs études.
Plus de 75% des professionnels de bibliothèques du Sri Lanka ont suivi le programme de la SLLA (SLLA, s.d.). L’association offre un Higher diploma in Library and information science en collaboration avec cinq institutions éducatives du pays, dont l’Université de Colombo. Ce diplôme est séparé en trois niveaux, chacun nécessitant un an à compléter. Les programmes sont offerts en anglais, cinghalais et tamoul. Comme les étudiants des régions éloignées et rurales peuvent rencontrer des difficultés à se déplacer dans les grands centres, un programme d’éducation à distance a récemment été lancé. Cette initiative vise à accroître les professionnels qualifiés dans les bibliothèques de ces régions.
Association de bibliothèques
Sri Lanka Library Association
La Sri Lanka Library Association (SLLA) est une association nationale fondée en 1960 sous le nom de Ceylon Library Association. Elle est incorporée en 1974 par la Sri Lanka Library Association (Incorporation) Law No.20 (SLLA, 2021). Ses missions sont de soutenir, protéger et maintenir le statut et les intérêts de la profession de bibliothécaire et des professionnels des sciences de l’information ainsi que d’organiser, développer et régulariser l’enseignement des sciences de l’information (SLLA, 2024). Comme mentionné dans la section précédente sur l’éducation, la SLLA a joué un rôle de pionnier dans la création d’éducation formelle pour les sciences de l’éducation au Sri Lanka et continue aujourd’hui d’être fortement impliquée. L’association comporte plusieurs comités tel que celui sur l’éducation, les relations publiques, le développement durable ainsi que ceux sur différents types de bibliothèques (publiques, académiques, scolaires et spécialisées). L’association est membre de l’International Federation of Library Associations and Institution (IFLA). Elle est aussi un membre fondateur de l’Organization of Professional Associations of Sri Lanka (OPA) et du Commonwealth Library Association (COMLA) (SLLA, 2024).
Le Sri Lanka Library Review est la revue officielle de l’association disponible qui contient des études évaluées par les pairs depuis 1962 (SLLA, s.d.). Un bulletin d’information est publié de manière trimestrielle pour garder les membres à jour sur les activités de l’association, mais aussi pour donner des nouvelles de la communauté des sciences de l’information. Diverses activités de développement professionnel sont offertes régulièrement en plus d’un congrès annuel : la National Conference on Library and Information Science. Aussi, la SLLA a publié un code de conduite professionnelle et d’éthique en 1998 et l’a révisé en 2015 (SLLA, 2015). Le but étant d’établir les standards professionnels auxquels ses membres doivent adhérer.
Les membres de l’association sont soit non-corporatifs ou corporatifs (SLLA, 2021). Les membres doivent d’abord s’inscrire comme non-corporatif, pour cela ils doivent avoir obtenu un Higher Diploma in Library and Information Science de l’association ou l’équivalent. Ils n’ont pas de droit de vote pour l’élection des membres du Conseil de l’association. Pour ensuite devenir membre corporatif, le membre doit avoir travaillé dans le milieu des sciences de l’information pendant cinq ans. Cela lui donne le droit de vote ainsi que le droit d’utiliser le titre de bibliothécaire agréé. Selon leur rapport annuel de 2023/2024, l’association compte 1168 membres.
University Librarians’ Association of Sri Lanka
L’University Librarians’ Association of Sri Lanka (ULA) est l’association professionnelle du milieu des bibliothèques universitaires (ULA, s.d.). Elle accueille comme membres les bibliothécaires, les assistants-bibliothécaires et les professeurs d’un programme de sciences de l’information des universités. L’association partage des missions similaires à celles de la Sri Lanka Library Association (SLLA), notamment la protection du statut professionnel et des intérêts des bibliothécaires, ainsi que la promotion de l’éducation et de l’avancement professionnel de ses membres. Elle vise également à contribuer activement au développement de la bibliothéconomie universitaire.
L’ULA organise des conférences internationales ainsi que des rencontres pour discuter de la recherche se faisant dans le domaine. Elle offre aussi régulièrement des séminaires et ateliers pour contribuer au développement professionnel de ses membres. Depuis 1997, elle publie le Journal of the University Librarians Association of Sri Lanka, un journal scientifique en accès libre (ULA, s.d.). De plus, un bulletin d’information est diffusé deux fois par an.
Cadre législatif
National Library and Documentation Services Board Act
La Bibliothèque nationale du Sri Lanka est régie par la National Library And Documentation Services Board Act ayant vu le jour en 1998. Toute l’administration de la bibliothèque est décrite dans cette loi, notamment la quantité et les noms des postes du conseil d’administration ainsi que les fonctions de l’institution. Pour n’en nommer que quelques-uns, sous l’article 4, cette loi dicte que le rôle du conseil est de promouvoir le développement du secteur des services d’information et le développement des bibliothèques ainsi que des métiers en sciences de l’information. On mentionne aussi, sous l’article 5, qu’il relève de la Bibliothèque nationale de conseiller les ministères de l’éducation, de la culture et de l’administration publique dans leurs décisions par rapport à la programmation et aux activités offertes en lien avec le milieu documentaire. Il revient aussi de la responsabilité de la bibliothèque d’offrir des conseils et de faciliter le travail du corps professionnel, à la fois en offrant des formations qu’en favorisant l’acquisition de ressources, tant matérielles qu’humaines.
Dépôt légal
Au Sri Lanka, les éditeurs et imprimeurs de livres et de journaux sont requis sous l’article 21 de la National Archives Law établie en 1885 de soumettre au département des archives nationales cinq copies de chaque édition au plus tard un mois après la production. Cette même loi est d’ailleurs répétée dans le Printing Presses Ordinance, le Printers and Publishers Ordinance et le Newspapers Ordinance. Selon la Library of Congress, parmi ces cinq copies des ouvrages, une seule restera à la bibliothèque nationale et les quatre autres seront envoyées à d’autres institutions à travers le pays (2017). Une autre de ces copies se rend à l’université de Ruhuna, se situant complètement au sud du Sri Lanka, où se trouve leur Legal Deposit Collection qui possède présentement tous les ouvrages publiés au Sri Lanka depuis 1990, soit environ 280 000 documents (Library, University of Ruhuna, s.d.).
Loi sur l’accès à l’information
Les discussions sur le droit à l’information ont commencé en 1994, mais la réelle intégration du Right to Information Act à la constitution sri lankaise s’est faite très récemment en 2016 (Right to information Sri Lanka, s.d.). Ce département du ministère du Mass Media est responsable de rappeler aux citoyen.ne.s du Sri Lanka qu’ils ont accès à toute l’information produite et conservée par le gouvernement et les institutions publiques, ainsi que de s’assurer que ces instances gouvernementales publient de manière responsable leur information.
Aujourd’hui, cette loi est aussi renforcée par une commission indépendante sur le droit à l’information en place depuis 2016. Cet encadrement permet de surveiller les actions des autorités publiques (Right to Information Commission, s.d.) et il s’agit aussi d’une ressource disponible à toutes personnes souhaitant faire une demande d’accès à l’information ou tout autre demande sur le sujet. Ce ministère et cette commission se donnent tous deux la responsabilité d’éduquer la population sur leurs droits afin que le droit de l’accès à l’information se préserve et s’applique adéquatement.
Bibliographie
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